A Vang Vieng, capitale laosienne du débit de boissons et autres substances aromatisées, vous l'aurez compris, on a fait ce qu'on avait à faire avec panache et endurance. Vous comprenez aussi pourquoi quand on voyage avec Steve dans des endroits tel que celui-là, les emplois du temps se noircissent à tel point que l'écriture à beau hurler qu'il faut qu'on s'occupe d'elle, elle a du mal à se faire entendre dans cet environnement tumultueux...
Quoi qu'en changeant d'endroit, c'est pas impossible que sa petite voie sur-aïgue soit couverte par le vrombissement d'un moteur de moto, par le crépitement de l'huile sur le feu ou par de la musique forte à se déchaîner les guiboles. C'est pas compliqué, il y a toujours quelque chose d'urgentissime à faire à la place, même ne rien faire c'est pour dire...
En tout cas, pour se remettre le pieds à l'étrier, la première des choses est de quitter ce lieu de débauche enfiévrée.
Et aujourd'hui 25 mars, c'est pas trop compliqué de tourner les talons et de dire au revoir car c'est la pire journée météo depuis le début du voyage si l'on excepte les trois jours où je suis retourné brièvement sur Paris la Belle. Il pleut à vous demandez si vous n'habitez pas dans un lac. Les gouttes sont des balles de golf et les flaques des mers intérieures... C'est d'ailleurs la première fois que je me serre de mon coupe-vent comme d'un imperméable et ça le vaut!!!
Le truc c'est que la veille, on a refusé de réserver notre billet de bus pour Luan Prabang avec la GH parce que c'était une bouchée de pain plus chère avec une prise en charge directement à la réception mais seulement, au moment de prendre cette décision, le soleil irradiait toute la région!! donc aujourd'hui, jour de douche, il faut qu'on aille jusqu'à la gare routière à pieds sous le déluge, ouais...
La conséquence de tout ça, c'est qu'au moment de monter dans le bus, on voudrait mieux monter dans une essoreuse. Une ouïe canine saurait nous détecter à des kilomètres tellement ça fait floc-floc quand on marche avec nos pieds qui boient jusqu'à plus soif.
Une fois à l'intérieur avec Ana et Steve, on se fait le petit pari de déterminer à l'avance combien de temps le minibus va mettre pour effectuer le trajet. On est alors en début d'après-midi et tout le monde table sur une arrivée nocturne entre 20h30 et 21h30. Pour affiner nos prédictions, on se base moins sur le nombre pas énorme de kilomètres à engloutir mais plus sur l'état de la route et notre connaissance certaine du rythme pachidermique auquel roulent les véhicules au Laos.
Et bien accrochez-vous bien comme nous on s'est accroché dans le bus à tout ce qu'on pouvait, on est arrivé avant 19h. Le chauffeur n'est pas un chauffeur, c'est un pilote!!!
Sur le trajet, on s'arrête une fois à la demande d'un couple d'allemands qui étaient assis à l'avant, et dès que notre fusée sur roues se stoppe et que les portes s'ouvrent, c'est de façon complètement synchronisée que nos deux teutons répandent sur la chaussée tout ce qu'ils ont ingérés ces dernières douze heures... C'est pas très sympathique comme spectacle, ni à regarder, ni à entendre, ni à sentir, mais leur aptitude à tout faire en même temps aura au moins rendu ça distrayant.
Note technique : 7/10
Chorégraphie et synchronisation : 9,5/10
L'Allemagne est sacrée championne de ce voyage haut la main! Applaudissons la performance!!
Une fois arrivés à Luan Prabang, c'est le même manège qu'à l'accoutumée : se mettre un toit au dessus de la tête avec un lit dans un coin et poser nos sacs.
Pour se faire, on traverse tout le marché de nuit qui ici court sur des centaines de mètres. Tous les stands y vendent quasiment la même chose, c'est le panier souvenirs de la ménagère qui est à profusion ici. Pas un local n'achète quoi que ce soit, c'est pas le public visé, snif... Après avoir traversé le marché avec nos kilos sur le dos comme des bêtes de somme dans un supermarché, on remonte la rue principale toute éclairée en se rendant compte d'une chose : Luan Prabang, on en pas encore vu 2% et pourtant on sait déjà qu'on adore! L'architecture est remarcable et il se dégage de partout un charme indéniable. Impossible de marcher les yeux rivés au sol, ce serait la pire des punitions tant c'est mignon tout plein!
Et au bout de la rue, on finit par trouver une GH à notre gout et à notre budget. Une chambre double pour le couple anglo-suédois et une chambre double pour le couple à moi tout seul. Et dès qu'on s'installe, on sait déjà comment ça va se passer à l'hotel, ma chambre est le nouveau lieu de squat à la mode, tant pis encore pour l'écriture qui crie ô sa rage et ô son désespoir.
