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Sympathiquement renvoyé de la finance mondiale à faible responsabilité alors que la démission se profilait, très débrouillard mais pas très manuel, capable de gravir une montagne mais pas sportif, titulaire du permis de conduire sans savoir, vivez mes aventures baroques autour du monde!

Lost in Negros

Approchez, approchez!!

Mesdames et Messieurs, pour votre joie, venez découvrir notre attraction unique : la machine à remonter dans le temps.

Elle fait rire, elle fait frémir.

N'avez vous donc jamais rêvé revenir au temps du moyen-age?

N'avez vous jamais souhaité rencontrer Napoléon ou vous assurer que Mireille Matthieu ressemblait déjà à ça à la fin du XIXème siècle?

Ca fait envie non?

Et bien c'est dommage car si notre machine fonctionne, elle n'autorise aujourd'hui que de courts voyages remontant à presque quatre mois en arrière et c'est déjà pas mal!!!

 

 

Je quitte Panay avec envie. Ce n'est pas que l'île en elle-même ait été une déception, c'est plutôt que l'île suivante, Negros, est à priori un condensé de bonheur. Elle est en dehors des circuits touristiques, elle est couverte de montagnes et ourlée d'une côte qui n'aurait rien à envier à celles de la Polynésie Française ou des Maldives.

En plus, il ne suffit que de quelques dizaines de minutes de ferry pour y poser ses orteils ce qui change des 45 heures de train que j'ai fait il y a quelques semaines pour rejoindre le Tibet (sic).

 

Une fois atteinte, je ne suis pas arrivé pour autant. La ville s'appelle Bacolod et elle n'a rien de particulièrement glamour. On dirait Iloilo, la ville d'où j'ai pris le bateau sur Panay et si j'avais voulu y prolonger mon séjour, je ne me serais pas gêné et n'aurais pas eu besoin de monter sur le pont d'un nouveau bateau.

A Bacolod, je n'ai donc qu'une envie : ne pas rester. La journée est encore jeune, j'ai tout le temps de me rebouffer huit heures de car pour enfin poser mes valises. En vue au bout du chemin s'étend Sipalai dont tout le monde s'accorde à dire que tout y est réuni pour que les séjours s'y éternisent : gastronomie, palmiers, plages, sourires et fonds coraliens, tout un programme qui met de l'eau à la bouche à moi, simple mortel, dont je me demande ce que j'ai fait pour mériter tant de bonheur eu égard à la liste mentionnée plus avant.

 

En quelques minutes de cramponnement dans un tuk-tuk, je contemple la gare routière qui n'a comme seule intéret le fait que je n'y reste pas.

Puis, c'est le bus.

A côté de moi sont assis les membres d'une même famille. Ils doivent être une demi-douzaine et tout l'arbre généalogique contemporain est présent du grand-père au petit dernier. La personne la plus proche de moi, ma voisine, est la mère du petit bout de chou. Tout ce petit monde est en vacances et part pour une semaine dans la maison familiale se refaire une santé parès avoir rendu visite à un cousin qui n'a pû faire le déplacement pour cause d'hospitalisation. Avec cette femme, on discute. Trente minutes, une heure puis deux. Le courant entre nous passe tellement bien que pendant le trajet, après lui avoir exposé mon programme, elle me propose aussi sec de venir au moins partager le dîner du soir et de passer la nuit chez eux. Délicate attention, extraordinaire hospitalité. Je suis même tellement surpris qu'au départ, j'essaye de me défiler comme je peux mais, au bout du compte, il n'y a rien à faire d'autre que de m'incliner bien bas devant tant de bons sentiments. La GH au bord de l'eau dans laquelle je pensais échouer avec bonheur n'a qu'à bien se tenir, elle n'est plus en tête de liste.

 

A l'arrivée à Sipalai, la nuit est déjà noir cirage. L'éclairage public n'est qu'une douce utopie et force est de constater que j'aurais eu toutes les peines du monde à rejoindre un autre nid douillet que celui dans lequel je suis mes hotes avec envie et curiosité.

