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30 novembre 2008 7 30 /11 /novembre /2008 16:01
Il en va des voyages comme de la vie,
Parfois on file comme une comète, parfois tout semble souffrir d'un frein à main.

Je savais les transports égyptiens à la limite du déraisonnable mais là, on flole la correctionnelle.
On avait ri avec Samer du fait que parfois les transports, on ne sait pas quand ils arrivent mais pas non plus quand ils partent. Il m'avait bien raconté l'anecdote du chauffeur qui doit conduire un bus quotidien de Marsa Alam à Assouan mais qui prétend un soir qu'il fait trop froid pour prendre la route afin de mieux passer la soirée sur son canapé pour peu qu'il en possède un. Je me souviens encore de cette histoire même si au moment de l'entendre pour la première fois, ça n'avait fait que m'effleurer la conscience.

Ce soir, dimanche 16 novembre, je sais que je dois prendre ce même bus.
La seule chose à peu près tangible est que le bus doit passer par Marsa Alam entre minuit et 1h du matin pour arriver à Assouan aux aurores le lundi.
Samer convit donc son chauffeur (il ne possède pas de voiture, un taxi ravitaille l'hotel, dépose les clients...) à 23h30 pour me conduire à la gare routière. Le gars arrive, tout va bien. En peu de temps, on arrive au village. La voiture s'arrête à une parodie de station service : une pompe, un type qui vend trois chips sur deux trétaux, un lampadaire pour s'assurer qu'on est pas dans l'obscurité totale.
Mon chauffeur me dit que c'est là que je descends, c'est la dîte gare routière...
Je prends mes affaires à l'arrière du pick-up qui n'attend pas la suite des évènements pour foutre le camp.
Le vendeur aux chips m'interpelle. Je vous retranscrits pelle-melle :

-Salut, qu'est ce que tu fais là? Et tu vas où comme ça?
-Je vais à Assouan avec le bus de nuit.
-Ah mais il n'y a pas de bus cette nuit, tu t'es gourré mon p'tit gars.
-Quoi?!? Mais on m'a pourtant dit que...
-On t'a dit des bétises, il n'y a pas de bus, point à la ligne.
-Qu'est ce que je vais devenir? A quelle heure est le suivant?
-A minuit demain soir. Pas avant.
-Il y a pas un autre moyen d'aller à Assouan? C'est qu'il faut que j'avance moi!!
-Y'a bien un moyen, il doit y avoir un minibus qui t'arrêtera à Edfu c'est à dire à mi-chemin et qui devrait partir bientôt.
-Bientôt quand?
-Bientôt quand il sera plein.
-Et on est combien pour l'instant?
-T'es le premier!!

Je suis le premier, Victoire!! J'ai gagné le droit d'attendre le plus longtemps! Tu parles d'une médaille d'or...
Pas question de reprendre un taxi pour me ramener au camp, comme ailleurs ils sont organisés en guilde et réclament pas moins d'une douzaine d'euros pour 10km. Je m'assois donc sur un banc fait de cartons posés les uns à côté des autres et commence à patienter. Le vent souffle de fraîches rafales, ramenant la température extérieure autour des 10°. J'ai froid et commence à empiler les couches de vêtements.
A 1h deux personnes arrivent. Ils sont médailles de bronze et d'argent. La belle affaire...
On échange quelques phrases, l'attente se poursuit.
A 3h, rien n'a changé, on est toujours que trois. D'autres bus ont beau passé par là, c'est jamais celui d'Assouan ou d'Edfu.
Autour de 4h, je tombe de sommeil sur mon banc de fortune. Je vous laisse imaginer la qualité du sommeil.
A 8h, enfin, je suis tiré de ce qu'on appèlera généreusement ma nuit par le bruit d'un moteur qui tourne à 50cm de ma tête qui ne comprend rien à ce qui lui arrive. Le minibus est là, gorgé de monde, ne reste qu'une place pour le Braïce dans le brouillard.

Huit heures de patience, voilà ce qu'il en coute de voyager avec les moyens du bord. Mais pour paraphraser "La guerre des boutons", si j'aurais su, j'aurais venu quand même, mais à 8h...
Dans le minibus pour Edfu, ça cri, ça fume, ça secoue. Les hommes sont assis à l'avant du véhicule, on n'entend qu'eux. Les femmes sont à l'arrière avec les enfants, pas un mot ne sera prononcé par elles.
La route est on ne peut plus monotone et plate, c'est un désert plat et rocailleux qui s'étale de part et d'autre. Seulement à l'approche d'Edfu, j'ai l'impression d'halluciner, j'ouvre les yeux et quelque chose cloche mais je ne sais pas quoi. Quelques secondes de concentration sont bien nécessaires pour finalement me rendre à l'évidence, le Nil doit être à portée de tir, les teintes sablonneuses du paysage ont laissé la place à du vert. C'est pour ainsi dire la première fois depuis deux semaines que les arbres sont plus nombreux que les cailloux!! Je n'avais pas fait particulièrement attention à ça en apprenant que mon minibus allait à Edfu, mais cette petite ville est perchée sur le plus long des fleuves du monde. D'ailleurs avant d'aboutir à la nouvelle gare routière (si tant est que ça en soit une), on longe le large ruban d'eau.
Ce faisant, on peut bien se rendre compte de l'importance vitale de la rivière. Ses rives sont couvertes de cannes à sucre, d'oliviers, de palmiers, de champs de coton. Parfois la largeur de la bande verte couvre plusieurs kilomètres, mais à d'autres endroits, la végétation ne s'étend que sur une dizaine de mètres avant que le désert ne reprenne ses droits. En tout cas, mon plaisir de revoir pousser arbres et fleurs est non feint malgré la fatigue d'une journée à rallonge.

