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9 juillet 2009 4 09 /07 /juillet /2009 15:28
Rien de tel qu'une soirée jusqu'au bout de la nuit pour se remettre du stress de la vie quotidienne.
A bon entendeur, vivement que je rentre pour remettre l'adage au gout du jour en ta compagnie!

24h plus tôt, j'étais en dessous de tout. Une nouvelle perte comme la goutte d'eau qui fait déborder la vasque de ma sérénité.
24h plus tard, une soirée gouleillante à la mode anglaise est passée par là, submergeant comme un tsunami de fraicheur toutes mes pensées sombres.

Enfin quand je dis "de fraicheur", c'est peut-être parler un peu vite car quand on se couche à 6h30 pour se lever à 7h pétantes, elle est où la fraicheur? Dans les chaussettes!!
D'ailleurs, j'ai beau mettre le réveil, je ne suis même pas fichu de l'entendre. C'est Dani, qui lui aussi a un bus matinal, qui se charge de me lever à coups de pieds quand la réception de l'hotel sonne pour la énième fois la présence de mon bus pour Ho Chi Minh City qui m'attend déjà.
Pas le temps de gamberger, de me demander où est le nord où est le sud, dans les secondes qui suivent l'ouverture caricaturalement difficile de mes paupières, je suis déjà dehors suivi de Dani qui mérite quelques aux revoirs. Ca fait environ un mois qu'on se supporte et le simple fait qu'on ne se voit pas pendant toute une journée prend des allures d'enterrement. Heureusement qu'il ne s'agit pas d'adieux car ce départ en un éclair ne rend pas grace à notre amitié.
Le plan est que je vais directement à Saigon (Ho Chi Minh City c'est pareil), et Dani m'y rejoint le lendemain après avoir fait une autre escale balnéaire sur le chemin que je ne juge pas indispensable.
A demain donc!

Toujours dans un joyeux brouillard, je prends ma place au fond du car. C'est encore un bus couchette et on peut dire que ça tombe follement bien!! Qui plus est, je suis seul à l'arrière pour un total de cinq couchettes ce qui va me laisser toute lattitude de me tourner dans tous les sens, de m'étirer comme un feignant de chat, de me gratter quand l'envie s'en fait sentir. En quelques secondes, ce n'est pas exagéré, je replonge dans les lymbes d'un sommeil réparateur.
Durant le trajet d'une douzaine d'heures, je ne me réveille qu'à de rares exceptions pour me rendre compte que plus on descend, plus il pleut des cables, des cordes étant encore trop loin de la vérité. Pour preuve, les camions qui arrivent de la direction opposée nous renvoient des vagues d'eau qui montent jusqu'en haut de nos fenêtres quand nous les croisons. Je suis bien content de ne pas voyager dans un cabriolet au toit bloqué en position ouverte, j'aurais l'air fin à écoper toutes les trois secondes jusqu'à ce qu'épuisement s'en suive!!

Arrivés à Saigon, tous les passagers sont invités à descendre du bus sur un petit parking perdu au beau milieu des faubourgs. Impossible de savoir où nous sommes, on peut être à cinq minutes du centre comme à une heure de route. Ma carte du LP n'est d'aucuns secours, reste le language des signes pour déterminer qui est un chauffeur de taxi viable et qui n'essaye pas de m'entuber dans les grandes largeurs. Et en grand spécialiste du mime, me voilà en route vers le centre tout content d'être arrivé à mes fins. Je suis alors rendu dans une rue qui regorge d'hotels qui n'osent qu'à peine en porter le nom, il va falloir la jouer fine pour éviter la cage à poule et pour éviter les gouttes qui se remettent à tomber.
Pour vous donner un aperçu de ce qu'on me propose, le premier "hotel" dans lequel je tente ma chance est un condensé de bonheur à lui tout seul. Pour l'atteindre, il faut passer par un magasin, emprunter un escalier se situant dans la remise, on fait alors face à la réception qui n'est rien de moins qu'un placart à balais. Même si le doute m'habite à plein temps, je fais quand même l'essai de demander à visiter une chambre individuelle étant donné qu'il n'y a pas de dortoir et que comme ça fait quelques nuits où je partage le toit avec Simon, j'ai envie d'un peu de tranquilité.
La chambre, c'est 4m² tout au plus, pas de fenêtre et une odeur d'urine à vous décoller les parois nasales. Certes c'est pas cher mais bon j'ai pas durement gagné ma croute à la Bank of monchio-cèhoùquilchi pour moisir dans une cellule. Je passe mon chemin, même joueur joue encore...

Au final, il pleut tellement à l'extérieur que je ne poursuis pas la quête de confort bien longtemps. Je trouve refuge dans une chambre de 8m² avec la télévision et une lucarne qui donne sur un mur et, pour équilibrer un peu le tout, un cafard dans la salle de bain privative. Et comme dehors, ça ne se calme pas de toute la soirée, je profite de cette vie de chateau jusqu'au lendemain.


Le lendemain justement, comme chaque fois que je dors dans une chambre sans une vraie fenêtre et donc sans un vrai accès à la lumière du jour, je dors jusqu'à une heure qu'il est indécent de révèler. J'ai en fait juste assez de temps pour aller chercher Dani à sa descente de taxi à l'endroit où il avait été convenu qu'on se retrouve. Il est 16h, c'est juste assez tard pour qu'on puisse profiter de plus belle de l'orage qui gronde.
Et pour couronner le tout, l'hotel dans lequel on dort, contrairement à ce qu'ils avaient dit la veille, ils n'ont plus de chambres doubles pour qu'on en change, ni de chambre
simple en guise de roue de secours pour Dani. C'en est trop, même si je dois payer la nuit suivante que je ne vais pas passée là, on se taille. C'est mieux d'autant qu'on étend encore notre offre de luxe avec dans notre nouvelle chambre dans un nouvel hotel, deux lits et une armoire, whaouuu, c'te folie!!!.
Le soir venu, on retourne dans le restaurant dans lequel j'avais mangé la veille, c'est la troisième fois pour moi en deux jours, je reçois les félicitations du patron ainsi que l'assurance pour le lendemain de pouvoir me faire cirer les pompes, au sens propre du terme, pour rien.
Ensuite, comme il pleut toujours comme vache qui pisse, ça ne nous donne en rien l'envie de poursuivre l'odyssée dehors, c'est le retour en chambre et la soirée devant la télé. A part ça à Saigon, pour l'instant rien même si on ne compte pas s'arrêter là.


D'ailleurs le jour suivant (30 avril pour ceux qui veulent savoir et que ça n'énerve pas de voir le retard accumulé), on s'attèle enfin à des activités plus en extérieur. On est sur le pont dès 7h30 car on a une excursion de prévue au Cuchi Tunnels. En gros, ce sont des tunnels qui ont été utilisés par la résistance vietcong durant la guerre du Vietnam.
Comme tout est organisé depuis Saigon, on a que peu de prises sur l'agencement du programme. Et ça se voit! En route vers les tunnels, nous nous arrêtons au souvenir-village. Certes, il ne s'appelle pas comme ça mais c'est tout comme... Dès la descente du minibus, on est harcelé par les vendeurs de souvenirs, des chapeaux, des vêtements, et des vestiges de la guerre comme ces plaques "authentiques" de soldats américains emprisonnés durant la guerre. Avec Dani, on est les premiers à remonter dans le minibus, on se demande même ce qu'on est venu faire dans ce gaipied.
Ensuite, on repart et le guide en profite pour faire les présentations et entamer son discours d'introduction sur les tunnels. En fait d'introduction, le type ne s'arrête jamais de parler, il s'est mis en position pilote automatique et j'ai l'impression d'écouter une cassette préenregistrée autant que j'ai l'impression d'un retour à Siam Reap... Au total, ça dure deux heures jusqu'à l'arrivée à Cuchi, pourquoi n'ai pas pris mon walkman? Pourquoi aussi ai-je oublié (encore) mon appareil photo dans la chambre d'hotel? Tant pis pour les clichés, de toutes façons, dans un tunnel d'un mètre de haut, c'est pas l'idéal. Et la seule fois où ça aurait éventuellement pu servir, c'est quand un par un, tous les touristes du groupe se font prendre en photo à l'entrée d'une trappe dissimulée dans le sol comme s'ils en sortaient. Malgré l'ambiance martiale des lieux, ça sent le Disneyland à plein nez et même là, je ne regrette pas l'appareil!!
On se faufile ensuite à la queue-leu-leu dans un des tunnels à proprement parler. A l'intérieur, il faut être de taille viet' pour se sentir à l'aise. Par endroit, c'est tellement étroit que je suis obligé de quasiment ramper pour en venir à bout en me demandant comment les gens à enbonpoints du groupe peuvent ne pas rester coincés. Mais ça passe... Ca passe aussi pour les claustrophobes ce qui est un nouveau petit miracle. De plus, à l'intérieur du tunnel, il fait une chaleur qui nous fait bien remarquer qu'en exagérant, on réalise qu'on se rapproche dangereusement du centre de la terre. C'est une fournaise sans air dont je suis étonné au plus au point que même dans la contrainte, on peut physiquement y résister pendant des années comme ça a été le cas pour les braves combattants de l'époque.
La visite se termine ainsi, après peut-être 200m de crapahutage dans un tunnel droit comme un "i". Je reste un peu sur ma faim car on a bien bien bien expliqué que les galeries se poursuivent sur des centaines de kilomètres. Et sans en arriver là, il aurait été bon qu'on puisse un minimum s'en rendre compte pour ne pas avoir à se sentir un petit peu escroqué sur les bords.
D'autant que l'aspect parc d'attraction ne s'arrête pas là. A l'issue de la visite, il nous est offert la possibilité, à grand renfort de dollars, de tirer à la Kalashnikov!! Et nous en bon crétin des Alpes, on ne peut pas passer à côté d'une telle opportunité afin de ne pas faire de cette journée une journée "presque" comme les autres. Avec Dani, on s'achète donc dix munitions juste pour le fun. Et du fun, quand tu tires à la Kalash' autrement que pour dézinguer les gars d'en face, t'en trouves!! Ca pétarade à tout va, le troupe de marine qui sommeille en moi montre sa trombine par le trou de la lorgnette. Rapidement car dix balles ça dure vingt secondes, mais il la montre sa trombine.
Ensuite, la fête est finie, le rideau se ferme sur Cuchi, on rentre à la base.

Comme on reste un peu sur notre faim de cette journée, on accorde nos points de vue sur le fait qu'il serait bon de faire encore une chose tant qu'on est au Vietnam (on le quitte tous les deux le lendemain), un massage pratiqué dans un institut géré par des aveugles. A ce qu'on dit, ces gens ont des yeux au bout des doigts. Ca au moins, ça doit valoir le déplacement!!
On traverse donc la ville à pieds en suivant les instructions fournies par le LP ce qui est assez usant. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, le centre est fermé, le lendemain, c'est le 1er mai et apparemment pour les aveugles, c'est férié dès la veille. C'est con que quelqu'un est vendu la mèche car demandez à un aveugle de lire le calendrier pour trouver le 1er mai...
Donc plus d'une heure de marche pour rien, pas question de refaire ça au retour, un taxi sinon rien, on est à la chambre à 19h, l'heure de retourner au resto. En chemin, on tombe nez-à-nez avec James et Lucy dont c'est également le dernier soir au Vietnam. On les ramène au resto où je suis maintenant un héros national. On est maintenant quatre autour de la table, ça fait des pépettes.
A table, l'atmosphère est calme, rien à voir avec notre nuit à Nha Trang. Connie y est d'ailleurs restée pour noyer sa névrose dans des litres de bière en étant proche de la mer. Au moment de l'addition, le patron revient avec un pote à lui et son kit de cirage. Mes chaussures n'en reviennent toujours pas.

On quitte sur ce, James et Lucy. Nous, on rentre bien morts mettre la viande dans le torchon. C'est la dernière nuit au Vietnam. Demain ce sont les Philippines qui m'hébergent.


Le 1er mai à Saigon, comme partout ailleurs, tout est fermé.
Dani s'en va à midi vers le Cambodge, je retrouve la sollitude. Je passe l'après-midi en chambre à écouter la pluie qui continue de tomber derrière la fenêtre. Il y a Rain Man qui passe à la télé, comme un signe...
A 18h, une voiture vient me chercher à l'hotel pour me conduire à l'aéroport, c'est l'hotel qui fournit le service. A l'intérieur, je suis accompagné par une dame de l'hotel qui va chercher d'autres clients et par le chauffeur qui se trouve être son mari. Moi et le couple marié. Marié enfin pour l'instant... Pendant les vingt minutes que dure la course, le couple se déchire sur les liaisons supposées du mari infidèle. Elle crie, elle pleure et elle traduit!!! J'ai droit à la présentation complète de tous les faits d'arme du mari ainsi qu'à la traduction complète de la dispute.
Une seconde, elle crie son époux. La seconde d'après elle traduit entre deux larmes.
Pourquoi, j'ai encore pas mis mon walkman?!?!?!? Je ne sais plus où me mettre et c'est une véritable libération quand l'aéroport se laisse entrevoir. Je salue la femme en oubliant de dire quoi que ce soit au mari, les Philippines arrivent. A coté de tout ça, ça sent vraiment les vacances et Dieu sait que j'en ai besoin... En plus à Manille je vais rejoindre Farid, un ami de longue date avec qui j'ai déjà voyagé au Brésil une fois et en Argentine une autre fois, ça va être bon de débuter ça ensemble d'autant que lui ne savait pas que j'arrivais et moi, je sais qu'il y est depuis moins d'une semaine. sacrée surprise!!

Je suis donc à l'aéroport, je vais à l'enregistrement des bagages quand je tombe, surprise encore, sur Bryce et Mickael, deux américains avec qui j'ai plus d'une fois partagé la terrasse à Vang Vieng au Laos, capitale locale des psychotropes et des soirées sans fins. Et où ils vont? A manille forcément!! Bienvenue, rejoignez donc la caravane!!

C'est maintenant à mon tour d'enregistrer mes bagages et de subir une dernière déconvenue à la sauce Viet. Pour se rendre par avion aux Philippines, il faut être titulaire d'un billet d'avion quittant le territoire philippins. Et Bibi, dans sa grande négligence, n'en savais rien. J'ai beau insister, sourire, faire des roucoulettes au personnel de l'aéroport, rien y fait, si je veux prendre mon vol et ne pas m'assoir dessus, il faut que j'achète en urgence au comptoir de l'aéroport un billet pour Hong Kong deux mois plus tard sans réellement savoir si je vais y aller et si ça va concorder avec mes dates. Mais on verra bien, je bouffe donc une partie de ma réserve en argent liquide à utiliser en cas d'urgence pour satisfaire aux critères et, une fois mon billet aller et maintenant retour en main, je peux enfin partir. Enfin!!!!

Et au moment d'enfin enregistrer mes bagages, j'aperçois une silouhette toute perdue dans l'aérogare, un nouveau bougre, Yohann, un parigo des familles que j'ai plus ou moins convaincu en cinq minutes de venir aux Philippines une semaine plus tôt lors d'un arrêt nocturne d'une chevauchée nocturne en bus. Et où il va le gars? Manille bien sur!!! Où d'autre???

Il y a une semaine, je pensais débarquer seul aux Philippines.
Il y a six jours, je pensais n'y rejoindre que Farid.
Il y a une demie heure, je pensais qu'on serait quatre avec Bryce et Michael.
Et depuis une minute, je sais qu'on est une nouvelle famille de cinq cousins. Ca promet.


Ca promet d'autant plus que tu les as bien attendues les Philippines!!! Et bien ça y est!!! Les ceintures sont bouclées, les consignes de sécurité ont été égrainées, l'avion a entamé sa course sur la piste et ses roues ont quitté le plancher des vaches.

Merci de ta patience.
Merci aussi de te répandre en message car plus ça va et plus si j'étais orphelin, je serais seul au monde.
A bon entendeur, merci Maman, merci Papa!!!   
Et pour les autres, sors toi les doigts du fût, que je saches si j'ai encore des amis autrement que pour un mois, quand je les croise le long de la route.
 
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Loin des yeux, loin du coeur?
La paroisse d'à fleur de terre est ouverte à toute heure.
Le curé y sue sang et eau des heures durant devant un ordinateur pour satisfaire ses paroissiens au lieu d'égrainer la liste des pêchés capitaux.
Faîtes que ce ne soit en vain car Epicure et Dionysos méritent aussi qu'on s'occupe d'eux.
Amen.
 






 



  
 

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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 10:30
Saigon, nom légendaire, cité construite au coeur du delta du Mékong, méfie-toi, j'arrive!!
A la vitesse d'un escargot puisqu'il faut 24h de bus depuis Hoi An avec un changement à Nha Trang pour l'atteindre, mais quand même, j'arrive!!

On est pour l'instant toujours dans le bus. Je dors comme une momie emmitouflé dans ma couverture pour ne pas trop subir la température rendue glaciale par une climatisation à peine croyable tellement elle défouraille.
Mais ça ne dure qu'un temps. Vers 5h du matin, je suis tiré du sommeil par deux choses : premièrement, le bus est arrêté le long de la route depuis un petit moment déjà, il semblerait qu'on soit en panne de quelque chose et deuxièmement, étant donné que le moteur est arrêté, la climatisation ne fonctionne plus ce qui a conduit la température à passer de 18° à plus de 40° en quelques minutes. L'air est maintenant irrespirablement chaud et le sommeil précaire.
Comme je suis du côté de la fenêtre, je n'ai même pas besoin d'ouvrir un oeil pour la faire coulisser, permettant ainsi à l'air frais de la nuit vietnamienne de nous raffraichir un peu. C'était mon principal problème, je me rendors. (NDLR : La panne en soi, ça fait partie du voyage, c'est pas un souci tant qu'on ne nous demande pas de quitter le bus.)