Le bus s'arrête juste devant la maison, ils sont loins les bus de la RATP dont les chauffeurs t'expliquent que si ce n'est pas l'arrêt, ce n'est pas l'arrêt. A peine sommes nous dehors que d'autres membres de la familles sortent nous accueuillir et nous aider à décharger les dizaines de kilos de denrées qui vont soit être vendues dans la boutique d'un cousin ou mangées dans la semaine. Tous se sautent dans les bras, s'étreignent et s'embrassent. Et une fois qu'ils font une pause dans les démonstrations de joie, je suis officiellement présenté. La curiosité est alors une rue à double sens dans laquelle tous les villageois des environs semblent déboucher. Les gamins me dévisagent et s'enfuient quand je viens leur tendre la main dans un large sourire. Cette situation pourrait durer des heures, je suis jaugé des pieds à la tête et rien ne pourrait entraver le questionnement à mon égard. Je les comprends.

Qui est-ce que c'est ce type pas de chez nous avec son gros sac?

Qu'est ce que c'est que ces cheveux (barbe) qui lui pousse sur le visage?

Qu'est ce qu'il a à sourire tout le temps?

Est-ce qu'il fait de la muscu' ou est-ce qu'il est naturellement spectaculaire?

Tant de questions qui resteront pour les voisins sans réponses car il me faut rentrer dans la maison; c'est pas tout ça mais je suis l'invité et il faut que je fasses bonne figure. Tout se passe alors à merveille sauf quand l'oncle sans dents qui ne crache jamais sur la bouteille quelle que soit l'heure ne cesse de vouloir me faire la conversation sur un mode très sérieux alors que je n'ai aucune chance de comprendre ne serait-ce qu'une bribe de ce qu'il essaye d'articuler à quelques centimètres de mon visage dans des vapeurs d'alcool à me rendre saoul sans boire et avec haut-le-coeur.

Sur la douzaine de personnes qui vont dormir ici, je peux vraiment échanger avec la moitié d'entre eux. Pour celles-ci, leur anglais est impeccable, merci les Philippines.

Parmi ces anglophones, il y a le grand-père, ancien instituteur qui connait tout le monde au bled puisqu'ayant toujours vécu ici, la mère avec qui j'ai conversé tout le voyage, et une nièce d'une quinzaine d'années au sourire comme un soleil qui sera à la fois mon interprète lorsque ça devient nécessaire et ma super potesse eu égard à nos ages relativements similaires.

 

Dans la maison, on me fait bien sentir que je suis l'invité. Je n'ai le droit de ne rien faire, ni aider en cuisine, ni mettre la table. La seule chose à laquelle je m'active, c'est à assouvir la curiosité du grand-père qui veut tout savoir de moi, absolument tout.

Au cours de la conversation alors que la table est maintenant mise, vient la question qui revient sempiternellement : "est-ce que tu es chrétien?"

- Mais bien sûr! Plus chrétien que moi, tu meurs!!

- Ah!! Mais c'est bien ça. Peut-être voudrais-tu nous faire l'honneur de dire les grâces?

 

Je ne l'avais pas vu venir celle-là!! La seule fois que j'ai vu faire auparavant, ça doit être dans des films et pas les meilleurs!!! (sister act?) Il faut donc que j'ouvre mes chakras et que je laisse pénétrer par la spiritualité à laquelle j'oppose souvent l'objectivité. Tout un programme... Mais la tache n'est pas insurmontable heureusement pour moi.

Je remercie donc le bon Dieu pour les bons petits plats que nous devons bien entendu à sa mansuétude. Je lui demande également de protéger de ses petits bras musclés la famille qui me reçoit et de les accueuillir le cas échéant au paradis, tant qu'à faire, c'est mieux.

Et le tour est joué. Bon appétit, à table.

Le dîner se compose d'une multitude de plats que chacun partage avec son voisin, la convivialité n'a rien à envier à celle du Djurdjura; et puis, c'est délicieux.