Le temps donc de prendre grassement possession des lieux et la faim vient à se faire sentir. On s'évertue donc à la faire taire elle aussi en s'installant le long du Mékong, profitant ainsi du fait qu'ici il ne pleut pas. Pour l'anecdote, parce que j'aime bien ça moi les anecdotes, je commande un curry des familles sans prendre le soin de préciser "pas trop épicé". Bien mal m'en a pris, c'est l'incendie des papilles en règle qui s'en suit! Et même en laissant refroidir le plat, ça ne coupe en rien la chaleur pimentée dans l'assiette. Caramba, aïe aïe aïe!!! On ne m'y prendra plus, au moins jusqu'à la prochaine fois...
On finira par rejoindre l'hotel peu après à défaut d'appeler les pompiers. Luan Prabang nous gagne et on s'endort au tilleul...
Le 26 mars, c'est enfin l'heure de voir la ville de jour et d'arpenter un tant soit peu ses rues charmeuses d'yeux.
Au premier abord, on est étonné par le nombre de moines qu'on croise ici. Ensuite on est moins étonné car il y a des temples et avec eux des monastères partout. Ca fourmille de robes orangées et ça c'est bon pour l'objectif! On fait donc le tour non-exhaustif des lieux immancables à la recherche du cliché parfait. Ca passe par des temples donc, mais aussi par un pont en bambou dont la traversée est rendue payante par une famille qui ne s'en laisse pas compter, par un village dont le seul intéret pour nous en ce jour caniculaire est qu'on peut y trouver des boissons fraiches avant de faire demi-tour.
En un mot comme en cent, ça se passe bien, sans temps morts jusqu'au coucher du soleil qu'on va admirer en haut d'une colline recouverte d'arbres en tous genres et avec à son sommet un nouveau temple majestueux. Et le tout en centre-ville s'il vous plait... C'est plaisir... Et sans alcool (si, si, c'est possible)...
Au retour de cette journée de marche, on est tous les trois biens atteints par le rythme et par la chaleur. On a donc qu'une envie, s'enfourner un repas complet avant d'aller mettre la viande dans le torchon.
On file donc se farcir un nouveau restaurant façon bistrot, à la mode de Luan Prabang. Ca ne mérite pas d'autre commentaire que mes félicitations au chef, c'est délicieux, bonne nuit. Et sur le chemin retour, à mesure qu'on se rapproche doucement de la GH, de la musique se fait entendre et s'amplifie.
Vous vous souvenez à Ventiane du Mekong festival, de sa mariée sur skis et des assiettes de fromages avec vin rouge de rigueur? Et bien, le festival s'est exporté à Luan Prabang ce soir. Ca se passe dans les jardins d'une maison coloniale cossue et l'ambiance est teintée de guiguette. Accordéon, chenille, Claude François, tout y passe. Tout y passe même nous...
J'avais dit qu'on était fatigué? Ah mais ça c'était avant. Avant qu'on retrouve Nathalie et Jo avec qui on avait déjà fêté le soleil et la bonne humeur à Vang Vieng. Et bien l'un dans l'autre, la guinguette plus les retrouvailles et on est reparti comme des larrons en foire jusqu'au bout de la nuit! Ca danse, ça chante, ça boit aussi... Un belge et un anglais, tu comprends mieux?
On ira donc jusqu'au bout de ce Mekong festival dont c'est le dernier jour avant de s'en aller gaiement prendre d'assault ma chambre, comme il se doit. L'hospitalité ça veut dire quelque chose!! Quelque chose jusqu'à 3h, car après, en tout cas ce soir, je suis plus étanche, bonne nuit les petits et bonjour marchand de sable!
Comme tous les jours maintenant, le réveil du 27 est à nouveau tardif. Merci Vang Vieng de nous imprimer des rythmes à l'envers, au niveau du sommeil c'est comme si j'étais à Paris. Ah ben bravo!!! C'était bien la peine de faire des milliers de bornes pour arriver au constat que je ne suis pas du matin!!
On arrive quand même tant bien que mal à s'activer autour de midi et à s'enfiler des sandwishs taillés dans des demi-baguettes. Miam!!!! Ensuite, c'est à nouveau l'heure de l'exploration en terrain inconnu avec aujourd'hui une star en son genre : la cascade Tat Kuang. Pour y accéder, on affrête un tuk-tuk et alors qu'on arrive sur place, on est quasiment les seuls sur le sîte. Le temps est alors un peu nuageux sur les bords avec le soleil qui peine à se faire une place.
La visite débute par un immense enclos dans lequel s'ébattent des ours qu'on a recueuilli ici blessés ou qu'on a arraché aux mains des braconniers et autres traficants. Tout est fait pour leur confort. Ils ont suffisament de jeux pour ne rien avoir à demander à Noël, de la nourriture à foison et même des hamacs adaptés à leur taille et à leur morphologie de plantigrades... Pour les ours ici, c'est un peu le bonheur, si je veux... On les regarde donc jouer un moment avant de remonter un sentier qui s'enfonce dans la forêt. Et là, l'environnement est réellement féérique. On débouche sur une série de bassins naturels dans lesquels l'eau se déverse dans de larges cascades. L'eau y est d'un vert emeraude. Les papillons y sont rois. La forêt semble être enchantée.