Une demi-heure après, je me réveille de nouveau. Le bus est toujours à l'arrêt sur le même bout de bas-côté, c'est pas bon signe...
Je me mets alors en quête de mes lunettes. Ca devrait être facile, je les avais posées le long de la vitre sur la rigole qui permet à celle-ci de glisser. Je cogite deux secondes, elles ne sont pas là. Je me redresse, instantanément réveillé par le stress qui me gagne. Je fais voler la couverture, l'oreiller, mon voisin vietnamien, rien. Effort de concentration, où est-ce qu'elles peuvent bien être ces p... de lunettes????
Puis alors que les neurones se mettent finalement en ordre de marche dans mon cerveau embué, je tourne la tête vers la fenêtre grande ouverte. Et merde...
Je ne me suis rendu compte de rien sur le moment étant donné qu'on était au milieu de la nuit mais au moment de faire glisser la fenêtre pour l'ouvrir, mes lunettes qui étaient posées tout contre ont du faire le mur. Je refais alors voler mon voisin et sors du bus en détresse mécanique pour aller inspecter les environs immédiats avec sur le nez, mes lunettes de soleil correctrices, ce qui est du meilleur effet quand il est 5h30 du matin. Et là, rien non plus. Je fais signe aux employés du bus qui s'activent sous celui-ci pour le remettre en état de marche et les questionnent. Rien... Il faut se rendre à l'évidence, j'ai paumé le seul truc qui était franchement imperdable étant donné que je les porte toujours sur le nez : mes lunettes. Et là, les boules graves!!!!
Ca pourrait être pire car j'ai bien une paire de rechange qui m'attend dans mon gros sac resté dans la soute à bagages, mais c'est quand même le super pompon dans cette journée enfermé dans un bus où il fait en plus maintenant une chaleur à faire clencher des octogénaires!! Ca bout à l'intérieur de moi autant que ça bout dans le bus. Impossible de me rendormir, j'ai le stressomètre qui explose les compteurs!
Et juste après, comme pour confirmer mon deuil, le bus est réparé, il repart, c'en est vraiment fini de mes chères binocles. C'en est aussi fini de mon sommeil ce qui est une vraie tuile dans la mesure où on est très proche de Nha Trang mais encore à des années-lumière de Saigon.

Je tente donc de rassembler mes pensées. Si je continue la journée telle qu'elle devait se passer, c'est un coup à ressasser mon désarroi jusqu'à ce que crise de nerfs s'en suive. Je choisis donc de m'inspirer de Dani qui avait déjà choisi de rester 24h à Nha Trang. Je reste aussi sachant que ce n'est sans doute pas plus mal, nha Trang est la ville balnéaire la plus importante du Vietnam et de loin. Sans doute donc que la proximité de la plage saura me faire oublier mes déboires, sachant que dans le cas contraire, il y a toujours des bars à boire dans une cité balnéaire.

Dans le bus en arrivant, j'ai mon casque sur les oreilles. Tout le monde sauf moi est retourné à son sommeil. Moi, j'écoute du gros son bien énervé à grand renfort de décibels.
En entrant en ville, le soleil se lève, il est 6h. Le bus longe la plage principale et fait complètement hallucinant : elle est noire de monde!!! Tout ce que la ville compte de familles, de joggers, de baigneurs, s'est donné rendez-vous aux aurores. J'imagine que ça permet d'en profiter avant d'aller bosser ou avant que le soleil ne transforme ta peau en une boursouflure bien cuite.

Enfin, à 6h30, les fauves sont lachés, on peut rechercher un hotel. Rechercher en fait non, on ne va pas me refaire le coup de l'arrivée à Hoi An, le premier le mieux! Une grande tour bien typique de Nha Trang, bien moche à l'extérieur mais bien pratique puisqu'elle est à la descente du bus. Et le premier qui se plaint, je lui conseille d'avoir avec lui une armée entière d'arguments parce que je ne suis pas vraiment d'humeur à débattre!

On s'y rend donc avec Dani et toujours Simon le boulet québécois, accompagnés maintenant de James et Lucy qui sont un jeune couple d'anglais qui voyagent accompagnés de Connie, leur copine.
Une fois atteint la réception, la série noire continue, on ne s'en était pas rendu compte mais toute la ville est privée d'électricité. Ce n'est pas un problème en soi mais quand on a la chance de se voir attribuer une chambre au sommet de l'immeuble, au huitième étage, ça le devient (sic). On essaye donc d'attendre la fin de la panne d'ascenseur, puisque c'est principalement de ça qu'il s'agit, en restant un temps à discuter autour de la reception. Mais après une heure, j'en ai ma claque, je prends mon courage à deux mains, mes jambes à mon cou, mes sacs sur mes épaules.
Je suis récompensé de mon effort en découvrant la chambre. En plus d'être d'un confort plus que passable, on est doté d'une terrasse privative, elle même plus grande que la chambre! On vit sur le toit et ça n'a pas que des désagréments, ouf!!
Une douche glacée plus tard, les autres ne sont toujours pas montés, les feignasses, je m'endors en me disant que ça les fera venir.

Finalement oui, ils arrivent. Ils ont mis le temps mais ils sont là. Il est 11h quand je suis réveillé par leur essoufflement, l'électricité ne fonctionne toujours pas, il ne manquerait plus que ça qu'ils aient eu droit à l'ascenseur!!
Je les pressent de s'activer, j'ai une faim de loup, je pourrais manger une vache. Ils ont alors à peine le temps de se sècher après leur douche qu'il faut y aller. On a pas mangé un vrai repas depuis l'après-midi de la veille et ça s'entend vu les cris que poussent mon estomac tiraillé par la privation. Et aujourd'hui au rayon nourriture, pas question de se priver. On prend donc la direction de la plage, histoire de profiter d'une vue qui ne soit pas celle de la ville car c'est vraiment hyper bétonné et de ce fait pas vraiment ce qui se fait de mieux pour flatter nos yeux habitués aux paysages hauts en couleurs.
Alors qu'on est en chemin pour assouvir nos appétits délaissés, le destin continue de semer des embuches devant nos pas. Des contre-temps et des soucis comme s'il en pleuvait. D'ailleurs, c'est exactement de ça qu'il s'agit. Un nouvel orage comme les pays tropicaux savent en offrir en guise de cadeau de bienvenue sur le front de mer. Il pleut tellement qu'en quelques minutes, il faut qu'on fasse attention à chaque voiture qu'on croise, puisqu'elle soulèvent toutes des vagues de plusieurs mètres, la pluie stagnant sur la chaussée détrempée.
Cela dit, c'est un effort bien vain car vague ou pas, on est déjà de belles éponges quand on trouve une table pour remplir nos ventres.

Et là, tu te dis qu'on est à l'abri, qu'il n'y a plus de raison que la série noire continue, et bien tu peux encore te fourrer le doigt dans l'oeil jusqu'au cervelet. Tu te souviens de l'épisode du passeport qui boit la tasse dans mon sac. Et bien re-belotte, mais sans le passeport cette fois. Comme par terre c'est trempé, j'ai bien pris garde de ne pas y mettre mon sac. J'ai préféré le pendre à un crochet situé de long d'un poteau métallique servant de support au toit du restaurant. Pas de bol, plutôt une marmitte, l'eau y coule tout le long comme si un toboggan devait finir sa route dans mon sac!!! Merci Dani de me l'avoir fait remarquer, je te dois un appareil photo et un portefeuille restés secs. Re-ouf!!
Comme quoi malgré tout ce pétrin, mise à part les lunettes, à chaque fois, il s'en faut d'un cheveu pour que ce soit vraiment la cata'.
Je surnage et garde le moral.

En quittant le restaurant, la pluie tombe encore quand on tombe nezs à nezs avec James, Lucy et Connie. Comme ils sont de bonne compagnie, pas comme d'autres, on se fixe un rendez-vous à 16h30 dans un bar indiqué par le LP, c'est plus pratique.
J'y suis le premier car j'ai eveillé un peu de jalousie du fait de ma sieste matinale lorsque l'ascenseur était en carafe. Maintenant qu'il re-fonctionne, Dani et Simon préfère se reposer un peu. Moi, il faut que j'exorcise cette journée de tous les diables. Et pour cela, rien de tel que de lever de coude en compagnie de sujets de sa Majestée, la Reine d'Angleterre.
C'est donc le début des hostilités. En cinq heures de temps, j'enfile sept whiskys-cocas. C'est plaisir d'autant qu'il y a encore un billard et qu'en plus les serveuses, par l'opération du Saint-Esprit, ne m'en facturent que quatre. Je suis pompette, il est 22h30, tout roule, le moral n'est plus dans les chaussettes, il est dans le gosier. D'ailleurs, pour ceux qui prétendent que sans alcool, la fête est plus folle, il faut vraiment qu'ils travaillent au ministère de la santé, section privations et dénégations des plaisirs de la vie, pour croire en des conneries pareilles.
Peut-être peut-elle être aussi folle, faut voir, mais plus folle? Vous vous écoutez parler des fois????

Nous, pendant ce temps là, on va voir du côté d'un autre comptoir. La pluie a cessé et comble de bonheur, Simon est rentré se coucher. Il faut dire que quand on est un boy-scout, 22h30 c'est quand même super tard, il doit avoir un atelier macramé le lendemain matin ou quelque chose dans le genre... Repose en paix mon grand...
Le reste de la troupe est déchainé. C'est le dernier soir officiel de délire nocturne pour nos camarades d'outre-Manche car leur argent atteint des planchers inquiétants et de toute manière, ils n'en ont plus que pour quelques jours loins de leur base, ils s'efforcent donc de nous faire tenir leur rythme à Dani et à moi pendant qu'on s'échine à leur faire oublier que pour eux c'est le bout de la route. Pour ma part, j'ajoute à l'addition de mes boissons trois nouveaux verres de rhum importé et remarque que plus ça va plus Connie me fait du rentre dedans.

A minuit, on change encore notre fusil d'épaule, on est maintenant dans un bar dansant le long de la plage dans lequel si tu veux danser, il faut enlever tes chaussures.
James est maintenant vraiment à la limite de ne plus savoir où il vit. Il me remplit l'oreille pendant deux heures sur l'Ouganda où il est allé au début de son voyage. C'est long mais c'est intéressant donc je ne dis trop rien. A la fin du monologue, James me fait promettre d'y aller trainer mes guètres à la rencontre des derniers gorilles. Je m'en acquitte en sachant que de toutes façons, c'est pas pour demain!
Pendant que James me parle, je remarque une partie de chaises musicales très amusante. Dani est maintenant complètement à fond sur Connie. Mais toujours rien de plus concret ne se produit pour l'instant.

A 2h, notre bar ferme, on s'en trouve un dernier. Avec James, on joue en équipe au billard, il joue comme une épave et moi, comme un sobre.
Dans son coin enfin, la tête de Dani fait enfin le miroir avec celle de Connie, il était temps, il s'est donné vraiment du mal.

Et pour finir, à 5h, notre dernier bar ferme à son tour. C'est le temps du retour à la case départ.
Je marche avec James et Lucie. Parfois, je suis obligé de porter James. Dani et Connie sont introuvables.
On est à l'hotel peu de temps après, on ne s'est pas perdu ce qui constitue un petit miracle.

A 5h30, Dani fait éruption dans la chambre. Je suis à deux doigts de fermer les écoutilles et Simon ronfle à ne pouvoir être réveillé. Dani devrait être avec des traits radieux même si un peu tirés compte tenu de l'heure, or, il a l'air soucieux. Et il y a de quoi, je vous raconte.
Dani et Connie sont rentrés par la plage. C'était l'endroit idéal pour un bécottage en règle. Mais souvenez-vous de ce que je vous disait à propos de la plage de Nha Trang au petit matin, elle se remplit comme c'est pas permis. Donc, il a été impossible pour les tourtereaux de s'ébattre dans le calme. Il s'est trouvé que tous les viets qui se sont levés tôt et retrouvée sur la plage autour des fougueux amants, ont trouvé le spectacle à leur gout et n'ont eu de cesse de se rapprocher pour mieux évaluer la qualité des préliminaires. Voyant ce manège, Dani et Connie n'ont eu d'autre choix que de remettre l'épée dans son fourreau et de rentrer bien sagement. C'est alors que Connie a eu un excès de lucidité, son sac à main est là mais il est vide de son portable, de son appareil photo et de son portefeuille!!!!! Bonjour l'angoisse le retour sur terre après une nuit à empiler les consommations! Bonjour aussi la tête de Dani qui assiste au spectacle de la décomposition de sa copine de même pas une nuit en direct à l'heure où il devrait déjà dormir.

En entendant cette histoire, c'est peut-être un peu salaud mais c'est surement l'alcool qui guide mes pensées, je me peux m'empêcher d'être mort de rire et d'être bien content de ne pas être à la place de Dani comme ça aurait pu être le cas.
Au final, Dani fera deux ou trois fois la navette entre notre chambre et Connie qui pête toutes ses durites.
Pour son dernier retour, on prendra dix minutes pour admirer le lever de soleil depuis notre gigantesque terrasse privée en riant de toutes les mésaventures de la journée. Comme quoi, il y a des fois, on devrait directement passer au lendemain.
On se couche il est 6h30.


Je suis crevé. J'ai bien fait d'avoir un bus à 7h.
Oui, oui, dans 30 minutes!!!!
Le voyage, c'est du sport.
Demain j'arrête.
Gros Bisous
 


 

 
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5 juillet 2009 7 05 /07 /juillet /2009 10:59
Au revoir la moiteur, à plus tard la chaleur, salut la fournaise, avec Dani on quitte Hué pour Hoi An.
Hoi An est située sur une banquise majestueusement entourée de longs glaciers. Les ours polaires s'y croisent souvent au lever du soleil et la viande de phoque en est la spécialité culinaire locale. J'exagère? Un peu mais c'est que ça fait envie de pouvoir combattre le froid en empilant consciencieusement les couches de vêtements chauds et de boire des boissons chaudes pour combattre les angelures et les maux de gorge.
Au lieu de ça, j'ai chaud en permanence, je reste chaque fois quelques minutes de plus dans les magasins d'alimentation pour profiter de la clim et je rêve de me faire faire un tatouage arborant un grand ventilateur sur toute la surface de mon dos...
Saloperies de pays tropicaux...


Le 24 avril, mon dieu ça commence à dater, je me lève en tambourinant. On part d'Hué avec Dani et comme il est 7h30 du matin et que Simon dort sur ses deux oreilles, j'en profite pour l'en sortir, petite vengeance mesquine en réponse directe à ses claquements de portes de la veille quand je me remettais d'une nuit de quatre heures en faisant une courte sieste.

Le bus pour Hoi An prend la tangeante à 8h. Le simple fait de rejoindre son point de départ à pieds depuis notre hotel, soit dix minutes de marches avec paquetage complet, suffit à me rendre dégoulinant. 8h = 30°, qui se plaint de la canicule en France? Profitez-en, c'est l'été!!

A l'arrivée, deux heures plus tard, alors que nous sommes encore dans le bus, une femme de la compagnie de transport monte et entame un discours visant l'ensemble des passagers. Il y a un deal entre la compagnie et un hotel quatre étoiles devant lequel on est garé. A l'intérieur, piscine, chambre climatisée et tout le tintouin pour cinq dollars la nuit. Moi, ça m'enchante. Une piscine, la clim', c'est comme un rêve qui devient réalité, on touche au lyrisme.
Mais pour Dani, c'est encore trop cher. J'ai beau essayé de le convaincre par tous les moyens, il est incorruptible.
Au lieu de ça, Dani veut suivre une indication qui lui avait été donnée plus tôt à propos d'un autre hotel à priori moins cher et tout aussi sympathique. Quant à moi, même si je suis un peu bougon de mettre fait renvoyer dans mes 22 mètres quant au choix de l'hotel, je me dis que s'il est convaincu, après tout, ça peut valoir le coup.
On commence donc à marcher.
Un peu, beaucoup, à la folie. En fait, on traverse toute la ville, ça nous prend trois quarts d'heure. Je ne suis plus bougon, je suis hyper bougon!!! Car au final, on va peut-être gagner un dollar par nuit mais ça nous coute nos deux jambes, trois litres de sueur qu'il va falloir combler et l'assurance qu'il va aussi falloir se retaper les 45 minutes de marche dans l'autre sens quand il va être temps de quitter Hoi An. Ca fait beaucoup!! En plus, en arrivant à l'hotel, ça ne ressemble à rien, on a beau dire aux employés qu'on est venu sur une recommandation d'un autre hotel, ils se foutent de nous comme de leurs plus vieilles chaussettes, en plus les chambres n'ont ni piscine, ni clim, ni wifi, ni salle de bain privée et on se voit demander le même prix qu'à l'établissement qu'on s'est vu présenter en arrivant en ville. Tout est réuni pour qu'on s'épanouisse sous le soleil de cette journée très bien commencée!