 

A l'issue du repas, je n'ai toujours pas le droit de mettre la main à la pate. C'est dommage, j'ai beau leur déclamer que ma spécialité dans la cusine, c'est la vaisselle, rien à faire, un des cousins agé d'une douzaine d'années se charge d'accomplir sa mission en trainant des pieds.

Moi, je passe au salon avec le grand-père et la petite Kimberly qui s'empressent de sortir ses albums photos. Parmi la douzaine de volumes qu'ils sortent d'un guéridon poussiéreux, on peut admirer toute l'histoire récente de la famille : le voyage à Hong-Kong avec le patriarche qui pose à côté de Mickey à Disneyland, une des petites-filles qui est devenue infirmière aux Etats-Unis, et pour finir, la grand-mère dans son lit de mort sur environ quinze pages ce qui tranche franchement avec Disneyland... Le résultat de tout ça, c'est qu'il est 22h30 passées, que l'ambiance est un petit peu retombée, que c'est le moment d'aller se brosser les dents dans la salle de bain rudimentaire équipée d'un seau et d'un robinet. Ensuite, je n'ai plus qu'à découvrir ma couche, en fait une chambre rien que pour moi qui me pousse des frissons tant chacun est au bon soin du docteur Retailleau malgré la modestie évidente de mes hotes.

C'est après des milliers de "mercis" plus tard qui sont tous suivis de "c'est normal" que je m'éclipse. La famille a l'habitude des levers de bonne heure, moi moins, mais il y a du plaisir quand je m'y prépare pour le lendemain.

 

 

Tant mieux car il est 7h quand j'ouvre le premier oeil en entendant du bruit au rez de chaussée. La famille est déjà sur le qui-vive, la grasse matinée saura bien attendre d'autres jours moins festifs et en moindre compagnie. Je descend l'escalier et fait face à Kimberly qui n'en peut plus de rire tant j'ai les yeux en forme de fente de tirelire. Ca la fait même tellement marrer qu'elle ne peut s'empêcher d'aller chercher tout le village pour qu'ils se rendent compte eux aussi à quel point le réveil matinal du gringo est délicat. Le salon se remplit alors de pas loin de vingt personnes qui sont toutes à deux doigts de me pointer de l'index et de se foutre de moi

Pour ma part, je ne me démonte pas, je les toise moi aussi en bombant le torse et en mimant le fait que je développe autrement que couché à la limite de m'entrainer au développer-coucher. C'est alambiqué, c'est normal, il est 7h et j'ai plusieurs dizaines de visages quasi inconnus qui me dévisagent!

 

Les règles du bien vivre en société m'obligent alors à rectifier le tir et à me montrer sous mon meilleur profil, le propre. Avant toute autre chose, je m'applique à faire une session salle de bain dans la salle d'eau qui mérite péniblement l'appelation.

 

A ma sortie, c'est une nouvelle embuscade qui m'attend. Ou plutôt deux.

D'abord toute la famille m'attend pour le petit déjeuner. Leur petit déjeuner? Non, mon petit déjeuner. On dirait Louis XIV avec la cour qui attend de dire : "Le roi déjeune".

Puis, dès que je mets le pied sous la table, c'est l'avalanche de questions quant au programme du jour.

Moi, j'ai en tête de rejoindre ma GH, pas le plus vite possible car je me dois quand même de faire honneur à mes hôtes, mais d'un autre côté, je suis tellement dans une position où je n'ai rien de droit de faire d'autre que de me gratter les fesses moi-même et encore, que, à la limite, ça me gène presque.

Seulement, c'était écrit, la famille a aussi un planning pour moi. On va tous aller chercher les autres membres de la famille qui habitent les environs et partir faire un picnic sur une plage. Une nouvelle fois, comment dire non? Hein, comment? Parce que je n'ai pas la réponse et monte de ce pas dans le tuktuk qui se gave de passagers à la limite du raisonnable.

 

Pendant qu'on roule, j'enchaine les clichés des membres de la famille. Tout le monde se prête au jeu, c'est un régal doublé d'un festival de sourires qui grandit encore quand la famille est finalement au complet. Le tricycle repart...