Pas moyen de rester sur notre faim même si ça aurait encore une toute autre gueule si le soleil parvenait à magnifier les couleurs.
On pourrait donc faire le choix de se baigner tout de suite mais on préfère d'abord faire le tour du propriétaire en attendant de voir si ça veut bien se dégager...
On reste donc sur le sentier à s'émerveiller en attendant avec impatience de se jeter à l'eau. Et à un moment donné, alors qu'on arrive vraiment en amont des chutes, le payage se dégage pour laisser place à une cascade d'une trentaine de mètres qui alimente en aval toutes ses petites cousines. Quel spectacle!! Et c'est pas fini... On peut ensuite prendre un chemin escarpé qui grimpe jusqu'au sommet de la chute-mère, on va pas se priver d'aller voir!
On commence donc l'ascension à proprement parler. L'endroit est abrupt, glissant, un paradis d'aventurier. D'ailleurs en parlant d'aventures, qu'est ce qui se passe quand on est sur le point d'arriver en haut??? Une goutte. Deux gouttes. Mille gouttes. Des milliards de gouttes!!!! L'orage sur la tête!!!!! On est alors tout en haut, essayant vainement de se protéger de la pluie en s'abritant comme on peut sous les arbres, le premier véritable abri étant à une grosse douche de là. Peine perdue, tout le monde est trempé et la chose chose qui compte c'est de protéger avec succès les appareils photos de la noyade.
Les trombes d'eau s'abattent pendant une demi heure pendant laquelle on ne peut pas bouger ni imaginer la tête du chemin au retour! Déjà que sous le sec, c'était coton, mais alors là maintenant!! C'est pourtant le passage obligé pour redescendre à moins de se jeter dans le vide et le moins que l'on puisse dire c'est qu'on s'en serait peut-être mieux sortis. Chacun de nous trois a fini par se casser la figure en descendant, sans gravité autre que l'état de nos fringues. Comme d'habitude, c'est toujours dans ces moments là que je suis en blanc. C'est la mère Denis qui va être contente!
Quand on arrive clopin-clopant au plancher des vaches, la pluie s'est arrêtée comme dans un rêve, comme si quelqu'un avait subitement coupé le robinet d'arrivée d'eau. Seulement la prochaine fois, si cette personne pouvait trouver le robinet un tout petit peu plus vite, je serais pas contre. Enfin, les appareils photos sont sains et saufs, c'est l'essentiel.
Nous, on est pas au bout de nos misères. La pluie a rendu le sentier aussi glissant qu'une patinoire et je n'exagère pas!!! Et on a beau être tranformés en éponge, on accorche pas comme un scotch-brit!!! Deux vautres supplémentaires que ça m'aura couté plus le fait d'être raillé par mes compagnons, et j'ai pas tenté le triple boucle piqué. Directement la tronche par terre le Braïce!
Note technique : 1/10
Note artistique : 4/10
Tu parles d'un champion...
Mais pendant ce temps, comme il faut compenser tous ces petits malheurs, le soleil avec ses petits bras musclés est en train de tordre le coup aux nuages qui méritaient bien ça. Les rayons transperçant se multiplient, le couleurs explosent. C'est le moment tant attendu de la baignade qui se profile...
Une eau transparente à 23-24°, un nouveau trapèze de fortune pour faire les fous, n'en jetez plus, la coupe est pleine, overdose de bonheur!!!
En plus, dans le même temps, Nathalie et Jo montrent le bout de leur nez tout sec d'avoir évité la pluie, les jean-foutre!!!
C'est l'occasion de se donner rendez-vous le soir même pour se remémorer le rythme de Vang Vieng. Super, ça faisait longtemps...
Avec ana et Steve, on rentre donc pépère à la maison se faire beau pendant que Nat et Jo profitent de la cascade dont on a déjà écumé tous les recoins.
Ana en profite comme la veille pour emprunter la guitare mise à dispostion dans l'hotel et nous faire une démonstration délicieuse de ses talents d'auteur-compositeur-chanteuse. Une guitare, une voix, des frissons parcourent la chambrée dans des volutes de fumée.
Et le soir venu, c'est le retour aux bonnes habitudes. Nat et Jo passent nous prendre dans ma chambre puisque c'est là que ça se passe et on file pour une soirée de délire collectif. Et dans tout ça, Luan Prabang, j'adore...
Et la suite, c'est plus tard donc pas tout de suite...
Il faut charger les photos , se brosser les chicots, et enfin penser à ronfler aux corneilles vu que j'y baille déjà. Il est peut-être 20h30 chez vous, mais il est 3h30 du mat' chez moi, excusez du peu...
Bonne nuit à tous.
Vous habitez mes rêves.
PS : Il est maintenant 6h. Deux heures trente pour télécharger 30 photos, qui dit mieux? C'est vraiment que je vous aime...