Au final, on reprend nos sacs et on continue les recherches en sachant que maintenant qu'on a déjà bien crapahuté, c'est à mon tour de jouer les difficiles. Au point où on en est, pas question d'accepter n'importe quoi vu les efforts et les privations qu'on a consenties pour en arriver là. Après avoir refusé deux ou trois nouvelles tentatives, on échoit dans un bel établissement où on a une chambre à trois dollars la nuit ce qui contentera tout le monde en tous points, à l'exception du fait qu'on a trois lits dans la chambre car il a été convenu que Simon nous y rejoigne en fin d'après-midi.
On est jamais tranquille!!
Enfin on pourra quand même profiter d'une après-midi découverte de Hoi An sans le boulet canadien dont je dis finalement ce que je pense à Dani. D'ailleurs, c'est marrant, Dani, il en pense la même chose!!!! On s'étonne donc du fait qu'on croyait chacun que l'autre s'était pris d'amitié pour le boy scout alors qu'il n'en est rien!! C'est rigolo mise à part qu'on va se le traîner un peu plus.

Mais chaque chose en son temps, pour le moment il s'agit de partir à la découverte de Hoi An, enfin...
Hoi An est comme Hué une ancienne ville impériale. Elle est un peu plus petite que sa voisine et se distingue surtout de celle-ci grace à son centre ville libéré de tous moyens de transport à moteur et étalant de toutes parts des trésors architecturaux à la mode coloniale à l'origine du classement de ce même centre ville dans la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.
Quand on s'y promène, on y est donc entouré que de marcheurs, de cyclistes, de pousseurs de chariots et de chapeaux coniques. Même les scooters n'y ont pas droit de citer, à moins que les conducteurs ne se résolvent à couper le moteur et à pousser leur deux roues tant bien que mal. C'est calme, reposant, et ça pourrait très bien illustrer ce à quoi ressemblait le Vietnam il y a cent ans si on parvient à faire abstraction des boutiques de souvenirs et autres bars / restaurants vendeurs de hamburgers.
Résultat, on est tout de suite charmé, c'est en terme urbain ce qu'on a vu de plus beau dans le pays.
L'après-midi est donc idyllique, douce, reposante.

Mais tout ceci à une fin quand il faut aller chercher Simon à sa décente du bus comme il était convenu; on a beau ne pas l'aimer, on est pas des chiens. Surtout Dani en fait, puisque c'est lui qui se charge de cette corvée comme pour se faire pardonner les errances auxquelles il m'a confronté en arrivant en ville. Merci monsieur!!!
Moi j'en profite pour prolonger un peu la ballade avant de rentrer me mettre au frais sous l'unique ventilateur de la chambre, astucieusement placé au dessus de mon lit.
A 19h, ils me rejoignent. Simon avait plus d'une heure de retard, Dani l'adore plus que jamais...

Le soir, on dîne sur les rives du fleuve qui traverse langoureusement le centre ville. La nourriture est meilleure que tout ce à quoi on a gouté au Vietnam, la ville cumule les bons points.
Puis, comme on a tous passé une journée pas trop fatiguante, on s'accorde un détour sur le chemin du retour à l'hotel en partant à la recherche du King Kong Bar, haut-lieu de beuveries pour les touristes de passage. Après avoir longé le marché, malheureusement fermé pour cause d'horaire nocturne, il faut bien qu'ils dorment, traversé le fleuve, on arrive enfin au but. Le bistrot débite de la musique rock, une table de billard au tapis maculé de dessins plus ou moins fins déposés par les clients trone au centre de la pièce, tout autour, ça boit, ça rit. Il ne va pas falloir faire trop d'efforts pour se mettre dans l'ambiance.
En commençant par un rhum puis par un deuxième et ainsi de suite, ça va en fait tout seul. On discute avec un grand nombre d'autres touristes. Avec Dani, on s'associe pour botter les fesses de quelques joueurs de billard avant de nous-même nous faire ridiculiser par deux vietnamiennes qui pourrait jouer les yeux fermés.
Tout se passe dans un très bon esprit, les canons s'enchainent et la salle en est pleine ce qui ne gache rien en terme de plaisir des yeux.

Autour de minuit, en discutant avec Steve et Ed de nos aventures respectives, les deux anglais nous apprennent "qu'il y a un bus gratuit pour la beach-party".
"La beach party"? Et oui car Hoi An centre n'est qu'à quelques kilomètres de la mer ourlée d'une plage dont le front est jonché d'autres bars à même le sable qui affrêtent chaque soir une navette gratuite pour que les fêtards puissent aller y faire une tournée ou deux.
Et comme tu le sais maintenant, ça ne me fait pas peur bien au contraire. Je ne mets pas longtemps à convaincre du bien fondé de l'opération Dani suivi comme il se doit de Simon dont on pourrait penser qu'il a peur de tout quand il est tout seul.

Avec Steve et Ed ainsi que quelques autres phénomènes nocturnes sur pattes, on retraverse la rivière pour se rendre au point de départ de la navette, lui même situé devant un nouveau bar également très accueuillant.
On apprend alors que la navette a un peu de retard. Il n'en fallait pas plus pour que, la marche aidant, on aille se raffraichir de nouveau le gosier. Qui plus est dans le bar, il y a en plus de la sempiternelle table de billard, deux babyfoots qui ne font pas tache. Impossible de passer à côté.
Seulement moi, mon truc c'est plutot les boules, la queue, les trous et les bandes, donc je laisse vite fait Dani pour me retrouver autour de la table de billard. Et ici, le billard, c'est du sérieux, on se croirait dans la Couleur de l'Argent. Chaque joueur prenant partie doit s'acquitter d'une somme avant d'entamer chaque partie, le total étant logiquement attribué au vainqueur.
Quand j'arrive à la table, sont en train de jouer un jeune touriste australien contre un viet dont tout laisse à penser qu'il boucle ses fins de mois voire peut-être même ses débuts, en plumant les gringos qui s'amènent à lui. En deux temps trois mouvements, l'australien prend une danse. On ne l'y reprendra plus. Au suivant. Et comme personne ne se presse, c'est donc mon tour... Chauffe Marcel, chauffe!
Dans ma tête, c'est comme une finale de championnat du monde. C'est ma première partie "payante" et le moins qu'on puisse dire, c'est que les 3-4 euros de mise me paraissent être un million de dollars. La partie ne dure que quelques minutes. Mon adversaire fait un bon départ mais à mi-partie, j'enchaine quatre ou cinq boules consécutives pour prendre un avantage que je conserve jusqu'au bout. Champion du monde!!! A moi le million de dollars!!!!!!
En face, le vietnamien est très remonté. Il marmone dans sa barbe et plus que de me proposer une revanche, il me l'impose presque, les veines de ses tempes menaçant d'exploser. Sur le côté, tous mes potes ont rejoint la table et m'encourage à lui faire regretter d'avoir un jour commencé à jouer au billard. Donc entre le surexcité que j'ai en face et mes potes à l'alcoolémie communicative, je n'ai guère le choix, je remets mon titre en jeu.
Deuxième partie, deuxième démonstration. Je prends rapidement la mesure de l'adversaire qui, voyant ça, commence un numéro à l'italienne. Il parle avec les mains, m'accuse même de tricher! Il n'en fallait pas plus pour que les esprits s'échauffent. Le viet n'en démort pas, je triche. Mes potes s'excitent à leur tour, le mec est un gros nase qui se défile en prétextant tout ce qui lui passe par la tête pour ne pas perdre la face.
Sur ce, le viet quitte rapidement la table tel un déserteur au beau milieu du champ de bataille. Dans sa fuite, il se retourne et bredouille dans un anglais loin d'être accadémique qu'il va, et d'une lui aussi chercher ses potes, et de deux me retrouver à la plage pour un règlement de compte dans les règles du lard. Une fois sorti, on est tous un peu perplexe quant à savoir si on va le revoir ou pas. Cela dit, on est maintenant un groupe d'une quinzaine de personnes bien décidées à faire la fête ou à en découdre. Quoi qu'il arrive je ne suis pas seul.
 
Et puis enfin, à 1h passée, notre chauffeur arrive.
Le minibus logiquement prévu pour contenir une quinzaine de passagers fait le plein d'une trentaines de personnes surchauffées. A l'intérieur, ça chante, ça crie, ça secoue le bus juste pour le plaisir, c'est annonciateur d'une soirée mémorable sans fin ou je ne m'y connais pas!!

On débarque finalement sur la plage autour de 2h. Les passagers du bus s'en extirpent dans le chaos le plus complet aidés en cela par la musique qui s'entend à des kilomètres; les portes, les fenêtres, le toit ouvrant, tout est bon et valable pour sortir et marcher sur le sable un verre à la main.
Sur place, tout a un gout de Thaïlande. Rien ne ressemble au Vietnam. Il y a la plage, quatre ou cinq bars ouverts sur celle-ci, et des boissons qui se boivent au seau avec une demi-douzaine de pailles plutôt qu'au verre. D'ailleurs ça tombe bien, comme on est une belle bande, c'est mieux que si on devait boire dans des dés à coudre.

Cette nuit, j'ai une pêche de tous les diables. L'ambiance est festive comme rarement et comme j'ai environ une douzaine de gardes du corps en attendant la suite, je me fais fort de toujours avoir un seau à la main d'une part pour m'abreuver, et d'autre part pour noyer les foies de mes apotres.
Une, deux, trois, quatre fois je retourne faire le plein.
Ca rigole de partout, ça crie, environ la moitié de la piste de danse connait mon prénom, je surfe la vague.

A trois heures environ, c'est l'heure du bain de minuit.
Dans un sprint dingue, en une minute on doit être une trentaine dans l'eau sans chemises, sans pantalons. C'est une claque raffraichissante qui nous prend tous. L'eau n'est pas très chaude ce qui explique qu'on est vite fait de retour sur la piste de danse.
En chemin, alors qu'on se rhabille, j'entends mon premier "T'es une légende mec"!! C'est Steve, l'anglais avec qui on passe la soirée depuis le King kong bar qui se lache.
Ensuite, croyez-le ou non, peut-être Steve a fait passer le mot, mais j'entends à trois autres reprises la même expression dans trois bouches différentes :
- T'es une légende!!
Comment veux-tu que j'aille me coucher là-dessus?

A quatre heures, Simon et Dani s'accordent pour prendre la dernière navette qui ramène les gens au centre-ville. Pour moi, impossible, je suis une légende.
Je ne peux décemment pas quitter le groupe et les groupies d'un soir. A la place, en plus de souhaiter une bonne nuit à Simi et Danon, on s'accorde une dernière tournée loin de la fureur et du bruit. La plage fait plusieurs kilomètres, ça ne devrait pas être trop dur.
Une fois les fesses posées sur le sable, difficile d'être trop pressé, je reste là en bonne compagnie jusqu'au lever du soleil sans baillements ni coups de barre.
Et puis c'est enfin l'heure de tirer le rideau, de dire au revoir à la scène et aux spotlights. A 6h15, on est plus que quatre sur la plage maintenant désertée. C'est exactement le nombre de personnes autorisées sur les deux moto-taxis qui attendent encore. A trois par moto en comptant le chauffeur, c'est cosi, on se tient chaud.

En rentrant, je m'allonge et me laisse glisser dans un sommeil réparateur comme on tombe dans un océan de coton.
Pour un passage au bar comme il était prévu, on peut dire que ça s'est bien prolongé. Je ne l'avais pas vu venir le coucher au lever du jour et pourtant il est là. La journée suivante risque d'être bien courte.


Comme indiqué juste au dessus, le 25 avril, je ne suis en effet pas très efficace.
On va bien faire un tour en ville avec mon compère et notre croix québécoise à porter, mais ça tire de partout, ça baille, c'est un festival de fatigue. Qui plus est, je n'ai rien de particulier à acheter pas comme Dani qui veut des souvenirs et Simon qui veut se faire tailler un costume. Je rentre donc prématurément à la chambre, c'est pas la mort, il faut bien payer l'addition quand on passe une nuit comme la nuit dernière...
Les autres ne sont en plus pas bien longs à me rejoindre. On est tous dans un état d'esprit où on a pas envie d'envahir ne serait-ce qu'un carré de pelouse. Au terme d'un diner pris alors qu'il fait encore jour, c'est cette fois le retour en piaule définitif, moi étant défoncé et les deux autres ne l'étant pas moins avec en plus l'assurance de se lever aux aurores le lendemain pour aller visiter des ruines dont on m'a déjà prévenu qu'elles n'étaient pas plus spectaculaires ou plus dignes d'intéret que ça.
En ce qui me concerne, je préfère faire l'impasse sur les ruines ayant un problème avec le fait de me lever avant 7h du matin le lendemain d'un coucher à 7h du matin. Douze heures de décallage horaire à digérer en 24h, très peu pour moi.
A la place, alors que les autres ronflent déjà, j'en profite pour écrire de plus belle avant de tomber sur la télé de la chambre sur la diffusion d'un match de Man U. 0-2 à la mi-temps. 5-2 après 90 minutes, ils sont fous ces anglais!!! Et moi, je me couche encore bien tard.


Le 26 avril, je n'entend rien quand les autres se lèvent pour aller faire leur excursion. Il est 7h, c'est normal.
A la place, je les entends qui en rentrent. Il est 13h00, c'est normal itou.
C'est normal sauf qu'aujourd'hui c'est problème, on doit lever le camp ce soir de Hoi An et monter dans un bus pour 24h de route ou de déroute afin d'aller à Saigon le plus vite possible. Le problème donc, c'est qu'il faut quitter les lieux et qu'on est déjà en retard pour libérer la chambre. Théoriquement le "check-out", c'est à midi et il est finalement 14h quand on déboule avec nos sacs avec la tête enfarinée à la réception.
C'est moi qui m'occupe des négociations. Une roucoulade, un sourire, une révérence, plus de problèmes, la french touch dans toute sa démesure!! On se fait même garder nos sacs à la réception pendant qu'on s'accorde une dernière promenade dans les rues photogéniques de la ville pleine de charme. On est au rythme sans stress et sans voitures. On en profite pour des arrêts gastronomiques et des billards gratos pour lesquels on ne risque pas de se faire casser la gueule, c'est mieux même si on en sort pas plus riche.

En allant dans un dernier bar en fin d'après-midi dans l'espoir de retrouver quelques connaissances "légendaires" de l'avant-veille au soir, on quitte le centre-ville une dernière fois et de ce fait, on retrouve la circulation. Ca pourrait être un détail sans importance et ben non, en traversant un boulevard très fréquenté, Simon, qui ne fait rien comme tout le monde, trouve le moyen de se faire exploser la jambe par une moto qui transporte des jéricans de flotte. Le pauvre bougre a un mal de chien décuplé par le fait que le conducteur ne s'est ni arrêté ni même retourner.
C'est quand même pas de chance et encore moins si on prend en compte le fait que le type développe une diarrhée chronique en prenant ses médicaments contre le paludisme. En gros, il est vraiment pas aidé!!!

Au bar, on ne rencontre personne et de toute façon, il est déjà tard, c'est dans l'urgence qu'on se fait un dernier encas avant de retourner à l'hotel prendre notre bus qui arrive déjà. A l'intérieur, j'ai une couchette contre la fenêtre, Dani aussi sans avoir à se retrouver menacé de prendre un coup de pied retourné, tout le monde va pouvoir dormir en paix.
Donc, épisodiquement je dors et regarde des vidéos jusqu'à 1h, il est alors temps de se préparer pour une nuit réparatrice sachant qu'il n'y a pas grand chose de mieux à faire quand on est dans un bus pour 24h.
Je m'installe donc le plus confortablement possible, pose mes lunettes contre la fenêtre coulissante qui est bien entendu fermée et te souhaite une bonne nuit.

Saigon, me voilà, enfin si tout va bien...
 
 

 
 




 
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4 juillet 2009 6 04 /07 /juillet /2009 10:19
Après avoir été le témoin d'un parfait abus de pouvoir à la mode vietnamienne, j'ai pu, comme à mon habitude, retrouver le chemin de la ronflette.
Il est 9h quand on arrive à Hué, je suis tout ragaillardi, pas comme Dani qui n'a pu redormir après l'épisode avec le Jean-Claude Vandamme du pauvre à la mode locale.

Quand on est parti d'Hanoi, je ne vous ai pas parlé de Simon, un québécois qui attendait le bus en même temps que Dani et moi. La raison pour laquelle je n'en avais pas parlé, c'est qu'à ce moment là, nous ne nous étions jamais parlés, surement à cause du fait que Simon est un garçon un peu effacé pour ne pas dire plus.

En arrivant à Hué, alors qu'avec Dani on récupère nos sacs, Simon vient subitement à notre rencontre. On échange alors quelques mots jusqu'à décider de façon un peu automatique qu'il serait bon de partager la chambre pour partager les frais.
On se retrouve donc maintenant être un nouveau groupe de trois personnes. Ce n'est d'ordinaire pas pour me déplaire mais je sens déjà que je n'ai pas grand chose en commun avec Simon qui m'apparait plus plat qu'une sole. D'ordinaire, je me serais bien débrouillé pour noyer le poisson et semer l'ablette, c'est après tout la chose la plus naturel du monde quand on est en voyage de partager son temps avec des personnes dont on se sent proche en laissant sur le pavé les boulets et autres culs-bénis. Mais là, on s'est mal débrouillé et on traine déjà notre boulet alors qu'on est à la recherche de notre nouvelle chambre d'hotel.