Puis en quelques secondes, c'est la sortie de route!! (NDLR : information à prendrer au sens figuré)

 

Jusqu'à présent, même si au niveau quantitatif le bilan des affaires que j'ai perdues est plus que douteux, sur le plan qualitatif, je n'ai pas perdu grand chose qui soit significatif. (NDLR : Si on excepte, bien sur, l'épisode malheureux des lunettes)

Jusqu'à présent...

Je mets la main dans la seule poche du pantalon de pêcheur que je porte sur les fesses, je cherche mon appareil photo, elle est vide.

Je jète le regard dans le petit sac à dos rouge qui m'accompagne partout, il n'est pas vide, c'est mieux sauf qu'il n'y a pas mon appareil photo non plus.

Je me décompose en faisant une vue à 360° autour de moi, rien que des gens qui sourient sans se douter de rien. Les veinards... A ce moment, qu'est ce que je ne donnerais pas pour ne pas me rendre à l'évidence que mon trousseau s'est, à la minute, amputé d'un bras. Car plus les secondes passent, plus mes tentatives de retrouver le déserteur voient leurs chances s'amenuire (amen huir? à me nuire? orthographe!). Je fais part de la nouvelle à l'assemblée ambulante à trois roues motrices. C'est la consternation. Au départ, ils ne peuvent pas y croire, c'est trop gros comme histoire, l'appareil est forcément quelque part. Puis, comme il faut quand même se rendre à la raison, la consternation j'vous dis.

Peu après, on est arrivé à la plage, j'en profite pour me livrer à une complète revue de paquetage sur mon propre équipement. Presque comme prévu, peau d'balle, rien, nib'. C'est maintenant un fait établi : je peux m'assoir sur ma boite à images plus toutes celles de ces deux dernières semaines.

 

Pendant deux minutes, être plus fumasse que moi tu meurs.

Mais après ces deux minutes, j'ai fait le vide, je suis une boule d'acceptation, ce sont les risques du métier, pas la mer à boire. Et ça tombe bien, car la mer est juste devant moi et que la boire me rendrait malade, bien plus que si je me contentais de nager dedans, ce que je vais faire tant elle me tend les bras. Mais c'était parler trop vite car en reposant mes yeux sur la famille, ça saute aux yeux : mes deux minutes n'auto-énervement les ont démoralisés. Ces gens sont tellement emplis de compassion quant à mes ennuis passagers, qu'ils en sont plus désolés que moi. Je me sens même obligé de les rassurer :

- "Mais enfin, vous savez, ça n'est pas grave. Il y a des jours comme ça... Là... Ca va mieux? On va quand même se baigner?"

C'est alors qu'on meut en direction de la plage.

 

Là, en s'extirpant des dernières rangés de palmiers, les pieds retouchent le sable, douce sensation de moquette naturelle. Devant, la mer est sur son pied d'estal (desthalle?). Les couleurs s'étirent à l'infini, c'est beau à se tirer une larme de la tête.

Je relativise sans mal mes soucis. Sauf que, sans appareil photo, ça n'a l'air de rien mais la fête est quand même moins folle. C'est qu'on s'habitue à ces petites bêtes! Mon cerveau travaille alors à vive allure. Au menu :

  • On m'ammène dans un endroit qui est à ce point commun ici qu'il n'est mentionné nulle part. C'est juste une autre plage, un autre paradis. Des centaines comme celles-ci partout autour.
  • Bien que je devais poser mes sacs à quelques minutes d'ici, je ne vais jamais réussir à tolérer admirer un coucher de soleil sans en garder une trace colorée. Je vous épargne les levers de soleil car il ne faut quand même pas rêver.
  • La première ville de ce nom est à 5h supplémentaires de route. Avec un peu de chance, j'ai un cocktail dans la main et une photo de celui-ci dans une trentaine d'heures.
  • Le seul problème, c'est qu'il faut que je retrouve exactement le même modèle d'appareil photo puisqu'il doit être compatible avec la boite étanche que je me trimbale jusqu'au contrefort du Sahara.