Le minibus parvient enfin à Edfu autour de midi, ne reste plus qu'à dénicher un nouveau minibus pour boucler la boucle et rejoindre Assouan avant la nuit.
A la gare routière, pas l'ombre d'un touriste, je suis encore l'aiguille dans cette botte de foin. Je demande à gauche à droite où je peux trouver le bon minibus. Tous les chauffeurs refusent de me prendre. Il y a bien un type qui me propose de monter avec lui mais je serais mieux dans un transport collectif, j'ai dormi quatre heures et j'ai pas envie de faire la conversation. Je cherche encore. Rien. Nada. Que dalle. Pas un minibus ne souhaite me voir à son bord. Voilà qui est bien curieux...
Finalement, le bonhomme évoqué plus haut est toujours là. Je monte avec lui.
Pas bien loin en fait; on fait pas 1km qu'il me dépose à un poste de police. Je descends du véhicule et suis alors pris en charge par les képis.
Ceux-ci ont également arrêté un camping-van dont la plaque d'immatriculation est française. Echange d'informations.

Le camping-car est conduit par Jean-Pierre et Sandrine qui sont partis de France il y a pas loin de 2 mois.
Quand, en Egypte, on conduit un véhicule particulier et qu'on est occidental, on doit voyager en convoi pour aller de ville en ville. Le convoi part à heure fixe chaque jour et permet au voyageur de bénéficier si besoin est d'une escorte policière. Et bien en fait, Jean-Pierre et Sandrine ont perdu le convoi et sa cohorte de véhicules.

On attend tous ensemble quelques minutes avant de voir le convoi surgir au détour d'un virage. Jean-Pierre a, sans s'en rendre compte, devancer la file indienne qu'il convient maintenant de rejoindre. Plus besoin de trouver un minibus, je suis embarqué avec plaisir par mes deux français qui ont la même destination que moi en vue.
La route longe le Nil et c'est pas pour me déplaire. L'eau de la rivière est d'un bleu profond qui tranche avec la verdure environnante.
En chemin, le convoi s'arrête à un temple, celui de Sobek à Kom Ombo, mon tout premier.
Ca faisait un moment que j'ai pas re-croisé les colonnes et les frontons sculptés, le plaisir est au rendez-vous, d'autant qu'à partir de maintenant les temples sont couverts de hyéroglyphes et autres bas-reliefs représentants les rois de naguère de profil comme il convient au pays des Pharaons.
La visite est rapide autant que le convoi qui avale les kilomètres à plus de 100km/h.

Vers 15h, Assouan se profile et avec lui une chambre d'hotel que j'espère calme et reposante.
Jean-Pierre et Sandrine me dépose en ville. La température est suffocante pour un mois de novembre, jamais ces habitants voient-ils un hiver?
En ce qui me concerne, avec tous mes kilos sur le dos, en deux minutes je ruissèle. J'ai repéré un charmant hotel dans le LP que je trouve rapidement en demandant mon chemin à ,grosso modo, chaque personne que je croise.
En arrivant, je m'écroule dans un fauteuil confortable du salon commun. Il faudra bien un treuil pour m'en extraire. Plusieurs thés plus tard quand même, je sors de ma torpeur et suis sur le point de rejoindre ma chambre.
Et bien t'y voilà que à peine relevé, une voix familière sonne à mon oreille. Je me retourne et tombe sur Graham que j'avais laissé en Cappadoce un mois plus tôt. Je sais pas si ça vaut la peine d'écrire que je n'ai pas rejoint ma chambre tout de suite et que la sieste, elle repassera...
On achèvera de passer la journée ensemble jusqu'au soir. Lui repart le lendemain vers de nouvelles aventures, pour moi le lendemain se fera sans aucun doute sur des bruits de ronflements légers.
Il est 23h quand je rejoins ma chambre pour la première fois.
Et c'est effectivement comme si j'avais un lit pour la première fois.
ZZZZZZZZZZZzzzzzzzzzzzzzzz...   

 
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commentaires

I
Waouuuuuuuuuuuuuuuuuuuhhhhhhhhhhhhhh !!! Terribles les photos sous-marines.
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