Pendant qu'on est en train de marcher dans la ville, une chose me turlupine plus que les autres si on excepte Simon dont je viens de parler : il est 9h du matin et la température doit déjà approcher les 38° à l'ombre, sachant que trouver de l'ombre n'est déjà pas une mince affaire. Je suis déjà en mode désintégration par la transpiration, qu'est ce que ça va donner autour de midi?!? Et que fait la police?!?

Après avoir perdu plus d'un litre en deux cents mètres, on atterrit sans problème à notre hotel bien qu'il faille gravir six étages à pieds chargé comme une mule népalaise pour gagner la chambre. Pour tout le monde, c'est l'heure de la douche froide. Enfin chacun son tour, faut pas déconner, on a beau avoir chaud on est pas des bêtes...

Une fois que tout le monde a eu tenté d'avoir bien froid sous la douche qui, malgré tous nos souhaits, est restée tiède, après être reparti sur la voie de la transpiration dès qu'on quitte la chambre puisque c'est déjà un infime effort qui suffit à rouvrir les vannes, on se dirige vers l'ancienne ville impériale construite à l'intérieur d'une citadelle imprenable alors qu'il est 11h passées. 11h!!! La pire heure!!! L'heure à partir de laquelle il est déconseillé de s'exposer aux rayons du soleil!! Quelle grosse bande de touristes on fait!!! Et on le comprend illico presto, pas besoin d'être bien malin pour se rendre compte qu'on navigue dans un four.

Alors qu'on est même pas encore arrivé, on fait déjà un premier stop pour s'hydrater d'un litre de thé glacé chacun. Il faut bien ça.

Puis on touche enfin au but, la citadelle. Je suis passablement soulagé car c'est enfin l'occasion de s'abriter, luxe suprême quand ton sang est à la limite de bouillir.
Toute la visite est comme ça, alternance de crapahutage à l'extérieur et de repos forcé sous toutes les structures ou arbres qu'on peut trouver en chemin. De plus, bien que Hué soit un haut lieu du tourisme vietnamien et son ancienne cité impériale un incontournable, ils ne sont pas nombreux les touristes à arpenter les allées surchauffées. Même les vietnamiens ne courrent pas les rues. Tous ceux qu'on voit sont des ouvriers chargés de restauration, mais la restauration attendra, la sieste est générale et obligatoire qu'elle se passe sur un banc voire à même le sol.
Pour nous qui battons le pavé, c'est bien motivant!!
Au total, on passe deux heures sur place. C'est pas énorme mais on ne peut pas donner plus de notre personne. Il ne nous tarde que d'une chose, retrouver le confort d'une chambre garnie d'une douche tiède et de la climatisation de série.
Après une nouvelle pose hydratante, c'est donc ce à quoi on lézarde. Et puis comme la nuit précédente s'est passée dans un bus ce qui n'est jamais un gage de grande forme le lendemain, on ne se fait d'autant pas prier!!

Baignant dans cette atmosphère de relaxation quasi-forcée puisque tout à l'extérieur est climatiquement hostile, le sommeil n'est pas long a frapper à la porte.
A ma porte, à la porte de Dani, mais pas à celle de Simon qui pendant ce temps là s'occupe à je ne sais quoi. Je ne sais quoi sauf quand il va à la salle de bain trois fois dans l'heure, occasion pour lui de claquer la porte comme Nadal claque des coups droits. Le type, qui est d'un naturel transparent énervant en soi, ne trouve pas d'autre moment pour s'émanciper que celui où on dort comme des bébés jusqu'au moment bien sûr où la porte de la salle de bain résonne à tous les étages à commencer par mon étage cérébral qui a de plus en plus de mal avec le bonhomme.

Je sors finalement de ma torpeur vers 16h, il fait un peu meilleur dehors, même si c'est évidemment tout relatif... On pourrait alors ne rien faire jusqu'au soir et encore, ou attrapper le taureau par les cornes et affronter de nouveau le cagnard avec éventuellement une ballade fluviale du meilleur effet; en tout cas j'en ai bien envie.
J'essaye donc de motiver au maximum les troupes pour cette nouvelle escapade. Seulement, les larcars d'en face, ils hésitent salement. Entre chaque hésitation, j'en profite même pour me plonger dans la rédaction d'un nouvel article. Et puis toutes les dix minutes, je retourne dans la chambre prendre la tension de mon camarade et de mon boulet. A chaque fois, il sont un peu plus près à y aller mais c'est à un rythme pachidermique que leur motivation évolue. A chacune de mes visites, j'ai droit à "mais j'ai mis la chaussette gauche, j'arrive!!". Puis "mais tu vois bien que j'ai aussi mis la chaussette droite, j'arrive!!".
A ce rythme, on n'y sera jamais, c'est clair.
Donc plus ça va et plus je devrais être résigné, mais c'est l'inverse qui se produit, plus ça va et plus ça m'énerve de voir que l'ami québécois gangrène tout le groupe. A 17h finalement, je décide qu'il est trop tard pour quoi que ce soit, que les feignants ont gagné, que s'ils veulent faire quelque chose avec moi, il va falloir qu'ils s'accrochent drolement vu que je risque moi aussi d'hésiter longuuuuuuement.

On ne bouge pas de l'hotel jusqu'à l'heure du dîner. C'est pas plus mal pour le récit même si c'est pas exactement ce que j'avais en tête pour cette journée.
On est donc à nouveau uni pour satisfaire à un instinct primitif : la faim. Quand faut y aller, faut y aller. C'est pas comme avec les balades fluviales avec coucher de soleil (sic).

On se retrouve donc à diner dans un restaurant à deux pas de l'hotel, ce serait dommage de s'éloigner et d'aller dans des coins qu'on a pas encore visités! A l'intérieur, on est les seuls clients, c'est étrange car notre quartier est un rassemblement d'hotels et que les rues sont à moitié remplies de visages occidentaux dont il faut bien qu'ils mangent quelque part. En tout cas au resto, on a droit à un accueuil de ministres. Tous les employés, à notre entrée, sortent des cuisines et autres jusqu'à reproduire un semblant de haie d'honneur!! En gros, ça leur fait vraiment vraiment vraiment plaisir de pouvoir enfin travailler.
Quand on demande les menus, on comprend pourquoi les clients peuvent être rebuté. Le détail des plats est la plus grande concentration de l'histoire de fautes d'orthographe. D'habitude, je n'y prête pas plus attention que cela car c'est plus ou moins partout en Asie, mais là on atteint des sommets à tel point qu'un fou rire nous prend. Difficile de s'en détacher quand le serveur vient prendre la commande, en fin de compte on y parvient quand même en étouffant comme on peut cette tarte à la poilade.
Les plats arrivent, c'est délicieux ce qui prouve bien qu'il aurait été dommage de leur tenir rigueur de sacager la langue de Molière. A l'issue du repas, on se fait même offrir un alcool de riz nous permettant de replonger le temps de l'ingestion dans la chaleur de l'après-midi. Merci patron!
Au moment de l'addition, le patron en personne vient chercher sa maigre recette. Et ce faisant, il s'installe avec nous quelques minutes le temps d'une discution qui pourrait être informelle mais qui se transformera en une invitation officielle à son mariage qui se tiendra dans 5 ans. C'est précis, tout est déjà organisé. Ne lui reste plus qu'à se trouver une femme!!!

A la sortie, les deux autres vont faire un tour, ce à quoi je répond non merci. J'ai le ventre bien lourd et garde encore en mémoire les hésitations sans fins de l'après-midi qui me font dire qu'il ne faut pas me prendre pour ce que je ne suis pas!!
A la place, je surfe et skype sur la terrase de l'hotel. A mon retour à la chambre, Dani et Simon, déjà de retour, sont plongés dans un sommeil lourd, je les y rejoints en pensant au lendemain.
Un bus pour Hoi An, pas le temps de traîner dans la fournaise de Hué plus longtemps, c'est en plus le gage de partir sans Simon qui reste sur place quelques heures de plus que nous. Un peu d'air à venir, je respire!!


Quant à toi, si tu veux respirer, tu as de la chance, les photos ne retransmettent pas les conditions météos. Profite!!

 







 
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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 18:14
L'itinérance motocycliste est arrivée à son triste terme.
Le rythme auquel nous avons été confronté à son contact n'est plus qu'un remuant souvenir.
Et il va s'agir de ne pas trop s'en éloigner pour ne pas s'apesantir maintenant qu'il faut retourner à des journées où nos jambes, à Dani et à moi, sont nos uniques moteurs.

En ce sens ça commence bien mal. Etant donné qu'on a recommencé à se coucher bien plus proche du lever que du coucher du soleil, les réveils sont à l'inverse bien plus proches du coucher de soleil que de son pendant matinal. Comme en plus, on est plus que deux rescapés de notre bande initiale de cinq trublions, la mention "plus on y de fous, plus on rit" s'est muée en "moins on est de fous, moins on en fait".

Le 20 avril par exemple, jour où Jo nous a quitté à 6h du matin la tête tangante sous des flots alcoolisés, on est que très moyennements efficaces. Dani et moi profitons de la journée pour reprendre un contact prolongé avec internet, s'abandonner sous la douche chaude de notre chambre et, quand la faim se fait sentir, manger des kebabs...
Ca ne fait pas très vietnamien comme programme mais comme on a déjà vu tout ce qu'on avait envie de voir à Hanoï et que la seule chose qui manque à notre palmarès de visites, c'est le mausolée d'Ho Chi Minh qui n'ouvre ses portes que le matin, on ne peut faire autrement que de ne pas culpabiliser à l'idée d'enfin faire de vraies nuits pleines de sommeil et de vraies journées pleines d'avachissements.


Le 21 avril, c'est sensiblement la même chose, à la différence près qu'on achète nos billets de bus pour quitter la ville le lendemain soir. Tu auras compris, c'est pas très compliqué au niveau mathématique, que ça nous laisse encore 24 heures à nous remettre de nos émotions et éventuellement rendre enfin visite à l'oncle Ho si on s'en donne la peine, ce qui n'est pas gagné si l'on considère tous les lapins que sa dépouille nous a déjà posés. Même si on reste quelque peu motivé par le fait de lui rendre visite, le bougre nous a déjà mis tellement de batons dans les roues que c'est l'arlésienne!
On s'efforce donc de se coucher tôt pour voir ce que cela donnera le lendemain matin.

Et quand on arrive au 22 au matin, il est 10h15 quand on émerge. On pourrait alors choisir de sprinter ce qui ne garantirait même pas qu'on arrive à nos fins à l'heure ou on peut aussi bien se remettre dans une position confortable et replonger quelques temps dans un snooze time royal. Qui plus est, dehors il pleut averse et le ciel est bouché comme si une éruption volcanique était en cours ce qui indique que ça ne risque pas de s'arranger!
Alors? Solution A ou solution B?
Solution B bien sur! C'est quelque part très dommage qu'on ait pas fait un tour concluant au mausolée vu qu'on a quand même au total passé près d'une semaine à Hanoï. Mais bon, aller voir un cadavre dans une boite en verre entouré d'un blockhaus de béton... C'est aussi bien de le voir comme ça. Et puis comme le voyage continue, même si on ne verra pas la dépouille d'Ho Chi Minh, on a encore quelques rendez-vous croustillant en terre vietnamienne pour compenser le manque à commencer par la ville d'Hué.

On passe en fait tout l'après-midi à n'être pas productif. Dehors, c'est toujours le festival de l'eau. A 19h, on est pris en charge à notre hotel et convoyé vers le bus couchette dans lequel on va passer la nuit. Alors qu'on attend ce dernier dans le bureau d'une agence de voyage, une touriste italienne se prend d'affection pour nous n'ayant personne d'autre à qui parler, et entreprend de nous raconter sa vie depuis le premier jour. Après un quart d'heure, je suis déjà mort. Elle débite les phrases à la façon d'une mitrailleuse. Je ne peux d'ailleurs tellement pas cacher mon ennui profond, que la dame entreprend d'elle même de changer de sujet et de nous parler de son voyage en Asie du Sud-est minute par minute. Elle agrémente même la conversation de diffusion de vidéos ce qui pourrait être salvateur si elle n'en avait pas près de cinq mille dans la mémoire de son caméscope. En fait, à chaque fois qu'elle devrait prendre une photo, elle fait un film d'une minute. Vous imaginez la gueule du Braïce... On dirait qu'on a retrouvé le soldat Jean-Pierre!!!
Après de déjà trop longues minutes, ma patience est à bout, je sors de l'officine sans même m'excuser et allume une cigarette puis deux jusqu'à l'arrivée du bus; enfin!!!

A l'intérieur, c'est trois rangées de lits qui s'étirent d'avant en arrière du bus avec deux étages comme pour des lits superposés. Au total, on doit pouvoir fourrer une trentaine de personnes à l'intérieur ce qui assure un bon confort dont personne ne se plaint sauf Dani qui a de l'eau qui lui tombe continuellement sur le visage en provenance direct du système de climatisation. En effet, on peut rêver mieux. Heureusement pour lui quand même, le bus n'est pas plein et il a tout loisir de pouvoir déménager vers une couchette plus au sec une fois que le bus a démarré pour échapper à la vigilance du cerbère qui attribue les places dans le bus.
Au milieu de la nuit, à une heure indéterminé, le bus s'arrête pour nous permettre de nous sustenter au milieu de nulle part dans un restaurant situé le long de la route. Avec Dani, on ne se fait pas prier pour dévorer tout ce qui nous passe sous la main sauf la soupe dont on sait déjà que, comme elle n'est pas liquide, on a déjà vu mieux... Au retour dans le bus, Dani retourne à sa couchette et, alors qu'on repart, il est rejoint par le controleur dont j'ai déjà parlé plus haut. Et comme le type a un radar dans la tête, il se rend vite compte que Dani n'est pas à la place qu'il lui a été attribuée. Dans son vietnemien natal, il commence à dire à l'ami allemand qu'il faut qu'il reprenne son lit initial parce qu'autrement, ça va chauffer pour son matricule.
Dani, qui ne parle pas un mot de viet, tente alors de faire entendre raison à son interlocuteur en lui expliquant tant bien que mal que là-bas, de l'eau lui tombe dessus et que de toute façon, personne n'est là pour prendre ce lit dans lequel il dort depuis plus de trois heures.
Mais le vietnamien est tenace et peu coopératif comme de nombreux voyageurs nous l'ont déjà expliqué à grand renfort d'histoires tordues. Le type de la compagnie de bus n'en a rien, mais alors rien à faire des arguments de la défence, et on le voit qui commence à se relever les manches avant de physiquement menacer Dani de lui apprendre sur le tard les rudiments des arts martiaux à grands renforts de torgnoles dans le pif.
Dani qui est un gars qui fait dans les 1m90 pour 80kg, (c'est un beau bébé) n'a alors comme solution de repli que de satisfaire à la "requête" du petit nerveux. Sauf que maintenant, il est énervé à son tour, bon courage pour dormir... Quant au petit nerveux, c'est sûr que s'il revient à la charge pendant le reste de la nuit, il va à coup sûr gouter aux tartes d'outre-Rhin ce qui risque de lui faire tout drole!!
Pour ma part, j'ai eu l'impression de visionner cinq minutes d'un bon film, je suis bien diverti et peux retourner à ma nuit.
A demain,
A Hué.

Des étreintes,
Des baisers.




 



 

 
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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 12:37
Comme trois points en suspension, je suis dans une perplexitude folle.
L'appareil photo manque à l'appel de la revue de paquetage et ce n'est pas réjouissant.
Comment est-ce que j'ai pu passer en six mois de temps de celui qui a la tête bien perchée sur les épaules à celui qui sans le vouloir sème à tout vent l'ensemble de ses affaires? Je continue pourtant à employer la même routine qui consiste à toujours vérifier que je n'oublie rien derrière moi mais force est de constater que ça ne suffit plus. Peut-être va-t-il falloir que j'emploie la manière forte qui consisterait à nouer chacune de mes affaires à une cordelette que j'attacherait aussi à ma cheville ou à mon poignet!
Mais on en est pas encore là, pour l'appareil photo, il reste une infime chance...

La première des choses pour dissiper les doutes est de se lever aux aurores pour demander au plus tôt aux tenanciers de la GH s'il n'ont pas récupéré mon précieux bien. En plus, ça tombe bien, la responsabilité du réveil matinal ne m'incombe pas complètement puisqu'avec Jo et Dani, on avait déjà prévu de lever le camp rapidement de Sapa étant donné qu'on a près de 200km de route de montagne à dévaler en ce jour du 19 avril.
On parvient donc à émerger avant 7h. Dans la même seconde, je suis déjà à la réception la bave au lèvre tant j'ai la rage. Là, toute la famille est déjà sur le qui-vive, tous répartis dans cette pièce qui leur sert de salon en train de prendre la pose.
En train de prendre la pose car le père de famille tient entre ses mains l'objet de mon désir et prend des centaines de photos de sa femme et de ses enfants. Fais comme chez toi mon gars, c'est à moi que ça fait plaisir. Le stress laisse la place au soulagement. Je récupère l'appareil et poursuit la scéance photo avec toute la famille dans le cadre avant de décharger toutes les photos sur leur ordinateur. Tout le monde il est beau, tout le monde il est content!!