 

Nous sommes alors en fin de matinée et je ne vois qu'une seule alternative possible : Dumaguete.

Je fais alors part de mes envies à mes hotes picnic-eurs qui décident alors tous de m'accompagner à la gare routière. L'étape gastronomique sur la plage n'aura donc duré qu'un gros quart d'heure à l'issue duquel chacun se serre de nouveau sur les tricycles. Une fois au terminal de campagne, il faut encore attendre une heure ce qui est juste assez de temps pour que je puisse m'acquitter d'une partie de ma dette, éternelle à moins qu'ils ne viennent tous loger quelques jours dans mon 20m² parisien.

On envahit la cafétaria qui jouxte la gare et je paye mon déjeuner non sans mal tant c'est compliqué d'offrir quoi que ce soit à ces gens là.

 

Puis c'est l'heure. Quand on s'en retourne, le bus est là, je fais mes adieux, ils continuent de se répandre en excuses.

Je prends le temps d'embrasser chaque membre de la famille ce qui a le don de mettre le chauffeur en rogne. Soit disant, on est en retard!!

Juste avant de monter dans le bus, Kimberly m'offre un porte-clés qui porte son prénom. C'est mignon tout plein. Huit heures plus tard, je suis à Dumaguete.

 

 

A Dumaguete, il n'y a pas grand chose à dire.

Quand j'arrive, je découvre qu'on est samedi soir et, comme les lois de la logique peuvent difficilement être mises en doute, demain c'est dimanche, les magasins sont fermés. Bien jouée la Société Géniale.

Dans le dortoir dans lequel je compte bien dormir, quatre des six lits sont déjà occupés par quatre jeunes philippins et philippines en ville pour le weekend. Et comme c'est toujours le cas avec les philippins, impossible de ne pas sympathiser. Rapidement, on décide de dîner ensemble. On quitte alors la GH pour se retrouver dans un restaurant qui a un évènement particulier à nous présenter ce soir. A grand renfort de disc-jockey, ce soir c'est défilé de mode!!

Qu'est ce que c'est que cette embrouille? Il y a encore quelques heures, j'étais à deux doigts de rhum de me prélasser sur une plage magnifique loin des tumultes de la ville et me voilà maintenant aux portes de l'enfer des décibels et du bon gout!

A propos de Sipalai, le LP indiquait qu'on ne savais jamais combien de temps on pouvait y rester. Pour Dumaguete, pas la peine de gacher de l'encre, c'est dès lundi, dès le retour du Précieux. Je rentre à l'hotel dès la fin du spectacle non sans avoir quand même poser en photos pour mes nouveaux supers copains qui eux vont en boite de night.

Mon retour est à 23h, le leur à 1h. Bonne nuitée les petiots.

 

 

A mon réveil, c'est à n'y rien comprendre. Je suis le premier réveillé et ça dure comme ça pendant deux heures, quelle mouche les a piqués?

Moi, je suis un peu déprimé de perdre une journée de plus dans la chaleur de la petite ville aux rues poussiéreuses et ensoleillées et passe ces deux heures à me décider sur la nécessité de prendre une douche.

A leur réveil, eux aussi sont un peu grognons et surtout, ils ont chaud, trop chaud. Alors certes, la climatisation est absente de la chambre d'accord, mais il ne faut quand même pas pousser, encore plus quand tu es philippin et que tu te dois de t'habituer à ce climat puisque tu y habites!! Mes colocataires décident donc de partir ailleurs, dans un endroit magique où la légende dit qu'il existe un machine à faire du froid. Tant pis pour eux, qu'ils aillent se faire congeler un oeuf!

 

A l'heure de leur adieu à la GH, je monte dans le tricycle du jour afin de m'aérer un tant soit peu. Les réjouissances qui auraient dues en découler était favorisées par un cadre dans les tons jolis au milieu duquel se déverse une cascade où les locaux avenants se baignent en ce jour du seigneur nappé de chaleur et puis non, un petit tour et puis s'en va. Il faut appeler un chat un chat, je n'ai pas l'énergie d'un foudre de guerre, pas comme avec mon Panasonic! (NDLR : A quand mon sponsor?)

