Grand temps d'en finir avec le conte de mes histoires au Laos!
Je tiens à dire tout d'abord que c'est inversement proportionnel avec le sentiment que j'ai eu de quitter ce merveilleux pays qui m'a enchanté mais comme même les meilleures choses ont une fin, je me mets enfin en route vers le Vietnam...
Quand je me suis réveillé au matin du 31 mars, j'ai tout de suite réalisé que pour la ènième fois, les moines et moi, on a pas vraiment le même rythme... Qu'est ce que c'est que cette manie qu'ils ont de se lever aux aurores. Ils ne peuvent pas prendre leur petit déjeuner autour de 10h comme tout le monde! Ca m'aurait au moins permis de les admirer plus souvent qu'une seule et unique fois en presque une semaine passée à Luan Prabang.
De toute façon, ce matin, je n'ai pas vraiment de regrets étant donné que le ciel est tellement bouché que je me demande quand il va me tomber sur la tête. Ca ne saurait tarder même si pour l'instant, en m'éclipsant discrètement de ma chambre d'hotel, c'est encore sec à l'extérieur.
Je précise discrètement car je n'avait vraiment pas envie de me répendre en excuses de ne pas avoir réveillée ma voisine à 5h40 comme je me devais.
C'est donc sur la pointe des pieds que j'atteints la réception où tout le monde est très surpris de me voir partir. Ca faisait déjà quelques jours que, lorsque je me couchais, je disais à qui voulait l'entendre que j'allais lever le camp le jour suivant mais cette fois c'est vrai et ça soulève presque l'indignation chez mes hotes. Seulement aujourd'hui je n'y peux rien, il faut vraiment que j'y ailles. Mon visa vietnamien prend effet au 2 avril et comme c'est également la date d'entrée dans le pays de Nathalie et Jo de l'amicale des joyeux déconneurs que j'ai déjà croisés à de nombreuses reprises, il faut que je m'active le jonc si je veux avoir une chance de les intercepter sur la route de la frontière.
Je file donc au pas de charge vers l'embarcadère en eau douce et me dégotte un bateau partant dans l'heure vers Nong Khiaw à environ six heures de navigation de Luan Prabang en direction du nord.
Le frêle esquif arrive, j'embarque et m'assois sur l'une des chaises en bois dont je sais d'avance qu'elle va me ruiner le fessard bien avant d'atteindre ma destination. Seulement, j'espère bien que les panoramas sauront me faire oublier tout ça. En effet, ce tronçon que j'emprunte aujourd'hui est cessé être l'un des plus spectaculaire qui peut être donné à voir à qui veut bien se faire mal au derrière pendant six heures.
Mais, alors que le bateau est parti depuis quelques pauvres minutes, la pluie montre son nez. Les nuages bas, c'était déjà pas suffisant, il manquait la pluie pour rajouter un peu de dramaturgie à l'ensemble.
Le résultat de tout ça, c'est que quand il pleut, la vie du fleuve entre dans une douce hibernation. Pas un pêcheur, pas un gamin qui joue, seuls les bufles s'en moquent, comme si ils avaient le choix!!
Dans le bateau, les passagers sortent les imperméables au lieu de sortir les appareils photos et tous sans exception, hormis votre serviteur, s'équipent d'un très seillant gilet de sauvetage.
La traversée se passe à la vitesse d'un escargot qui courre. Les paysages sont sublimes à mesure que l'on s'éloigne de Luan Prabang mais on n'en profite que très sporadiquement car il y a beau y avoir de magnifiques montagnes de part et d'autre de la rivière, le plus souvent, on en voit que la base car les sommets sont autant recouverts de nuages qu'une pièce montée est couverte de crème fouettée. Heureusement dans tout ça, je peux quand même discuter avec les autres passagers embarqués dans cette croisière sans retour.
Je rencontre entre autre Jérome, un français fraichement débarqué du territoire national comme on dit quand on est ministre de l'intérieur, puisqu'il a quitté notre terre natale depuis seulement deux jours!! Tu parles d'un décallage pour lui et son enthousiasme fait plaisir à voir malgré la grisouille qui nous entoure de tous bords. On dirait déjà un roi de la baroude tant il a déjà oublié ses vieux réflexes de français plaintif qui font malheureusement notre réputation. Et malgré les trombes qui tombent maintenant, il y a vraiment de quoi tout oublier tant le spectacle est dantesque. Entre les paysages accidentés et la nature qui nous jouent des tours, c'est renversant, sans doute pour ça que les gilets de sauvetage sont de sortie!