Et pendant ce temps, Jo et Dani ont été super efficaces et sont déjà dans les starting blocks pour le grand départ du jour à tel point qu'ils m'enjoignent déjà de me presser car la bécane n'attend pas. Il n'en fallait pas plus pour que je stresse à nouveau, il est 7h15 et apparemment, je suis en retard!! Je boucle donc mon sac en quatrième vitesse en gromelant car il faut quand même pas déconner...
Telle une tornade, je quitte la chambre mon paquetage sur le dos. Les moteurs de Dani et Jo tournent déjà. La route n'attend plus, nous sommes partis.
Première étape du jour : Bac Ha. C'est à une cinquantaine de kilomètres et c'est là qu'on prévoit de prendre le petit déjeuner, car comme on est dimanche, c'est là-bas jour de marché. Et le marché local de Bac Ha, ça promet car toutes les tribus des alentours viennent y faire leur shopping hebdomadaire dans une féérie de couleur.

On y arrive peu après 9h. On parque les motos dans un parking où on nous remet à chacun un numéro sur un bout de carton correspondant à notre emplacement. Ensuite, guidés par nos estomacs réclamant leur dû après deux heures de conduite, on rejoint le marché où comme prévu, en plus de s'en mettre plein la panse, nos yeux ne savent plus où donner de la tête tant ça explose de couleurs de toutes parts.
Tous les locaux, malgré le fait qu'il fait déjà dans les 30°, sont habillés de dizaines de pièces de vêtements de toutes les couleurs. Et comme chaque tribu a sa propre tenue, c'est un festival de mode folklorique qui n'a rien à envier à la semaine de la mode parisienne.
On reste à déambuler dans les allées pendant plus d'une heure à se repaître de patisseries locales et de fruits juteux, à prendre les plus beaux clichés possibles, chacun vacant à sa guise pour plus de liberté. On se retrouve ensuite vers 10h30 pour reprendre le chemin du parking, tous charmés par cette expérience en terre paysanne bigarrée.
En cours de route, on passe devant un temple construit à flanc de colline. C'est tellement beau qu'on s'accorde un nouveau petit intermède le temps d'en faire le tour. On grimpe donc la colline jusqu'à se retrouver dans la batisse qui surplombe toutes les autres. La vue est spectaculaire et l'ambiance qui émane du lieu est d'une sérénité folle. On est tellement charmé qu'on commence à tous les trois s'assoir. Le piège. Cinq minutes plus tard, la position assise s'est mue en position allongée. Cinq minutes plus tard, on s'est tous laissé aller à plonger dans un sommeil aussi soudain que merveilleux.
Moins d'une heure après, Jo est le premier à ouvrir les yeux et s'empresse de battre le rappel rappelant qu'on est pas venu ici pour faire les clochards mais reconnaissant aussi sans mal que ça en valait la peine.

Au retour au parking, Jo donne son ticket numéroté, suivi de Dani qui l'imite. Moi, je regarde dans mes poches, dans mon sac, dans mon casque, rien, plus de ticket. Mais ça ne peut pas être un drame, je sais où est ma moto, et l'absence de mon bout de carton ne peut en aucun cas être considéré par qui que ce soit comme la fin du monde. Et comme je me trompait!! Je fais signe au préposé car mon ticket a pris la poudre d'escampette. Le drame!! Là-dessus, je vois que mon interlocuteur se décompose comme si j'avais perdu son fils, sa bataille, fallait pas qu'elle s'en aille!! Et puis, il retrouve vite ses marques et me demande de dédomager le parking pour la perte de mon ticket pour un prix qui pourrait aisément me permettre de devenir acquéreur de toute la parcelle qu'occupe le parking! Le type me prend vraiment pour un neuneu!! En lieu et place de lui donner les millions qu'il réclame, je sors de mon sac un petit bout de papier sur lequel j'écris conciencieusement le numéro dont je me souviens encore, 157,  et lui donne, accompagné d'un petit billet bien loin de ce qu'il demande.
Sur ce, mon petit bonhomme devient tout rouge et commence à s'énerver pour de vrai! Il me menace de représailles, note mon numéro de plaque d'immatriculation et disparait dans un nuage de poussière en tournant les talons. Comme il a quand même pris la peine de prendre mon petit billet, je ne vais pas attendre qu'il revienne et nous considère quitte. Je monte sur ma moto, démarre et disparais à mon tour dans une nuage de poussière. Il était temps, il est midi.

A partir de maintenant, plus question de s'arrêter. On a encore dans les 160km de route ce qui ne serait rien si on était en Europe mais ici, c'est le bout du monde!!
En chemin, Dani et Jo m'agace un petit peu. Ils conduisent un peu n'importe comment. En gros, dès que j'en double un ou les deux, ceux-ci font tout pour repasser devant dans des manoeuvres pas très catholiques ce qui fait que je suis tout le temps derrière à bouffer la poussière qu'ils soulèvent et leurs gazs d'échappement. En plus, dès qu'ils sont devant, ils se remettent à conduire comme des grands-pères ce qui est bien frustrant quand tu es derrière à poireauter en sachant que si je les double, ils vont se transformer à nouveau en bête sauvage et tenter tout ce qui est possible pour repasser devant.
Il faut donc faire une mise au point, ça ne peut plus durer. Aujourd'hui est notre dernier jour de roulage sans la perspective d'arriver à Hanoï le soir même. C'est donc sensé être une journée de plaisir routier ce que je ne peux pas satisfaire au rythme où vont les choses. On convient donc que je passe devant et que les irresponsables de la route me laisse un peu d'avance pour que je puisses profiter de ces derniers tours de roues campagnards.
On retrouve ainsi plus ou moins la configuration qu'on avait lors de la montée du Tran Ton Pass, le col juste avant Sapa. Et comme à cette occasion, je n'ai qu'une envie : tracer la route sans me soucier de rien hormi le fait qu'il serait dommage que je vois les autres dans mes rétroviseurs après quelques kilomètres. J'enchaine donc les virages et les courbes avec assurance et détermination. 120km de bonheur intégral après lesquels je me décide enfin à les attendre pour qu'on termine cette journée ensemble. Il est 17h.
Ils arrivent quinze minutes plus tard, tous fous car ils sont tombés quelques kilomètres plus tôt sur un accident qui a vu une moto passer sous un camion. Moi, je n'ai rien vu de tel donc ça doit être tout frais. A la vue de l'accident, Jo et Dani ont tout de suite pensé que ça pouvait être moi sous le camion et ils sont bien soulagés quand ils me rejoignent enfin!
On double alors cet instant de soulagement en ingurgitant quelques boissons fraiches et en laissant reposer nos postérieurs qui hurlent à la mort, torturés par des heures de conduite sur nos selles qui nous paraissent de bois.

Et puis on repart. Seulement une trentaine de minutes nous séparent de Yen Bai où on passe la nuit. On a pas de mal à y trouver un hotel car ils sont nombreux à l'inverse des touristes qui sont introuvables à cette période creuse de l'année. Aidés des frères négociateurs Dani et Jo, on obtient même un tarif préférenciel qui incluera le prix du dîner qui au final s'avère superflu puisqu'immangeable.
Au retour en chambre, je veux recharger la batterie de mon appareil photo et la remplacer par ma deuxième batterie que j'ai toujours en réserve et qui doit être pleine. Je me mets donc à la recherche du chargeur et de la batterie. Je vide à nouveau mon sac pour me rendre compte au final que dans la précipitation qui m'a été imposée ce matin, je les ai oubliés tous les deux... Ambiance...
Le résultat, c'est que je n'ai plus assez d'énergie pour prendre de nouvelles photos jusqu'au retour à Hanoï et que je vais devoir m'acquitter d'un achat que je n'avais pas vu venir. Ambiance...
Du fait donc, d'une part, de cette nouvelle tragique qui n'incite pas à la fête, et d'autre part, qu'on tombe comme des mouches terrassés par cette journée à vive allure sur la route, on s'endort tôt ce qui change et n'est pas, pour une fois, pour me déplaire.


Le 20 avril, c'est le retour à la civilisation pour peu qu'on considère Hanoï et son traffic comme un endroit civilisé. Au menu des réjouissances : 200km pour passer de routes désertes à des avenues bondées.
On reste donc en ordre serré, histoire de ne pas se perdre de vue dans tout ce bordel. En effet, au fur et à mesure, les camions et leur conduite kamikaze, les voitures et leur conduite suicidaire, les motos et leur conduite hasardeuse se multiplient.
Les trente derniers kilomètres se font sur une large autoroute où, portés par une assurance construite ces douze derniers jours, on se révèle les rois du slalom. On avance donc bon train sauf quand Jo tombe en panne d'essence. Une première fois où il prendra de l'essence dans mon réservoir. Puis une deuxième fois dix minutes plus tard où on perd Dani dans l'opération étant donné qu'il conduisait devant. Ce n'est en plus pas l'endroit idéal puisqu'on est installé en double file le long d'une autoroute à cinq voies!! Bonjour les vapeurs toxiques et bon courage pour trouver une pompe!! On décide alors que Jo reste à sa moto pendant que je vais essayer de remplir un bidon d'essence et trouver Dani au milieu des milliers de deux roues qui nous entourent. Peine perdue : Dani est introuvable et j'ai beau faire pas loin de dix bornes, impossible de trouver une pompe. Je retourne donc auprès de Jo qui m'attend sagement contraint et forcé. A son tour de tenter sa chance sur ma moto en espérant qu'il ne tombe pas encore en panne. Moi, cette fois-ci, je reste auprès de sa monture à sec et sors mon I-pod. Dans l'attente, je suis rejoints par un viet qui passait par là et qui est d'abord bien enclin à me faire la conversation puis qui, une fois que je lui mets mes écouteurs sur les oreilles pour ne pas avoir à prétendre que je suis super content d'être bloqué le long de l'autoroute, ne veut plus les lacher et me propose de m'échanger tout jusqu'à son slip pour qu'il s'en porte acquéreur. Vivement qu'on rentre à Hanoï et à notre hotel!! Sérieusement, vivement!!!!!
Et comme ça fait au total la quatrième fois que Jo tombe en panne d'essence et que ça ne nous est jamais arrivé ni à Dani, ni à moi, il va être temps pour lui de payer sa tournée car il ne faut quand même pas abuser!!!
Il finit enfin par revenir après un lapse de temps qui m'a paru une éternité. Et comble de bonheur et de démerde, il a trouvé de l'essence et Dani qui s'était lui aussi mis à notre recherche.

On est donc enfin tous les trois, tous avec assez d'essence pour rentrer, il était temps!

On retourne à l'hotel pour poser nos sacs avant de rejoindre enfin le garage pour rendre les motos. Pour moi, ça se fera en deux temps car j'ai laissé dans mon sac la clé du cadenas!! Il faut donc que je retourne à l'hotel tout seul avec la crainte évidente de me perdre comme ça s'est déjà produit tant de fois...
Heureusement, cette fois-ci quand même, je suis en moto ce qui prend beaucoup moins de temps qu'à pieds pour faire le tour de toutes les rues du quartier afin de boucler ma quête de cadenas.
De retour au garage, je peux enfin dire que ça y est, on l'a fait!!!

Je me souviens encore que douze jours auparavant, j'étais un vrai bleu-bite de la conduite...
Mais maintenant, à force de percévérance, de pilotage sur des chemins pas vraiment prévus pour nos gros cubes routières, de circuler dans des rues aussi bondées que celles d'Hanoï, je peux aisément ajouter une nouvelle ligne à mon CV de voyageur.
A la rubrique "peux conduire", la mention "moto" trone maintenant en lettres capitales!!
Je suis vivant et les embrayages n'ont plus de secrets pour moi pour peu qu'on ne me fasse pas démarrer sur une piste noire dans le sens de la montée, ou qu'on ne me fasse pas franchir une mer de pierres. Un vrai pro du bitume que je suis devenu, qui l'eut cru????

Quand on retourne enfin définitivement à la chambre, il est temps pour nous de faire le bilan de cette boucle, temps fort parmi les temps forts de mon voyage.
Ca se passe en deux phases comme autant de concours.
Le premier est un concours de marques de T-shirt. Dani, l'allemand à la peau de porcelaine gagne haut la main. Ses bras sont d'un bon teint hallé ce qui contraste avec son buste qui est d'un blanc immaculé.
Le deuxième concours est un concours de brulures. A travers l'asie du Sud-est, quand on regarde les jambes des touristes, on peut sans faillir reconnaitre ceux qui ont fait l'expérience de la moto puisque tous ceux-là ont une marque rouge sur la jambe droite qui correspond à la ligne d'impact avec le pot d'échappement brulant qui se trouve aussi de ce coté. Et là encore, Dani gagne haut la main chaud la jambe. 8 par 4cm, voilà l'étendu des dégats sur son mollets ce qui nous bat à plate couture Jo et moi. Félicitations Daniel, C'est une vraie razzia sur les médailles d'or!!

Et qui dit médailles et podium, dit aussi sabrage de champagne et arrosage de la foule en délire. Sachant qu'en plus, Jo rentre en Belgique le lendemain, ça promet d'en envoyer sévère du côté du zinc!!
Dans les faits, on quittera l'hotel sur les coups de 20h pour une soirée que j'imagine quand même assez tranquille étant donné qu'on est quand même bien cassé. Peine perdue, c'est à 4h du mat' que ça se finit pour moi qui suis le premier à rentrer.
Sur le retour, je passe devant une authentique boulangerie ouverte 24h/24 et me fais fort de les dévaliser.
Je suis rejoints à l'hotel par les deux affreux trente minutes plus tard. Tout le monde a un sacré bon coup dans le nez et une fringalle à ne pas mettre un poulet dehors. On se fait donc une orgie de patisserie jusqu'à 5h30, heure à laquelle on tombe de fatigue avec Dani.
Jo, quant à lui, attendra 6h du matin sans dormir et la navette qui l'amène à l'aéroport.
En partant, il nous réveille mais on est pas vraiment étanche pour des aux-revoirs à la hauteur des quelques semaines que l'on a passées ensembles.
Qu'à cela ne tienne, à la prochaine, c'est tout ce qu'on peut se souhaiter.


 

 
 





 

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20 juin 2009 6 20 /06 /juin /2009 12:40
En direct de l'étape du jour du tour du nord-est du Vietnam,
C'est l'heure du duplex avec notre correspondant.
Le peloton tout entier a franchi la ligne d'arrivée.
Après les interviews et le traditionnel test anti-dopage,
C'est le moment pour les coureurs de profiter de quelques jours de relache bien mérités.
Et ça aussi, il savent faire...


Le réveil du 16 avril, bon anniversaire P'pa, est, comme de coutume quand on pose nos valises quelque part, tardif. Il faut dire qu'on a pas été aidé par la diffusion nocturne d'un match de league des champions qu'on est enfin parvenu à regarder.
On retrouve Antoine, notre local de l'étape, à midi. On peut alors remettre nos fessards au supplice de quelques heures passées sur une selle. Antoine nous fait le privilège d'être notre guide et de nous montrer ses coins préférés des environs de Sapa, et ça ne manque pas.

Le temps d'un tour de clé et on est parti. La route a troqué son enveloppe goudronnée contre une couche poussiéreuse faite de terre et de cailloux qui m'est maintenant familière. Toute la journée, ça ne sera que ça, des pistes en zigzags avec des pentes à ne pas mettre un cycliste dehors. En d'autres termes, ça ressemble plus à un enduro qu'à "la Croisière s'amuse".
D'ailleurs par moment, la croisière galère plus qu'elle ne s'amuse. C'est que nos bonnes vieilles Minsk sont plus faite pour les steppes que pour la montagne. Lorsqu'il faut venir à bout d'une montée à 30°, t'as plutôt intérêt à être bien lancé et à ne pas t'arrêter car autrement, c'est la foire à l'énervement pour repartir. Quand, en plus, tu te retrouves coincé parce qu'un de tes compères parti avant toi s'est retrouvé enlisé et bloque la voie, c'est pas la joie quand il faut t'y reprendre à dix fois pour s'élancer de nouveau. Et même si tout se passe dans la plus grande décontraction, il y a des fois où tu botterais bien quelques derrières.
Mais ces sentiments vengeurs sont bien éphémères, après chaque difficulté, on est récompensé de nos efforts par des paysages incroyables où, comme pour notre première pause, des baignades dans de petites cascades rafraichissantes. Ca nous donne en plus l'occasion à chaque fois de comparer nos tilleuls à antoine et à nous comme quelques grammes de finesse dans cette journée de gros cubes.
A chaque arrêt, les paysants ou les enfants des paysants qui passent par là semblent tout surpris de nous voir mais comme personne n'oublie de sourire toutes dents dehors quand il y en a, tout se passe dans des poignées de mains et des courbettes.

Comme un dessin ou une photo vaut mille discours, et comme rien de vraiment notable hormi ce qui s'offre à nous de merveilles n'est arrivé (on est toujours vivant), je vous laisse vous repaitre des photos de la journées, qui je vous préviens, vont vous éclater la rétine!!

Le soir, on est de retour au village pour une soirée à nouveau passée à quatre. Il faut dire qu'on forme une sacrée bonne équipe donc on ne se prive pas.
C'est par un nouveau passage au bar que la soirée se termine à pas d'heure, on rentre à la maison mort de rire de cette journée de poussière. Quant au lendemain, c'est pas gagné qu'on sache à quoi ressemble le matin...