 

En rentrant à l'hotel, je m'installe devant la télé avec les employés de l'hotel qui regardent la rediffusion d'un match de NBA. C'est comme à la maison ou presque. Les pubs en plus et Georges Eddy en moins, pas comme avec Canal+ (NDLR : A quand mon sponsor?)

 

De temps en temps, se retrouver dans une position proche de l'horizontale avec une télévision en face, ça fait plaisir à son homme! Devant le poste maintenant, là aussi je deviens touriste et je prends mon petit plaisir devant les images qui bougent.

 

 

Le soleil est là, il cogne les douzes coups de midi, c'est lundi.

Lundi, c'est inné, les paupières s'ouvrent toutes seules, les jambes encore dans le lit, mimant déjà le mouvement d'une course qui ne s'interrompera que lorsque je le tiendrais!! Les boutiques ont levé leur rideau de fer, rien ne me retient!!!

La veille, alors que je filais bon train à travers Dumaguete, j'avais reperé quelques enseignes prometteuses. Retournons y donc prestement afin d'assouvir notre pêché d'envie. Une douche à l'eau aussi glacée que possible, c'est à dire tiède, plus tard, Shopping, me voici; défends toi!!!!!!!!

(NDLR : Il fait tellement chaud que l'eau qui se situe dans de grands réservoirs posés sur les toits ressort invariablement chaude à la douche ou au robinet, ce qui n'est pas très revigorant...)

Une première boutique : il apparait qu'ils ne vendent que de l'électroménager. J'aurais pu mieux tomber; une machine à laver, ça ne m'interesse pas!!! 

Une deuxième boutique : le téléphone portable est leur spécialité, des appareils photos ils en vendent mais quand on voit que leurs tiroirs sont remplis de ces téléphones monochromes où les pixels sont gros comme des balles de tennis, c'est malheureux mais non merci m'sieur.

Une troisième boutique : l'espoir renait. Le responsable, ainsi soit-il, décroche son téléphone et appelle dans un élan d'initiative son fournisseur.

- Tu l'as toi le TZ3?

- Ah ben non, moi j'l'ai pas.

Il ne s'en est pas fallu de plus pour que mon espoir de rester plus longtemps sur Négros se fendent comme la banquise avant qu'un iceberg de plusieurs dizaines d'hectares ne s'en détache. Tous mes plans pour au moins les quinzes prochains jours menacent de tombent à l'eau. A quand Siquijor? A quand Apo Island?

- Est-ce que vous pensez qu'il y ait quelque chose que je puisse faire pour me dépétrer de cette mouize?

- Ben non, pareil.

Plouf...

 

Je ressors. Re-rentre. A la GH.

- Vite, vite, vite! Réfléchis!!! Quoi faire? Il est où mon Précieux?!!!!!!!! Ah tiens, je suis toujours tout seul dans le dortoir! Pour une fois, je vais allumer la télé moi même et pour le Précieux, on verra demain, c'est un nouveau jour, mardi, jour d'évasion.

 

 

Dumaguete est mon impasse, mais aujourd'hui il y flotte dans l'air un vent de liberté autant que de contraintes de me retrouver soumis à une destination forcée : Cebu City, les plus proches galeries marchandes sur le planisphère. Je salue mon geolier sympa et disparait de l'hotel pour rejoindre le port. A 11h du matin, je suis le nez dehors sous le soleil de Satan, les épaules ruisselantes d'être plaquées de mon paquetage complet. Heureusement, ce traitement ne dure qu'une dizaine de minutes. Malheureusement, c'est pour apprendre que le bateau est à 14h et que l'attente se déroule dans une salle d'attente privée de climatisation ce jour là.

A l'intérieur, les gens bouent tant qu'ils veulent.

Tant qu'ils veulent jusqu'à 14h? C'était ça? Ce sera 15h30 à la place!! Mêmes joueurs jouent encore!!! Mêmes sueurs suent encore!!!!