Il est finalement 17h quand on arrive à Nong Khiaw et comme prévu j'aurais bien besoin d'un massage des fessiers! Assis sur une planche pendant six heures, vous m'en direz des nouvelles!!
J'ai quand même chaud au coeur quand la pluie s'arrête enfin, à croire que c'était seulement pour rendre la navigation plus exaltante.
Avec Jérome, on part à la recherche d'une GH pour la nuit sachant que pour ma part, je vais remettre les voiles dès le lendemain. On s'en déniche une d'enfer. Deux petites cabanes de rien construites sur pilotis juste sur les rives de la rivière avec un grand espace commun pour des repas de qualité, rien que ça.
Pour le dîner, on retrouve certains de nos partenaires d'équipage : trois allemand(e)s, deux japonais et nous deux. Le compte est bon.
Mais pour ma part, je mange au lance-pierres n'ayant pas encore digéré le coup de Trafalgar version virus de l'ami Lambert. Je n'ai pas fini mon nettoyage la veille et pour ma tranquilité d'esprit, il va être bon de savoir à quoi m'attendre une fois celui-ci terminé.
Je retourne donc me lancer dans une intense prise de tête à 21h30 et ne termine celle-ci que vers 2h du matin, heure à laquelle le village est plus proche du lever que du coucher. Rien que de très normal donc... Comme le fait que malgré mes espérances, il semble que je vais trainer jusqu'au bout des séquelles du virus sur mon archos. Rien que de très normal...
Au matin du 1er avril, je retrouve au moment d'engouffrer mon petit déjeuner Jérome ainsi que Olie et Avi, le couple d'allemands de la veille. Et ces deux là ont eu une aventure pas banale. Au cours de la nuit, ils ont eu des problèmes de rongeurs. A plusieurs reprises, ils ont été réveillé par des souris qui ont pris leur chambre pour repère. Ils ont ainsi mieux compris pourquoi sur un de leur mur, une affichette proposait de louer un chat pour l'équivalent d'un euro!! Incroyable!!! Ca me laisse vraiment sur le cul, je n'en reviens pas!!! J'imagine le propriétaire sans foi ni loi qui met à disposition des piaules infestées de souris pour se faire un peu plus de beurre sur le dos de ses résidents en exploitant sans vergogne un chat à l'appétit d'ours.
Poisson d'avril!!! L'imagination et le sens de l'humour germains sont à l'honneur ce matin!!!!! Et moi, j'applaudis la malice des deux mains jusqu'au moment où il est l'heure de dire au revoir à tout ce petit monde car mon bateau suivant n'attend pas.
Je prends donc mon sac, me mets en route, me rapproche de l'embarcadère, et remarque deux silouhettes familières un peu plus loin sur la route. Qui vient d'arriver à nong Khiaw alors que j'en pars? Ana et Steve!!!!!!
Dans la seconde, je laisse tomber mon sac à terre et courre les bras grands ouverts dans les flaques laissées par les intempéries de la veille. De l'autre côté, Steve dans une symétrie parfaite fait la même et après vingt mètres de course chacun, on se tombe littéralement dans les bras l'un de l'autre. Moment d'extase fraternelle s'il en est dont il faut bien profiter car les retrouvailles ne durent que quelques minutes après lesquelles je m'éclipse avec regrets de ne pas pouvoir poser mes valises plus longtemps ici en leur compagnie. Mais c'est la vie, espérons seulement qu'on aura d'autres occasions à l'avenir de courir l'un vers l'autre en comparant ensuite qui de nous deux aura le plus fait les 400 coups...
Je suis donc de retour sur le pont d'un bateau. Et à la différence d'hier, il y a un soleil radieux qui innonde la vallée de ses rayons généreusements caniculaires. Je n'ai donc plus à m'assoir sur un siège fait de douleur mais à l'arrière, la tête au vent, alangui au dessus du bloc moteur à la verticale du soleil.
Qui plus est, le spectacle est en tout point comparable avec celui de la veille mais en version dégagée. C'est le moment de ressortir l'appareil photo et d'en profiter autrement mieux que les 28 autres personnes, la tête sous une bache les protégeant de l'insolation, qui occupent l'embarcation de douze mètres de long. En un mot, on est un poil chargé.
Et si on peinait à s'en rendre compte, il suffit aussi de voir le type assis complètement à l'arrière avec ses quatre chiens sur les genous!
La journée est donc idyllique au possible.
Seulement, il y a toujours un revers à la médaille dans la vie tourmentée du Braïce... Il fait 40° au soleil, il fait sec comme pas possible, pas besoin de protéger quoi que ce soit d'une pluie éventuelle. Et pourtant, dans tout ce calme climatique, j'aurais dû me méfier.