Le 17 avril, on commence à avoir nos petites habitudes à Sapa. On a notre repère pour les petits déjeuners, pour boire des coups en fin d'après midi, pour dîner et pour finir de se calmer la soif jusqu'au milieu de la nuit.
Le rendez-vous avec Antoine est fixé à 14h ce qui nous laisse largement le temps de nous lancer avec précaution dans cette nouvelle journée ensoleillée. En plus, ça laisse le temps à Antoine de savoir quelle route on va prendre car, à l'inverse de la veille, aujourd'hui il nous emmène là où il n'a jamais foutu les pieds. Tout un programme fait de glissades et d'inconnu en perspective...

Et pour cause... Le chemin n'en est plus un... C'est le lit d'un torrent qui est assèché qu'il faut s'échiner à remonter!! Et comme notre moto c'est le même veau que la veille, je vous raconte pas la partie de plaisir... Il y a même des endroits où je sais d'avance que je ne pourrais pas en venir à bout à moins de me téléporter. Je laisse donc ma place à Dani qui, avec ses grandes cannes, peut littéralement courrir assis sur la moto ce qui aide grandement à franchir tous les rochers qui jonchent le chemin et nous permet une nouvelle fois de nous taper sur les cuisses tant son style partage le même genre d'accadémisme qu'un richard Gotainer en costume orange, vert et violet.
Quand il arrive en haut quand même, les rires laisse la place aux félicitations et aux remerciements. Moi, j'y serais encore!!
D'ailleurs, c'est tellement vrai qu'au moment où je reprends possession de ma machine, celle-ci, sans doute perturbée par les changements de chauffeurs, fait sa caractérielle et n'avance plus d'un pouce. On peut encore la démarrer mais il est franchement impossible d'enclencher quelque vitesse que ce soit.
C'est la tuile, je suis en panne au milieu de nulle part.
Et on a beau essayé de réparer avec le kit fournit à cet effet, on arrive à rien même pas à ouvrir le bloc moteur. Il faut dire que c'est loin d'être évident de dévisser des vis rouillées avec un tournevis en plastique qui ferait même rire un enfant de trois ans...

Je décide donc de rester auprès de mon destrier éclopé pendant que les autres vont s'efforcer de faire venir un mécano jusque là. Je les regarde donc partir en espérant les revoir sous peu et ne pas avoir à dormir dans la montagne.
Ensuite, je m'installe une petite couchette sur un coin d'herbe avec une vue imprenable sur la vallée et passe l'heure qui suit à regarder les villageois rejoindre leur maison à des kilomètres de là dont il me propose la visite si ma situation ne s'arrange pas d'ici à la fin de la journée.
Mais on en arrivera jamais à cette extrèmité, après cette heure d'attente apaisée plus que fébrile, Dani, Jo et Antoine reviennent avec dans leur suite, un viet qui n'aura besoin que d'un coup du même tournevis que nous pour remettre ma titine sur les bons rails. Merci monsieur!!! Victoire!!!!

Après, tout est facile. Ca dépote dans tous les sens.
Ca dépote même tellement que je manque de rater un virage dans l'excitation enfièvrée de mes retrouvailles avec la vitesse. Chaleur finalement sous controle, mais chaleur quand même!

Au final, avec toutes ces péripécies d'ordre mécanique, il est vite temps de rentrer au bercail. Sur le chemin du retour, Antoine nous arrête chez une de ses collègues qui nous accueuille quasimment comme ses fils. Et comme elle travaille comme Antoine dans un hotel onéreux de la ville, son anglais est parfait ce qui nous permet, enfin, d'avoir une vraie conversation avec un local. Ca fait du bien!! Il aura fallu deux semaines!!!

La soirée est comme une douce routine. On se fait exploser la panse et on enchaine les allers-retours aux toilettes pour soulager des vessies qu'on ne cesse de remplir. Seul fait notable dans cette frénésie d'ingestion, c'est la première fois à Sapa qu'on fait la fermeture du bar ce qui n'est pas un mince exploit car celui-ci ferme ses portes une fois et une fois seulement que le dernier client quitte les lieux. Et comme ce soir, les derniers clients, ce sont bibi et les zozos...


Le 18 avril, il avait d'abord été question qu'on quitte Sapa mais comment voulez-vous qu'en se couchant à 3h du matin, on soit de bon pieds bon oeil pour se fendre de 200 km sur les routes vietnamiennes?
Le réveil de 8h30 s'est donc de lui-même transformé en un réveil de midi ce qui est très digeste et très confortable pour mon organisme de marmotte. Le temps de se faire beau et propre et on part avec Dani et Jo faire une petite ballade motorisée dans les rues de Sapa armés de nos appareils photos. Mais aujourd'hui pour les photos, ce n'est pas l'idéal, le ciel est menaçant et on a vite fait de rentrer à la base et achetant au retour un kit de raquette de badminton avec l'espoir que si le ciel ne nous déverse rien sur la tête, on puisse faire un minimum d'effort en courant derrière le volant.
Et alors qu'on est rentré, comme la pluie ne tombe pas, je pose l'appareil photo et on fait quelques échanges rapides, freinés qu'on est dans notre élan par un matériel de fortune. Tous les deux coups de raquette, les volants au lieu de rebondir sur le cordage le traverse de part en part, ce qui n'est pas très pratique...
Constatant la défaillance, on arrête là les efforts et on retourne à la chambre. On en est sorti peu après par Antoine qui nous rejoint et nous propose de nous joindre à lui pour boire un pot sur le marché avec tous ses potes locaux et expatriés. Pas la peine de nous le demander deux fois, glou glou, c'est tout nous!

L'après-midi file donc paisiblement, à tel point que je m'ennuie un peu pour dire la vérité. On en a tellement bavé pour arriver jusqu'à Sapa que je ne me vois pas ne rien faire jusqu'au lendemain pour le grand départ. J'enjoins donc Antoine pour un tour en moto. Pas la peine d'insister beaucoup, il est le seul à avoir des fourmis dans les cylindres.
Une fois casqués, on redescent plein pot dans la vallée jusqu'au bord d'une petite rivière. Là, sur la rive se trouve un restaurant dont Antoine est un habitué. Il lui faut aller dire bonjour. On descent donc de selle et alors qu'on rentre dans l'établissement, l'orage commence à gronder, la pluie à se déverser en de grosses gouttes. On a finalement bien fait de s'arrêter, on a pensé à rien au moment de partir et on ne s'est chargé de rien.
On s'abrite donc sous un grand parasol en se faisant servir de grandes assiettes de victuailles. impossible de se laisser mourir de faim à cause de trois gouttes!!
L'averse ne dure finalement qu'une trentaine de minutes, c'est pas grand chose mais assez quand même pour qu'on décide de rentrer des fois que ça recommence. Dans la montée, je suis une nouvelle fois dans mon élément, j'enchaine les virages et sème l'ami molette. A l'arrivée, en vingt cinq minutes d'acrobaties, j'ai cinq minutes d'avance sur mon deuxième. Pas mal...

Je retourne à l'hotel en promettant à antoine un dernier verre le soir même. Là, je retrouve Jo et Dani qui ont un étrange sourire béat sur le visage.
- Qu'est ce qui se passe les gars, vous me faites peur à sourire comme des clowns sanguinaires.
- Tu devineras jamais quoi!
- Quoi alors?
- On discutait peinard avec une femme qui voulait nous vendre des sacs et la conversation allant, elle a bien compris qu'on ne lui achèterait rien. C'est le moment qu'elle a     
choisi pour sortir l'artillerie lourde!!
- Mais encore?
- Regarde ça!!
Là-dessus, Jo me tend un petit paquet rempli d'une espèce de pate à modeler noiratre et daubante.
- C'est quoi?
- Putain mais t'es neuneu?!? C'est l'opomme!! On se fait ça ce soir?
- Ca se pourrait si vous arrivez à me convaincre ce qui ne devrait pas être trop dur...

On s'est donc évertué à ne pas sauter directement à pieds joints dans notre expérience psychotrope du jour. On a filé se raffraichir la tête autour d'un bon dîner avant de partager une dernière bière avec Antoine qui méritait bien ça. Et on a fini par rentrer à la chambre vers 21h.
Traditionnellement, la meilleure façon de déguster l'o-pomme c'est de la déguster avec une bonne pipe. Mais de bonne pipe on est pas propriétaire alors ne nous reste qu'un choix. Gober directement la pate.
On se lance tous les trois en même temps comme des nageurs entameraient une course de façon synchronisée, chacun sur son plot. 1, 2, 3, mangez!!!
Première impression, le gout est vraiment dégueulasse, c'est comme manger du goudron gluant.
Deuxième impression après un quart d'heure, rien ne se passe. Deuxième et dernière tournée. De toute façon, après il y en a plus... 1, 2, 3, re-mangez!!
C'est toujours aussi infect et on se pose chacun sur son lit en attendant de voir si la mer rouge va s'ouvrir devant nos yeux ébahis. Durant cette attente interminable, un éclair de lucidité me foudroye : qu'est ce que j'ai foutu de mon appareil photo??????? Je me souviens l'avoir posé quand on a commencé à jouer au badminton mais depuis plus rien... C'est le néant...
Intense moment de stress exactement quand tout ce que je souhaitais, c'était le plus de calme et de sérénité possible pour ouvrir la porte à de toutes nouvelles sensations. Quel timing!! Dans mon angoisse, je descends les marches de l'hotel et me mets à chercher partout autour mais rien. Nulle part. L'appareil photo, envolé. La sérénité, pareil. Dans ma tête, je n'ai pas assez de mots pour me traiter de tous les noms!! Je file ensuite à la réception de l'hotel pour éventuellement savoir si quelqu'un l'aurait déposé mais tout le monde dort déjà.
Bordel!! Il est 22h et tout le monde roupille!! Dans quel monde de lève-tôt on vit??
Résultat, il va être impossible que je me calme jusqu'au lendamain et la confirmation de ma stupidité. Et l'o-pomme dans tout ce bordel? J'imagine qu'avec tous ces soubresauts, je suis pas près d'avoir des visions!!! Et pour les autres c'est pareil, à peine une vague sensation de planer, on aurait mieux fait de rester au bar!!

On finit par s'endormir sans en savoir finalement plus sur les vertues de l'o-pomme et sans être beaucoup plus avancé quant à ma saloperie d'appareil photo. Vous avez dit bonne nuit? Au moins comme le réveil est branché à 6h30, les certitudes concernant la caméra devrait être vite levées...


Je préfère te laisser dans ce nouveau suspense irrespirable que de te dévoiler tout de suite la suite.

Si tu veux à ton tour t'apaiser, je te laisse découvrir les photos et vidéos de Sapa qui sont, je pense, parmi les plus réussies de tout le voyage ce qui n'est pas une mince affaire.
Et toi, qu'est ce que t'en penses?



 

 




 
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18 juin 2009 4 18 /06 /juin /2009 11:02
Mets pas tes roues en canard, c'est la chenille qui redémarre,
on avance bien et tant mieux, j'apprécie quand j'me fais pas d'bleus!!


Ca fait deux jours que je m'initie aux joies et aux frissons de la conduite avec boite manuelle sur deux roues. On a laissé les embouteillages à Hanoï. Devant nous, ce ne sont que routes désertes qui s'offrent comme des sirènes à Ulysse. Mais gare à la tentation d'aller trop vite, la sirène est une sacrée traitresse!!

Le 13 avril, je commence enfin à maîtriser mon sujet. Les problèmes liés à l'apprentissage s'évaporent comme Brice au soleil. Les 164 kilomètres qui s'annoncent pour cette journée placée sous le signe du beau temps devraient n'être qu'une partie de plaisir; une de plus. Attention tout de même à ne pas baisser la garde, on a levé le camp à Sonla depuis moins d'une heure que je manque de me manger un cochonnot suicidaire.
C'est la loi de la route au Vietnam comme il en va dans les autres pays d'Asie du Sud-Est, la route appartient avant toute chose au bestiaire qui peuple champs et maisons. Les cochons sont des rois, les vaches des reines et les volailles des ducs de Bourgogne, ou pas.

Ici, la chaussée est plutôt bonne et lisse mais à mesure qu'on progresse, on rencontre de plus en plus chantiers en tous genres. Apparemment, tout le réseau routier vietnamien est en réfection ce qui est une bonne chose pour les motards qui passeront par là dans quelques mois, mais pour nous par moments, il faut traverser des kilomètres de terrains vagues où la seule possibilité pour s'en sortir si on ne veut pas se vautrer dans les grandes largeurs ou s'enfoncer les pieds dans des flaques sans fonds, c'est de suivre les sillons laissés par les pneus des voitures. Je n'en emmène pas large car il n'y a pas beaucoup de place. Chaque fois qu'on dévie ne serait-ce que d'un pouce du sillon, ce sont les glissades qui reviennent au galop.
Autre changement également dans la configuration de la route, plus on avance vers le nord, plus les montagnes nous entourent, plus les courbes laissent la place à des virages en épingles dans lesquels il est bien difficile de s'amuser tant il faut les aborder avec prudence.

A midi, c'est le moment idéal pour attraper un bon coup de soleil en s'arrêtant au beau milieu des rizières sachant que c'est bien difficile de se protéger derrière une pousse de riz haute comme trois pommes.
Et puis, de toute façon, au diable le soleil!! L'ndroit est réellement magnifique et mérite largement qu'on y attrape un bonne suée! Pendant cette pause, pleins de vietnamiens passent à côté de nous à vélo, et à chaque fois, c'est l'interrogation qui se lit sur leur visage autant que la joie se lit dans leur sourire et leur façon de nous saluer sans exceptions.

L'après-midi s'effectue au même rythme, peinard. Les virages sont toujours aussi traitres et je me garde bien de faire la course voire même d'essayer de suivre Jo et Dani qui s'en donnent à coeur joie en flirtant avec les lois de la gravité, s'inclinant autant que possible dans les virages pour garder une allure de pilote.
Tous les dix kilomètres environs, ils sont obligés de m'attendre pour savoir si je suis seulement en retard ou si je n'ai pas une une relation suivie avec un gouffre. Ce petit manège se poursuit jusqu'au soir mise à part les vingt derniers kilomètres qui sont une longue descente continue vers Muong Lai où on compte bien trouver un hotel pour la nuit. L'ultime descente s'entame comme une course contre la nuit et étant donné mon rythme de sénateur, il est dors et déjà dit que je vais finir à la lanterne.
Dès les premiers tournants, les furieux sont déjà loins. Je suis semé comme le bon grain.
Je les rejoins en bas quarante minutes plus tard dans la nuit d'encre. Ils sont là à bailler aux corneilles, ils ont déjà fumé une voire deux cigarettes. Je me fais traiter de grand-père. Voilà pour l'esprit... Mais comme je suis vivant avec toutes mes mains, tous mes coudes et toutes mes fesses, je me garde bien de leur en tenir rigueur à ces garnements...

Arrivés à Muong Laï, on fait tout le tour du bled pour comparer les hotels. On tourne, on tourne et on tourne encore.
En fin de compte, il faut se rendre à l'évidence, la ville n'en compte qu'un qu'on a d'abord visité un première fois avant d'aller voir ailleurs étant donné les prix pratiqués. On a bien essayé d'aller dormir chez l'habitant mais on s'est fait proposer une étable où les cafards sont plus nombreux que les brins de paille donc on est retourné la queue entre les jambes à l'hotel à proprement parlé dans lequel on partage un lit double pour trois avec les pieds qui dépassent puisqu'on est obligé pour tous tenir dans le sens de la largeur.
Qu'à cela ne tienne, on est crevé et ma propension à dormir dans toutes les circonstances ne s'est jamais aussi bien portée donc... Banco, on fait banquette.


Le 14 avril, on continue notre progression vers le nord. Aujourd'hui doit être une journée pépère car on a que dans les cents kilomètres à rugir. Enfin pépère, c'est vite dit car comme la route est à nouveau plus en courbes qu'en virages, comme on voit qui vient en face des centaines de mètres à l'avance et que de toute façon il n'y a personne, c'est à fond de quatrième qu'on fait défiler le paysage. Comme tout se prête à la confiance, j'ouvre la route la poignée dans l'angle, c'est à mes lascars d'essayer de me suivre!!
On vient à bout du parcours en trois heures et quelques, c'est la première fois depuis qu'on est parti qu'on ne lutte pas pour finir avant la disparition du soleil. Ce n'est pas tant que ça fasse une différence majeure en terme d'occupation de la fin d'après-midi puisqu'on en fait rien de spécial, mais c'est toujours plaisir quand on peut minimiser les heures passées sur la selle tant, à force, on finit par avoir des culs rouges et durs comme ceux des babouins.

En chemin, le moment de frayeur quotidien est la traversée d'un nouveau chantier. Alors qu'il fallait passer à côté d'un tractopelle, je m'engage. C'est pile-poil le moment également choisi par le conducteur pour faire pivoter son engin. Je manque de me retrouver les quatre fers en l'air car la pelle me frole à quelques centimètres sans que ça ne choque qui que ce soit.
Or, un Braïce, c'est 62-63kg. Un tractopelle, c'est X tonnes!!! Différence notable et vision effrayante!!!

Ce jour également, on reste bloqué pas loin d'une heure devant une barrière car ils sont en train de refaire le goudron sur toute la largeur de la route!! Ils ne pourraient pas commencer par un côté, laisser sècher, et passer ensuite à l'autre côté; non, tout en même temps, c'est nettement plus simple, d'autant plus quand il faut rouler ensuite lorsque la barrière se lève, sur l'asphalte encore chaud et à moitié liquide!