 

Puis, pas de nouvelle annonce de retard plus tard, tous les passagers embarquent et s'installe à leur place ou autour. Au dessus, le pont supérieur est accessible pour offrir une terrasse dévoilant, en route, le coucher de soleil. Je finis par dormir, allongé en travers sur une banquette. A l'arrivée à Cebu City, j'ai la tête dans un brouillard pas possible, c'est une image, même s'il fait nuit, c'est dégagé. Et puis, je ne suis pas si mort que ça, j'ai encore les réflexes pour demander mon chemin à un conducteur de taxi. Le premier choix du LP devrait convenir, c'est en général un excellent échap(p)atoire, en plus équipé WIFI, une première depuis un sacré bail!

 

A Cebu, je prends possession de la chambre. Au moins pour la nuit.

 

 

Jusqu'à 8h du matin, je m'énerve sur internet à la recherche du sîte de magasin photo ou électronique qui, sur Cebu City, saura me garantir en direct de lendemain par téléphone, ou par mail qu'il a un TZ3 (NDLR : C'est important.)(NDLR : Sponsor?) dans ses soutes.

Oui, 8h.

Il y a des soirs comme ça où internet rame avec deux doigts pour essayer de faire pivoter le Titanic échoué au beau milieu des abysses, des soirs où les heures inexplicablements passent comme des secondes et comme par hasard au milieu de la nuit.

8h. Toujours plus ou moins dans une espèce de forme passagère. Dans quelques dizaines de minutes, les magasins rutilants ouvriront un monde fait de merveilles dans lequel tronera un gros coussin rouge, parfait réceptacle pour un TZ3 docile et magnifique. La tentation d'attendre est grande. Mais celle de dormir est immense. Elle l'emporte. Mais je gère. A 14h, je suis le couteau entre les dents, près à en découdre avec les supermarchés, les promotions flashs et les dégustations de rillettes. Non, pas les rillettes? Tant pis... Je pars pour le plus grand centre commercial de la ville et fais le compte de tous les magasins potentiellements vendeurs d'électronique. Sans succès. La déprime monte, je suis dans un temple de la consommation, dernier endroit où je peux prendre du plaisir et ça n'est même pas possible. Je ne vais quand même pas être obligé de prendre un avion jusqu'à Manille pour arriver à mes fins, ce serait le pompon!!

 

Finalement, je m'oblige à une dernière tentative dans une espèce de supermarché dans lequel les chances de me voir victorieux dans ma quête mercantile sont plus fines que du papier à cigarettes. Si j'avais en tête d'acheter un cartable, une paire de bottes ou du roti de porc, je ne dis pas, mais un appareil photo... TZ3 de surcroit...

Mais, attendez. Il y a une enseigne Panasonic là-bas du côté des téléviseurs. Allons voir.

 

Qu'est ce que c'est qui trone derrière cette vitre? J'ai la berlue ou quoi? Quelqu'un peut-il me décoller une petite claque des familles pour savoir si ce n'est pas un mirage dans toute sa splendeur trompeuse?

Je me pince, rien n'y fait, ça trone toujours, c'est que ça doit être vrai!! Un TZ3 étincelant sous le feu des projecteurs!!! Tel un aigle en chasse, je fond alors sur ma proie sans demander mon reste et même si un 33 tonnes vient se mettre en travers de ma route, je l'explose fort de la semaine de patience que je viens de traverser pour atteindre ce moment d'émotion intense.

 

En cinq minutes montre en main, la transaction est finalisée, je suis un voyageur au complet et tout neuf près à rebattre le pavé, les cailloux, le sable, ou quoi que ce soit d'autre qui se mettra sous mes semelles de vent. Ne reste plus qu'à retourner à la GH, à recharger les batteries et à établir un nouvel itinéraire avec un minimum de déplacement à la clé et un maximum de plaisir à l'arrivée.

Le choix est vite arrêté, ce sera Malapascua, une île minuscule au nord de Cebu Island où les fonds marins n'ont apparemment d'égal que les plages qui les frangent. Ca promet! Mais en attendant, je dîne à la GH où tout le personnel est tellement content pour moi qu'ils m'invitent ensuite à un karaoké endiablé jusqu'à 1h du matin, heure à laquelle je commence à ne plus être très étanche.