Mon petit sac, celui qui contient tous mes objets de valeur, est installé à l'intérieur du bateau à la limite de la bache qui fait office de toit. Et le bord de celle-ci goutte lentement de la pluie de la veille, et ces gouttes, elles atterrissent directement sur mon sac. Je remarque ce manège aquatique après trois heures de navigation et récupère mon bien pour estimer les dégats, si dégats il y a.
L'ordi est OK. L'archos est OK. L'Ipod est OK. Le portefeuille est OK. Quoi alors?
Je vais vous la faire autrement...
L'ordi, l'archos, l'Ipod, le portefeuille et le passeport sont dans un bateau. Le passeport tombe à l'eau. Qu'est ce qui reste au sec?
Bordel de Zeus!!! Mon passeport est détrempé!! Tous les tampons effectués jusqu'alors sont en train de baver sur toutes les pages autour. Les timbres se décollent. Il ne manquait plus que ça!!!
Je passe donc les deux heures de soleil restantes à ventiler le tout dans la chaleur du jour. Mais alors qu'on arrive à Muang Khua, rien n'est arrangé, c'est toujours la fête à la grenouille pour mon document administratif le plus important et de loin. Et comme je ne voyage pas avec un sèche cheveux, il faut quand même pas déconner, je n'ai plus qu'à laisser le temps et le sec faire leur oeuvre... Je mets donc la souillure à sècher dans ma nouvelle chambre et pars tenter d'oublier tout ce brin dans les rues du village qui plonge doucement dans l'obscurité.
Je remonte alors la rue principale avec la rivière dans le dos quand j'aperçois atablés dans un rade les loustics dont j'étais parti plus ou moins en quête : Nat et Jo!!
Nouvelles retrouvailles dans cette journée animée malgré six nouvelles heures assis sur le pont d'un bateau. Et celles-ci s'annoncent plus fructueuses qu'avec Ana et Steve, étant donné qu'on prend le même chemin. Dans le rade, se trouvent également Marius et Dani, deux allemands, encore, que j'avais rencontrés un peu plus tôt au Laos.
C'est donc dans la joie et l'allégresse qu'on enfile les bières comme des perles, comme un adieu à la Beer Lao.
Le ciel est constellé d'étoiles lorqu'on file dans un restaurant proche se remplir la panse plutot que le gosier. A dire la vérité, on fera les deux en fin de compte.
Des français, un belge, des allemands, comment pourrait-il en être autrement?
Dans notre restaurant très très local, on est entouré de locaux. Ceux-ci sont à un stade d'ébriété inateignable même pour nous. Ca chante, ça festoit, c'est gai.
Vers la fin du dîner, alors qu'on approche le moment où on se dit tous à demain, je crois apercevoir un éclair dans le ciel qui s'étale sous nos yeux. Vu le temps qu'il a fait aujourd'hui, tout le monde se fout de ma tronche et croit à l'hallucination. Mais j'ai pas la berlue. Dix minutes plus tard, les éclairs se multiplient, l'orage gronde et la tempête s'abat de tout son poids sur notre incrédulité. C'est le déluge en mode XXXL!!
Et comme on est plus ou moins à l'abri quand les rafales ne renvoient pas la flotte sur nous qui sommes à l'abri, on reprend une tournée comme pour conjurer le sort et attendre une accalmie. Mais d'acalmie, il n'y a pas et c'est sous la tempète que chacun regagne son hotel. Et comme à Muang Khua, il n'y a pas d'électricité passé 22h, c'est un parcours du combattant qui s'offre à nous et surtout à moi qui habite au bord du fleuve avec entre la GH et la rue, un terrain vague devenu warzone à traverser...
Tant bien que mal, je retrouve le chemin et fini par arriver détrempé jusqu'à mon pieu et mon passeport encore trempé. A nous deux, on peut maintenant dire qu'on fait la paire!!
Seulement moi, je sèche en un rien de temps; pour le passeport, il faudra attendre encore un peu pour savoir si je vais devoir l'inhumer ou s'il va renaitre de ses cendres...
Quant au Vietnam, il nous tend maintenant les bras.
Le minibus devrait partir le lendemain à 6h ce qui indique que le réveil sera une nouvelle fois à mettre dans les anales des réveils autres qu'onctueux et délicats.
Mais c'est l'essence même du voyage, l'essence même de mon quotidien.
Pas de temps morts ou le moins possible et par tous les temps, l'aventure nous attend comme t'attends aussi une nouvelle vidéo de Nang Khiaw si tu tends à savoir à quoi ça ressemble une fois la pluie passée.