Enfin bon... On est arrivé à Lai Chau et c'est ça qui compte. On est dans un hotel qui n'a rien à voir avec celui de la veille : on a une salle de bain avec de l'eau chaude, chacun un lit, pour un peu, on aurait presque l'impression que c'est du luxe!

A l'heure du dîner, comme on a pas envie de faire comme deux jours auparavent, c'est à dire errer pendant plus d'une heure avant de trouver une table, et comme on a pas non plus envie de faire comme la veille, c'est à dire donner nos dollars à des hoteliers aux factures oligarques, on fait confiance au LP qui nous promet la gargotte la plus accueuillante de la ville.
Et en effet, Le patron nous donne l'accolade malgré le fait qu'il lui manque les deux bras, c'est vous dire. Les gens parlent un anglais approximatif mais un anglais quand même. Et, top du top, il y a un menu, c'est Bizance!! Donc résultat, on a beau mangé local, c'est bon, pas 100% graisseux, en portions de vikings, et le tout pour pas plus cher qu'une canette dans le métro parisien.
Après le repas, on se sent tellement bien qu'on discute de longues longues minutes avec le patron et comble de chance, on rentre chez nous juste avant que se déclenche l'orage qui durera jusqu'au matin. Dans la chambre, on passe près d'une heure à rire sue les programmes qui passent à la télévision vietnamienne. Pour vous donner, tous les programmes étrangers sont doublés par une seule et même personne!!! Et, si dans une même scène, vous avez des hommes et des femmes, ça ne fait pas de différence, une seule voix!! A mourir de rire!!
Jusqu'à l'heure du dodo.


Le lendemain 15 avril, c'est le départ ultime vers notre destination finale : "Sapa" où on pourra enfin s'alanguir puisqu'on devrait y passer au moins trois nuits. Ca va faire du bien d'avoir un quartier général au lieu de toujours avancer et recommencer chaque soir la quète d'une couche, d'un couvert, etc... En plus, comme on a que 65km à faire, on a le temps de partir la fleur au fusil.
Le rythme est tranquille, personne n'est pressé. Il ne vaut pour eux ne pas l'être car ma moto commence à montrer des signes de fatigue évidents. J'ai par exemple toutes les peines du monde à changer les vitesses ce qui est pourtant bien pratique quand on doit sans cesse enchaîner courtes lignes droites et virages serrés. Ca pourrait aller mais comme aujourd'hui on doit franchir le plus haut col d'Asie du sud-est en partant de la vallée, j'aimerais autant que possible que ça se passe sans heurts...
Jo et Dani ont donc repris leurs bonnes vieilles habitudes, à savoir rouler devant. Et chaque fois qu'on s'arrête, je leur fais part de mes mésaventures. A tel point que, alors qu'on est aux pieds de l'ascension, je les rejoints et les entends me brailler :
- T'arrêtes pas! De toutes façons on te rejoint!!!
Il n'en fallait pas plus pour m'échauder et transcender l'esprit de compétition qui parfois me caractérise. "On te rejoint"... On va bien voir...
J'entame alors la montée avec la même rengaine qu'Attila : si la route était faite d'herbe, pas moyen qu'elle ne repousse après mon passage! Je me cale donc en troisième sachant que la quatrième n'offre aucune sorte de reprise étant donné l'angle de la pente, et je suis parti tel un diable quasiment alongé sur mon guidon. Je double camions, voitures, motos, rien ne me résiste, c'est comme si j'étais sur un tapis volant. Parfois, je peux voir en contrebas la route que j'ai parcouru quelques minutes auparavant afin de repérer les provocateurs. Mais comme jamais je ne les aperçois, je suis toujours à me dire qu'ils sont juste derrière et j'en remets une couche.
Les bornes kilométriques qui affichent les kilomètres me séparant de Sapa défilent : 35, 30, 25km, et toujours pas une grande gueule dans ma roue. C'est d'autant plus plaisant que j'ai beau être pleine bourre, je suis en controle total, pas une frayeur sur toute la montée.
Peut-être une petite quand en arrivant proche du sommet je remarque les nuages qui gravissent eux aussi la pente. Ils faut dire qu'ils sont poussés pas un vent d'enfer qui les fait avancer encore plus vite que moi. Les salauds... Suréaliste!! Mais impossible de lutter... J'ai juste besoin de passer en plein phare alors qu'il est 13h et de continuer la maestria!! Vroum!!

Pas la peine que je me fatigue à vous dire que je coupe la ligne le premier en arrivant au sommet, merde, je viens de le faire, ne reste plus qu'à attendre mes petits camarades fanfarons. J'en profite pour enfiler mon coupe vent ainsi qu'une polaire pour la première fois depuis l'hiver népalais, ça fait bizarre mais c'est nécessaire. Avec le vent qui souffle, il ne fait que dans les 12°.
Toujours personne?
J'en profite pour aller poser ma pêche dans les fourrés.
Toujours personne?
Pause cigarette, pause photo.
Toujours personne? Mais qu'est ce qu'ils foutent? Une demie heure que je suis là!! Je me remets donc en selle et fais demi tour. En fait, les bougres sont une centaine de mètre derrière le cul posé sous une tente où une jeune femme fait des brochettes et sert le thé chaud. Les salauds! Ils ont cru que j'allais jusqu'à Sapa le nez dans le guidon et ils en profitent pour faire un gueuleton!! Heureusement qu'il reste des brochettes pour moi!!
On se fait donc un mini déjeuner iconoclaste en se demandant parfois si la tente ne va pas s'envoler à cause du vent qui souffle en rafale bretonne ou si on a pouvoir retrouver les bécanes à dix mètres de là tant les nuages nous entourent.

A l'issue de ce frichti au milieu de rien, il est temps d'achever cette mi-boucle commencée il y a cinq jours. On est tous équipé de quasimment tous les vêtements qu'on transporte quand on prend la route de la descente. On convient de se suivre à allure modeste pour faire une entrée triomphale et groupée dans les rues du village tant désiré.
Et donc, quand on arrive à ses portes, le sentiment d'accomplissement est immense. Les croisés ont atteint Jérusalem, tant mieux pour eux. Nous ont a fait Hanoï - Sapa, et c'est pas mal non plus!!
A Sapa justement, on entre dans le village à côté du lac. La vue est idyllique, c'est sûr que ça va nous plaire. Et puis on a pas longtemps à attendre avant de trouver notre GH. Alors qu'on est en train d'effectuer le tour du lac, une femme en scooter se met à notre hauteur et nous propose de la suivre jusqu'à son hotel. En même pas cinq minutes, nos sacs sont posés, nos corps à l'horizontal la tête sur l'oreiller et nos esprits en paix. Enfin pas longtemps car on est pas venu jusqu'ici pour dormir instantanément. Au lieu de ça, on préfère faire le tour du bled à pieds pour mieux en apprécier les attraits. Et ils ne manquent pas. Il y a partout des restos au dessus de notre moyenne personnelle, des bars sympathiques avec musiques de qualité et tables de billard, des marchés en plein air pleins de couleurs.
Il y a quand même un revers à cette médaille. Qui dit bars et restos dit touristes à gogo. Dans les rues, la moitié des gens a quelques souvenirs à acheter et l'autre moitié a quelques souvenirs à vendre. en fait, on ne peut quasiment pas faire un pas sans qu'une vieille femme ou qu'une gamine ne vienne et vous suive sur quelques mètres pour vous proposer bracelets, chapeaux, etc...
Ca pourrait être pesant mais comme tout se fait dans des sourires, c'est courtois et bon enfant. On a tôt fait d'oublier tout ce cirque pour apprécier l'endroit à sa juste valeur. C'est charmant encore et plus.

On s'en délecte donc jusqu'au soir en enchainant en trois heures déjeuner et dîner.
Ensuite, on s'en retrouve à boire quelques coups dans un bar dont la politique est de fermer quand le dernier client quitte les lieux ce qui est bien urbain!! Dans le bar, on rencontre Antoine, un français qui vit à Sapa depuis six mois et travaille dans un hotel. Les deux jours suivants sont ses jours de repos et comme il est autant content de nous rencontrer que l'inverse, il propose d'être notre guide motorisé pour les deux journées qui viennent. Vous avez dit hospitalité?
On se quitte vers 2h après quelques parties de billard contre des filles des tribus locales à la langue bien pendue et à la répartie humoristiquement assérée.
Demain, c'est plus de chemins de traverse, de rizières, de cascades.
Elle est pas belle la vie??


Et maintenant que les motos sont à la remise, je te fais le plein de bisous au lieu du plein d'essence. C'est nettement plus agréable!















 

 
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15 juin 2009 1 15 /06 /juin /2009 13:59
Pas facile de se remettre à l'écriture, d'autant plus que je sors de 39 de fièvre...
Heureusement que je te parles d'un temps où tout allait comme on mange des Ovomaltines sous le soleil du Vietnam, enfin quand il brille...

C'est le 11 avril, jour à marquer d'une pierre blanche que je n'espère pas tombale, jour à se mettre sur son 31 si on était pas sûr qu'il soit déjà tout sale au coucher du soleil. Aujourd'hui, comme il était prévu déjà la veille, on part en mission motorisée vers le nord vietnamien le coeur bien accroché et la confiance un brin douteuse. C'est mon baptème de conduite en mode vitesses et embrayage et à voir mon passé de voltigeur en mode automatique, ça promets déjà!! Gare à vous 'tites nenfants, veaux, vaches, cochons, le cavalier boiteux arrive!! Tous aux abris!!

Mais avant ça, il va falloir se lancer.
Nous sommes toujours quatre à Hanoï, Marius est parti la veille et c'est aujourd'hui le tour de Nat de nous dire au revoir. C'est à 7h que la journée commence, les coqs ont déjà poussé leur premier râle ce à quoi on est déjà habitué. Ce qui sort plus de l'ordinaire, c'est que de l'autre côté du mur de notre chambre, le mur le plus prêt de nos têtes bien sûr, c'est un concert de marteau et de perceuse qui débute. C'est assez assourdissant pour qu'on se demande tous si les ouvriers ne vont pas passer à travers le mur pour nous apporter un petit déjeuner garni de pépites de ciment.
Moi perso, c'est seulement à 8h que je me fais cette réflexion car c'est seulement à ce moment que la case "ils en font un boucan!" se coche dans ma tête. Avant je dormais au grand étonnement du reste de la chambrée... Ils devraient déjà s'être rendus compte depuis le temps mais bref... On a tous les yeux ouverts pour ce qui devrait être pour Dani, Jo et moi, notre dernier réveil à Hanoï avant le prochain, une grosse dizaine de jours plus tard. Et quand on dit réveil à Hanoï, qu'est ce qu'on dit aussi? Mau? Mauso? Mausolée d'Ho Chi Minh bien sur!!
Après tous nos rendez-vous manqués, ce salHo n'a plus le choix, il devra nous ouvrir la porte étant donné qu'on connait toutes règles entravant une éventuelle visite. En plus, on lui fait le privilège de lui dédier la première étape de notre parcours moto, alors si avec tout ça il est pas content!!!

Il faut d'abord s'occuper d'aller chercher les motos... Retenant de nos erreurs passées à se perdre dans un verre d'eau, on s'équipe chacun d'une carte de visite contenant le nom de l'hotel et son adresse afin d'être vraiment sur de ne pas passer la journée à retomber sur nos pattes. Une petite collation plus tard, nous voilà rendus au garage et comme tout est déjà règlé, il n'y a plus qu'à enfourcher et fendre la bise! Fendre la bise? T'en a de bonnes toi!!
Notre première obligation, en plus de respecter le code de la route et de ne pas se foutre en l'air, est d'aller remplir nos réservoir d'essence. On tente donc de partir en formation serrée dans cette fourmillière qu'on appelle la rue. C'est déjà peine perdue. Aujourd'hui pour Bibi, passer la première est plus difficile que de botter le cul des allemands en 39, c'est mission impossible! Une fois, deux fois, trois fois, les autres sont déjà loins que je m'énerve déjà. Et puis je transpire aussi dans ce cocktail de coups de talon matinés d'énervement. Stressssssss!!!!!!!!
Voyant le tableau, un des garagistes vient me sortir de là et démarre la moto lui même. Je lui propose de nous suivre sur tout le périple pour me prêter assistance à chaque arrêt contraint et forcé, et lui, ça le fait bien marrer d'un rire ni contraint ni forcé!
Je suis donc finalement en première, en route mauvaise troupe!
Il va maintenant s'agir de retrouver les deux compères, direction la station service. Passage de seconde. Surréaliste!! Du premier coup!!! Champagne! Ou pas... Je conduis, je peux pas tout faire et puis on est au Vietnam, pas confortablement blotti à vos côté avec un Nicolas en bas de la rue.

J'arrive à la station service. Les deux gars sont en train de tenter de faire le plein. Je dis bien tenté car il faut faire comprendre à l'employé local que la mécanique russe de nos machines a besoin d'un mélange d'huile et d'essence pour fonctionner. Bon courage!! Après moultes tentatives d'explications doublés de mîme, c'est quand même fait. Ne reste plus qu'à rejoindre l'hotel, prendre nos sacs et faire nos adieux à Nat qui nous y attend déjà, depuis le temps que je galère. La liaison est une nouvelle fois pavée de bonnes intentions mais y'a pas à dire, sur une échelle de pilotage de zéro à dix, je pars des zones négatives!!
En gros, c'est la merde pour passer les vitesses, pour rétrograder, pour ne pas caler, pour tout ce qui fait de la conduite une activité dont il faut un permis pour la pratiquer.
Les autres sont donc constamment en train de m'attendre étant donné qu'en plus, j'arriverais à me perdre dans mon propre chez-moi si ce n'était pas un 20m².

On arrive quand même à l'hotel. Et on est encore à peu près dans les temps pour l'oncle Ho, c'est donc qu'on avance quand même. Nat est là toute triste, il faut dire que ça fait plusieurs mois qu'elle voyage avec Jo et qu'elle va redécouvrir le voyage en solo jusqu'à son retour en France prévu peu de temps après. On commence donc les embrassades quand, exactement au même moment, le tonnerre déchire la quiétude toute relative des environs. Les embrassades continuent les yeux un peu plus tournés vers le ciel, quand une première goutte s'abat sur le sol. Il est en fait impossible de déterminer laquelle est la première goutte tant c'est une purge qui tombe sur la ville sans coup férir. Nos motos sont là, garées à l'extérieur, Ho Chi Minh un peu plus loin à rire de nous, et nous, on se demande ce qu'on a fait pour mériter ça. Innimaginable
de prendre la route dans ces conditions dantesques, on se retrouve suspendu au bon vouloir de Dame Nature.

Après une heure, c'est toujours le même cirque. Ho chi Minh m'a tuer...
Après une heure trente enfin, c'est l'accalmie et le retour des embrassades, cette fois-ci c'est la bonne, pas question de rater cette fenêtre d'éclaircies. Chacun se promet de ne pas se perdre de vue, on récupère nos sacs et on se vise les fesses sur la selle. Finies les répétitions, place au road-trip dans toute sa démesure, "A la Che" comme dit Jo.
On part donc à la traversée d'Hanoï de part en part. Notre itinéraire urbain se fait sur de larges avenues ponctuées de feux tricolores. Une fois sur cinq, je calle car ma moto ne supporte pas que je lache les commandes au point mort comme elle le devrait pourtant. Ca pourrait ne pas être gênant outre mesure mais lorsque cela se produit au passage au feu vert et qu'ils sont plusieurs centaines derrière à klaxonner, c'est la zénitude qui se fait la malle.
Revers de la médaille, quand tout tourne rond parce que ça arrive plus de fois que tu ne dois le penser, c'est un bonheur de se laisser porter par le flot des deux roues qui fourmillent. On trouve facilement notre bon de sortie d'Hanoï, il ne pleut plus et comme la route est asphaltée, même si c'est mouillé, c'est encore pas trop gênant.

Enfin, vers 13h, on quitte enfin le centre-ville même si le traffic ne se clarsème pas pour autant. Il n'y a plus de feux, plus de raisons de s'arrêter tous les cinq cents mètres.
Mais pour les remplacer, un autre challenge se profile, tous les camions qu'on ne voit pas en ville, on les voit ici; et les camions au Vietnam, c'est ce qui se fait de plus rapide et de plus irresponsable entre tous les véhicules. Ca double même quand il y a du monde en face, à toi de trouver une place où passer. Ca conduit à gauche même s'il faut conduire à droite. Ca accélère dans les flaques même si tu passes à côté. C'est le mastodonte dans toute sa splendeur au milieu des frêles mobylettes qui continuent de pulluler de partout.

Après quatre heures de conduite, on s'est enfin extrait du bordel principal, ça sent bon, c'est plus vert que gris, c'est enfin la campagne. On en profite donc pour faire un premier arrêt pour débrieffer ces premiers tours de roues et que chacun raconte là où il a failli se prendre un bus, un camion ou un chien. C'est aussi l'occasion de faire retomber la concentration parce que quatre heures consécutives de slalom entre les accidents potentiels, ça vous froisse un cerveau!

Ensuite, on repart pour trois nouvelles heures.
C'est à mon tour de me créer des histoires à raconter quand le soir sera venu avec un veau sans doute bercé trop près du mur qui n'a rien trouvé d'autre à faire que de passer d'une position couchée à une position course effreinée quasimment sous mes roues. Il s'en est fallu d'un museau que je l'entrecote!!