Il serait donc temps d'aller dormir pour attaquer la journée du lendemain sous les meilleurs hospices mais une autre embuscade m'attend. Cette nuit, à 2h45 heure locale, est donné le coup d'envoi de la finale de la League des Champions ce qui constitue un programme royal à ne manquer sous aucun prétexte quand la fréquence moyenne de session télévisée ne dépasse pas une fois par mois. Au lieu d'aller compter fleurette au pays des rêves, je m'installe donc devant le poste et attend frébrilement le premier coup de sifflet de l'arbitre. Quand celui-ci intervient, j'ai à nouveau toutes mes facultés physiques et mentales, parfait quand on est la seule âme qui vive à ces heures de n'importe quoi. Jusqu'à 5h, remise du trophé aux grandes oreilles.

 

5h, c'est encore l'heure batarde par excellence. Si je veux poser le pied sur Malapascua, à 4-5h de bus, aujourd'hui, vaut-il mieux que je dorme au risque que ça dure pour des siècles et des siècles ou vaut-il mieux que je veille à m'en fracturer les pupilles?

Je regarde sur internet, le premier bus est à 5h du matin. La réponse est donc toute trouvée, le sommeil c'est les autres, la fatigue est toute mienne, le cerveau boitant, je file à la gare routière, le voyage reprend enfin!!!!

 

 

 

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P
<br /> Suspense! Quand tu nous tiens... J'imagine qu'il est un peu normal de perdre des objets (appareil photographique) sur un si long trajet. L'important, c'est que tu n'y perdes pas ton âme (on voit<br /> bien que non à l'action de grâce que tu as inventée), ou pis encore que tu ne te perdes pas toi-même.<br /> <br /> <br />
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E
<br /> Dîtes-donc vous deux, ils sont codés vos commentaires?<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Qui c'est "vous deux"?<br /> Suis tout seul!<br /> <br /> <br />
L
<br /> "La lune est bleue comme un passeur Fidèle" ;)<br /> En partance vers la pleine lune<br /> La saison est bouleversée par les saisons<br /> Les cheveux flottent dans la nouvelle nuit de novembre<br /> D'apport en import, transports!<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Ma lune est blanche comme une passeuse venue du froid,<br /> La salade est bouleversee par la salaison,<br /> Les cheveux se comptent par dizaines,<br /> De transports en transports, effort!<br /> Bizzzzz<br /> <br /> <br />
L
<br /> Peu importe les lunes!<br /> Peu importe les saisons!!<br /> Peu importe la couleur des cheveux!!!<br /> Importent & transportent les ports!!!!!<br /> ***Des bisous fontaine de Jouvence***<br /> *lily*<br /> <br /> <br />
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S
<br /> La lune est presque pleine,<br /> La saison est chaude pour la saison,<br /> Les cheveux se perdent dans le vent,<br /> Importent les bisous que tu m'apportent,<br /> Mes bisous puissent-ils aussi se tranporter jusqu'a toi.<br /> <br /> <br />
T
<br /> hello mon ami, juste pour te dire trés rapidement que je suis toujours t est magnifiques aventures et franchement c'est génial. Par contre je te suis mais ponctuellement donc dés fois c'est hard<br /> car qu'est ce que tu bouges.<br /> Je ne te donne pas trop de news de nous, car c'est beaucoup moins transcendant, mais la vie continue, le taf dont je vais vraiment péter un plomb bientôt, peut être même des cet aprésmidi, et sinon<br /> plein de chose à te raconter mais on va attendre un peu.<br /> <br /> Donc continue de t'éclater et vive toi.<br /> <br /> laurent<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> J'ai pense achete une maison pour te rendre la vie plus facile dans tes lectures. Et puis non...<br /> La route continue, que tes messages aussi!<br /> Reste calme et respire<br /> Et si ca ne suffit pas, bois un coup!!<br /> La bise Mr President<br /> A bientot<br /> <br /> <br />