A mesure que la journée défile, le paysage change passant des plaines, aux plateaux, aux montagnes. La configuration de la route change aussi parallèlement en étant maintenant à flanc de montagne jusqu'à dominer les nuages. Il fait même un peu frisquet. Les virages se suivent à rythme modéré, la conduite s'effectue à rythme soutenu.

Enfin, on arrive à Mai Chau, notre étape pour la nuit avant qu'on y voit plus rien. C'est l'occasion de prendre une énorme claque car Mai chau, c'est enorme de beauté. C'est niché au beau milieu des rizières d'un vert transcendant, entouré de sublimes montagnes. Ca vaut le déplacement qui valait déjà de lui-même.
L'occasion est trop belle de profiter du moment en buvant un coup en laissant reposer nos derrières meurtris par sept heures de selle rebondissante. On s'attèle à la tache jusqu'à ce qu'on y voit plus rien, puis on part à la recherche de la meilleure option couchette possible. C'est à nouveau l'occasion pour Jo et Dani d'hésiter et de faire jouer la concurrence à tout va pendant une heure mais je m'en fous, je suis VIVANT et la moto INTACTE!!
Les "que choisir" finissent par se mettre d'accord et on se retrouve à trois, à l'étage sans cloisons intérieurs, d'une grande maison sur pilotis, où la famille finit s'installer nos paillasses et notre dîner. Celui-ci nous sera livré "en chambre" peu de temps après. C'est copieux, goutus, parfait pour nos corps et nos esprits fourbus.

Et puis comme on en a jamais assez, on est ressorti boire un bière et faire quelques parties de billard sur une table qui passe sa vie dehors à la merci des intempéries. Jamais vu une table pareille, même au Népal pendant le trek à 2800m, c'était plus praticable malgré un tapis fendu sur un demi-mètre de long! La table est même tellement ravagée que c'est la raison pour laquelle on finit nos boissons rapidement et qu'on va se mettre au lit. Et j'ai beau être d'un naturel nocturne, comme je suis VIVANT, je m'en contente largement!!!


Le 12 avril, c'est la pluie qui sonne le réveil. Il est 9h et il pleut averse. Comme c'est toujours inconcevable de conduire dans ces circonstances où, même si on a pas d'accident on attrape quand même une pneumonie, on remet le départ à la fin de la mousson. Ca nous laisse tout loisir de déguster le petit déjeuner fait exclusivement de pain et d'oeuf et de se dire que la douche est en option puisqu'elle est de toute façon dehors sous les trombes d'eau qui s'abattent de manière anarchique et qu'elle est froide.

A 10h30 enfin, on peut se mettre tous cylindres dehors. Pour Dani et moi, ça prend dix minutes sans raisons valables hormi le fait que nos bécanes ne veulent rien savoir, les feignasses! On serpente ensuite au milieu des rizières un peu au petit bonheur la chance à la recherche des meilleurs points de vue en essayant au maximum d'éviter les chemins boueux. Une fois quand même, il faut qu'on franchisse un courte côte maus une côte abrupte. Jo se lance avec succès. Dani s'élance à son tour, c'est cahun-caha mais ça passe. Pour moi, bien sur, c'est la tuile, je reste bloqué au milieu. Comme la moto est quand même bien lourde et la pente bien pentue, je ne m'imagine pas la descendre en marche arrière sans la prendre sur la figure. Et pour la finir en marche avant, il faudrait déjà que j'apprennes à faire un démarrage en côte!!
Je suis donc super mal barré quand une vieille femme sort de sa maison à quelques mètres de là sans doute alerté par les rires des zouaves germano-belges. Je la vois retrousser ses manches alors qu'elle se tient debout derrière moi en équilibre précaire. Tout en gestes, elle me fait signe que tout va bien se passer, qu'il suffit que j'enclenche et qu'elle s'occupe du reste. Et en effet, ce petit bout de force de la nature m'a littéralement issé hors de mon misérabilisme. Dans un sourire emprunt de respect, je lui fais ma plus belle révérance avant de filer dans un nuage de fumée.

Jusqu'à la fin de la matinée, on reste donc autour de Mai Chau à profiter, à glisser. Je suis content chaque fois qu'une difficulté est derrière nous. C'est l'expérience qui rentre et le souvenir des chutes laossiennes qui s'éloignent...
Puis on finit par retrouver la route goudronnée, toujours entre montagnes et rizières.
A l'heure du déjeuner, on traverse un village où on convient de s'arrêter pour reprendre des forces. Seulement, c'est vraiment rural, extrèmement difficile de se faire comprendre, quasiment impossible de trouver à manger. On déniche quand même d'abord une petite boutique où on ne vend, bizarrement, que des yahourts. Difficile de se satisfaire de ça même si c'est bon. On déniche alors encore un nouvel endroit qui ne mérite même pas de porter le nom de gargotte. La seule chose qu'on arrive à se faire proposer, c'est de la peau de poulet et du gras de poulet, heureusement avec du riz pour aider à faire descendre le tout. Espérons que pour le dîner, on parviennent à trouver quelque chose d'un peu plus digeste...

Toute l'après-midi ou presque se fait sous un soleil radieux. La route est faite de larges courbes qu'on peut prendre à vive allure au milieu d'un traffic nul. C'est le paradis de la conduite! Au final, on passe six nouvelles heures sur nos chevaux mécaniques jusqu'à l'arrivée à Son La qui se fait sur une cinq voie complètement déserte, ridicule, à fond de quatrième pour finir de tester la mécanique. Nos fesses auraient, comme la veille, bien besoin d'un massage. Nos estomacs auraient bien envie d'être maintenant remplis de belle manière.
On part donc depuis notre nouvel hotel à la découverte de la ville et à la recherche d'un énième restaurant. Seulement, là où se situe notre GH, il n'y a rien autour et comme des idiots, on a tellement faim et on pense tellement trouver de quoi festoyer dans un court rayon, qu'on en oublie de prendre nos bécanes. Après 20 minutes de marche, on passe devant un premier établissement. C'est un restaurant, à n'en pas douter. Il est ouvert pour sûr. On entre. On demande à voir le menu. C'est peine perdue, il n'y a rien à manger, et quand je dis rien, c'est nada, peau d'balle, nib, que dalle, zéro, quéquette...
Les gens qui se trouvent là à ne rien faire nous disent quand même qu'on peut s'adresser de l'autre côté de la rue. On traverse.
- Vous avez à manger? Manger? Non? Quoi en face? Qu'on aille demander en face? Sûr?
On passe alors 5 minutes à traverser la rue, les vietnamiens à se refourguer la responsabilité de nourrir nos estomacs affamés, sans compter que un kilomètre à pieds, ça use, ça use...
Peine perdue, on poursuit. Peine perdue, on désèspère.
Vingt nouvelles minutes pendant lesquelles on s'éloigne encore de l'hotel. Puis à l'horizon, de la lumière. Quoi? Une superette!!!!
On fait donc le plein comme si le scénario devait se reproduire pendant dix jours!! Gateaux, noisettes, pain, vache qui rit, tout le paquetage du parfait Troupe de Marine en campagne!! On est donc super content, même si on se dit quand même que Son La est au moins dix fois plus grand que Mai Chau et qu'il et inconcevable qu'on y trouve que du paté pour chien!
On continue donc à marcher, j'en ai pleins les pattes.
ET ENFIN, après plus d'une heure d'atermoiments, l'oasis au milieu du désert, le centre ville autour duquel on a finalement fait que tourner!! Et qui dit centre-ville, dit restaurant. Et qui dit restorant, dit double ration de spaguettis bolognaises pour tout le monde, ça devrait nous calmer!! Et oui, c'est vrai! Ca calme!!
On est tellement calmé qu'on rentre à l'hotel en taxi pour s'éviter une nouvelle transumance, avec sous le bras, notre trésor de guerre, des cocheneries à grignotter jusqu'à plus soif.
Il est minuit quand on ferme les écoutilles en n'oubliant pas que ça fait maintenant deux jours qu'on est parti et qu'on est toujours VIVANT!!

 




 
 
  

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11 juin 2009 4 11 /06 /juin /2009 10:21
Nous sommes de retour à Hanoï, je me sens tel un malfaiteur revenant sur les lieux du crime...

Aujourd'hui, c'est le jour des premières séparations. La 5ème compagnie, les cinq doigts de la main, les cinq sens commencent à se déliter. C'est Marius qui s'occupe du réveil puisque c'est lui qui s'en va en ce jour du 10 avril, départ accompagné par un ciel qui pleure de millions de larmes comme il se doit. Il flotte à ne pas mettre une roue dehors ce qui tombe plutôt mal puisqu'il devrait s'agir du premier jour d'une nouvelle aventure : un tour d'une dizaine de jours en moto dans le nord-Vietnam pour les quatre qui restent, Nat, Jo, Dani et Moi.
Il pourrait également question d'aller enfin rendre visite à Ho Chi Minh dans son mausolée mais toute compte fait non puisqu'on obtient l'information que le type n'accepte la visite de personne le vendredi qu'on y aille le matin ou non. Décidemment, même mort, il arrive à nous mettre des batons dans les roues le bougre!

On passe donc la matinée à lézarder en, attendant que ça se calme au dehors.
Nathalie, elle, passe le plus clair de son temps à se lamenter sur ce qu'elle veut faire ou ne veux pas. Il est clair qu'elle ne compte pas conduire une moto par elle-même et la perspective de passer 10 jours à l'arrière sur une selle et des routes inconfortables ne la botte pas plus que ça... Elle est donc sur internet ou dans la chambre à tourner comme une lionne en cage se demandant s'il est préférable d'aller à Sapa en train et de nous y attendre ou de ne pas y aller du tout. On est donc tout proche d'un nouveau divorce dans le groupe ce qui ne serait pas pour me plaire car je l'aime bien Nat.

La météo nous fait finalement profiter d'une accalmie à l'heure du déjeuner. On se dépêche donc de libérer la chambre, bien décidés à ne pas râter cette fenêtre de tir pour mettre les bouts. On fait donc d'abord fonctionner le levier à fourchette avant de se mettre en quète du loueur de motos que Dani avait déjà répéré avant qu'on aille à la Baie d'Halong.
Sur le chemin, Dani, encore lui, se dit qu'il lui serait bénéfique de s'acheter un paire de chaussures. Soit, il n'a alors que des tongs à se mettre sous les orteils...
Avec les deux autres, on le laisse partir fouiner dans une rue toute entière spécialisée dans la vente de godillots pas chers. L'attente commence. 20 minutes, puis 30, puis une heure et il ne revient toujours pas! Et l'heure tourne, il est pas loin de 14h sachant que pour la première journée, à vue de carte, on doit avoir dans les cent bornes à conduire en sachant qu'il va falloir que j'apprennes à maîtriser la bête, en principe munie d'un embraillage, en quittant Hanoï, royaume du foutoir circulatoire.
Enfin, Dani revient après une disparition d'une heure vingt!! On est content de le voir revenir parce qu'on commençait sérieusement à s'inquiéter mais il se fait quand même remplir l'oreille pour le temps passé à faire la midinette qui n'est jamais contente de ce qu'on lui propose. En plus, Jo doit encore passer dans les bureaux d'Air Asia acheter un billet d'avion pour le retour à hanoï ce qui promet encore une belle perte de temps pour les autres!

Dans tout ce bordel et cette désorganisation, j'en ai ma claque!! Jamais on ne pourra quitter Hanoï dans un lapse de temps nous permettant d'arriver à Mai Chau avant la tombée de la nuit ce qui est la moindre des choses quand on débute toujours dans l'art de la conduite diurne. Je fais donc part à tout le monde de mon désapointement et annonce de but en blanc qu'il est inconcevable qu'on parte aujourd'hui, que chacun est libre de faire quartier libre, qu'on part demain matin sans faute.
Et comme c'est la bonne solution, tout le monde y adhère sans broncher. Non mais, il ne manquerait plus que ça!!

Mais comme on est dans le voisinage du loueur, on va quand même réserver les bécanes pour le D-Day, ça peut en plus nous donner l'occasion d'essayer les machines puisque de toute façon on était conditionné à la conduite.
On s'y présente donc, on effectue toutes les formalités pour avoir trois montures qu'on nous présente aussi sec.
Ce sont des Minsk, elles sont construites en Russie. Elles ont l'air d'avoir fait la guerre même si on nous promet qu'elles ont été achetées neuves deux ans plus tôt. Il faut dire qu'elles sont sans fioritures, tout y manque sauf l'essentiel : deux roues, un phare, des freins, une selle, le compte est bon. Après avoir essayé nos casques, il est maintenant l'heure de les essayer. On y va à tour de rôle à faire le tour du paté de maisons.
Jo y va le premier, confiant. Il fait le tour dans la minute.
Dani lui succède. Plus rapide que pour acheter des chaussures, il est aussi de retour avec le sourire sur le visage peu de temps après.
C'est alors mon tour et comme j'ai un peu le trac je commence par dire :
- Mais non c'est bon, ça a l'air de marcher, je préfère essayer demain à l'heure du grand départ.
Les autres, interloqués, répondent en coeur :
- Allez, fais pas ta meuf, enclenche et reviens, c'est facile!!!
Impossible de ne pas répondre positivement même si ce n'est pas l'envie qui manque tant je sais d'avance que ça va être bancal vu que les embraillages et moi, ça fait surement pas deux!!! Je grimpe mes fesses sur la selle et on est sur la brèche. Le démarrage se fait au kick car il n'y a pas de démarreur automatique. La première s'enclenche et voilà la route qui défile avec à mes côtés des centaines d'autres deux-roues. Pas question pour moi d'essayer la deuxième, je suis déjà bien content d'avancer! Un premier tournant, clignotant, je vire; deuxième tournant, une voiture à qui il faut que je cède la priorité arrive, je stoppe et cale...
Ensuite c'est trois minutes de lutte pour redémarrer la meule, je stresse, je transpire, c'est la galère. Enfin quand même je repars et finis par faire le tour du paté de maisons en à peu près cinq minutes, soit quatre de plus que Jo et Dani. Vivement demain que j'ai la confirmation de mon incompétence!!

On laisse alors le garage à ses affaires et chacun peut alors vaquer à son gré afin de ne pas faire de cette journée une journée perdue.
Pour ma part, je suis Jo jusqu'au comptoir d'Air Asia afin de voir si je ne peut pas réserver un vol pour les Philippines à la fin du mois. Seulement quand on y arrive, tout le système internet a sauté. On a plus qu'à partir se ballader et revenir plus tard, ce dont on s'acquitte sans peine. On y est de retour vers 16h le ventre rempli et les doigts collant d'un ananas acheté au débotté et cette fois, tout fonctionne sauf le vol que j'avais en tête car Air Asia fait la liaison mais il faut passer 24h en transit à Kuala Lumpur en Malaisie puis atterrir à Manille dans un aéroport situé à plus de cent kilomètres de la ville. Inconcevable.
Pendant que je me rend compte de l'inutilité de ma démarche, Jo achète son billet pour Bangkok, au moins on est pas venu pour rien.

Vient alors le moment de rentrer à la GH, on se met donc en marche. On contourne le lac comme à notre habitude avant de bifurquer dans la direction estimée de la maison. Puis on progresse dans le labyrinthe urbain. Un kilomètre, deux kilomètres, on devrait déjà y être...
On tourne alors comme des fous sans que jamais on ne tombe miraculeusement sur notre rue. Parfois, on reconnait un boutique, un temple ou autre chose mais jamais on est foutu de retrouver la bonne rue. On sait pourtant qu'elle ne doit pas être bien loin puisque c'est notre quartier!!
Dans les faits, on met deux heures pleines de marche à bon rythme pour enfin pouvoir s'étendre à bon compte sur nos plumards. Il était temps, je commençais vraiment à dépérir. C'est pas tant le fait de marcher deux heures mais quand on crois à chaque carrefour retomber sur nos pattes et que ça ne se produit jamais ô grand jamais, c'est épuisant...

Pendant qu'avec Jo on était occupé à chanté "un kilomètre à pieds, ça use les souliers", Dani a eu le temps de faire son shopping, Nat a eu le temps de décider qu'elle rentrait en france dans la semaine ce qui est incompatible avec notre emploi du temps motorisé, snif... Adieu présence féminine, bienvenue testostérone à tous les étages.
C'est donc le dernier soir de Nat avec nous et elle n'a qu'une envie, nous engrainer dans une nouvelle soirée dansante et alcoolisée. Mais en ce qui me concerne, d'une part j'en ai pleins les pattes et d'autre part, son départ est tellement soudain que c'est comme recevoir une claque dans la face. Je décide donc de rester sous le ventilateur de notre chambre pendant que les autres s'en vont se dégourdir les hanches. Théoriquement, ils devraient être de retour vers minuit mais à 1h, ils ne sont toujours pas là. Je m'endors et à 3h, je suis tiré du sommeil par Dani et Jo qui ont finalement pu dégoter le tilleul tant attendu et me soufflent des nuages de fumée dans les naseaux. Tu parles d'un réveil!!
Une taffe plus tard, je suis de nouveau sur la route du sommeil pendant que la chambre s'enfume. Pas moyen que j'ai les cheveux qui tirent pour la journée de demain qui promet déjà d'être épique, mais c'est une autre histoire.

Faîtes de beaux rêves, moi je nage dedans.


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