En direct de Radio-Philippines,
Les sens des néophites sont conquis, les miens sont reconquis.
Il n'a fallu que trois jours en province pour qu'à nouveau, je retrouve ce qui fait la magie des lieux : Des sourires, des rencontres, de l'eau salée et au milieu des îles, des îles et encore des îles, plus de 7000 au total.
Et Aujourd'hui, c'est enfin l'heure de s'en rendre compte. Je quitte Luzon, l'île capitale sur laquelle je croise depuis mon arrivée à Manille, avec au programme de ces vingt quatre prochaines heures, la découverte des côtes de Masbate, de Cebu et enfin de Bohol. Le tout en bateau, le train c'est pas possible et l'avion trop loin de la mer.
C'est le départ de Donsol, il fait un temps radieux qui nous enchante autant qu'il nous abrutit. On est tellement efficace qu'on est debout avant 9h. C'est tant mieux car il faut encore prendre un tricycle à moteur pour rejoindre le débarcadère de notre bateau pour Masbate, pour lequel on a pas encore de billet.
Je suis avec toujours avec Yohann qui n'est pas sûr de là où il veut aller et on est rejoint par Marie qui vient avec nous au moins jusqu'à Cebu étant donné qu'elle nous plus n'est pas très au fait de ce qu'elle veut faire. Je suis donc avec deux supers indécis.
Yo' connait Marie depuis quelques jours et je ne l'ai rencontré que la veille déjà en compagnie de Yohann. A ce moment là, Marie voyageait encore avec Berth, un belge. Berth devant partir ce même jour, Marie avait alors proposé à l'un ou l'autre de nous de partager sa chambre ce que j'avais trouvé d'une grande hospitalité pour ne pas dire plus! C'est donc un plaisir renouvelé que de la voir se joindre à nous.
On est tous les trois avec l'équipement complet. Le temps presse car il a fallu à chacun de mes deux compagnons plusieurs dizaines de minutes pour règler tout ce qui pouvait être de superficiel. Je tire donc tout le monde dans mon sillage et dégote un tricycle.
A l'intérieur, Yo' et Marie sont assis sur ce qui peut être communément appelé le side-car. Moi, j'aurais pû aller m'assoir sur la selle derrière le chauffeur mais non, je connais la maison, je reste debout sur le marche-pieds, la tête au vent à saluer tout ce qui bouge la tête en ma direction. Le tricycle file à vive allure dans les descentes et est plus hésitant dans les montées. Pour un peu, on aurait presque envie de descendre le pousser pour éviter de stresser sur le temps qui s'effrite dangeureusement.
Quand on arrive au débarcadère, c'est la course vers le guichet. Notre bateau est déjà là, on est en retard. Face à l'employée vendeuse de tickets, je fais part de notre destination : Masbate Island. Elle nous répond, toute désolée, que c'est trop tard.
Malgré le lever de bon heure et de bonne humeur, la course en tricycle à 2000 à l'heure, on reste la queue entre les jambes... Mais la petite dame a une idée : "Allez donc négocier avec le capitaine, peut-être pourra-t-il vous trouver une place debout. De plus, vous n'êtes pas les seuls."
Il n'en fallait pas plus pour faire renaître en nous une lueur d'espoir. Je me rue vers le bateau avec Marie pendant que Yo' garde les sacs. Là, effectivement, on est pas les seuls à vouloir négocier avec le capitaine...
Mais on a un atout dans notre manche, Marie présente bien malgré la course effreinée et son sourire Email Diamant pourrait bien faire pencher la capitaine en notre faveur comme c'est arrivé souvent lorsque j'étais en charmante compagnie. Je m'efface donc, rejoints Yohann et attends le résultat des délibérations. Cinq minutes plus tard, Marie est de retour, victorieuse. Comme prévu, on devra rester debout, mais l'honneur est sauf, on va de l'avant plutôt que de revenir en marche arrière vers Donsol. C'est d'autant mieux que des bateaux pour Masbate, il n'y en a pas tous les jours, et le fait de rater celui-là pour quelques minutes aurait pû nous couter quelques jours de surplace. Ouf!!
Dans le bateau, on est tout à nos programmes pour les jours qui viennent.
Moi, je sais où je vais, pas de problèmes. Même si je ne sais pas exactement comment et en combien de temps, pas de problèmes.
Marie et Yohann, eux, sont complètement perturbés par tout cela. Marie n'a pas beaucoup de temps et Yo' plus beaucoup d'argent. Résultat, ils se posent mille questions sans réponses du genre "qu'est ce qui se passe si?" ou "est-ce que c'est mieux ça ou ça?". Les LP se survolent à des vitesses records sans succès, plus ça va et plus le brouillard s'épaissit. Et comme ils ont le chic pour me poser chaque questions qu'ils se posent déjà, j'en perds ma sérénité; trop de questions tuent les réponses dans l'oeuf. Je ne peux plus réfléchir et me réfugie le nez contre un hublot à contempler la côte qui défile au dehors.
Après deux heures de traversée, on est à Masbate. Personne n'a l'intention de rester là, c'est un premier pas.
Le deuxième pas consiste à trouver une gargotte pour se remettre l'estomac et les idées en place. Une fois ce pas de géant passé au cours duquel je retrouve ma bonne humeur, chacun se quitte pour mieux se retrouver. Je vais acheter mon billets pour Cebu puis me poser en musique, Marie et Yo' vont chercher un internet-café pour trouver réponses à leurs questions.
Et à 16h, tout le monde est à nouveau réuni. Chacun a fait la paix avec son programme. C'est bien simple, comme mon idée apparait être la meilleure, Yo' et Marie prennent le train en marche, en route vers Bohol. Un ticket pour tout le monde!!!
Le bateau n'a plus rien à voir avec le précédent. De Luzon à Masbate, Deux heures sur l'eau, on était dans une espèce de vedette rapide avec tout le monde à l'intérieur.
De Masbate à Cebu, plus de douze heures sur l'eau avec la nuit à passer, c'est un ferry qui nous prend. Ca se passe sur trois niveaux qui sont recouverts de centaines de lits superposés. Il doit bien y avoir des cabines doubles quelque part mais comme on a pris les billets les moins chers possibles, on s'en tiendra à ce qu'on voit, le plus grand dortoir qu'il m'est jamais été donné de contempler. Et pour occuper les lits, tout ce que compte les Philippines de diversité : des familles, des jeunes, des vieux, des nourrissons, il y a de la vie là-dedans, c'est un doux euphémisme!
Le bateau lève les amarres à 17h, on est parti pour une nuit sur l'eau, toujours la tête au vent grace au fait que tout le pont-dortoir est grand ouvert sur l'océan.
A l'intérieur, Yo' joue aux échecs avec des locaux, voisins de lits. Moi et Marie regardons le coucher de soleil la clope au bec.
Puis, une fois qu'à l'extérieur il fait tout noir, on rejoint Yo' pour un dîner dans le restaurant du bateau. Quand on y arrive, tout est plein, c'est pas notre veine. Ou plutôt si, au fond reste la table du capitaine, notre table au final, belle attention qui fait qu'au final, on dîne en terrain conquis.
Après le dîner, Yo' retourne à sa partie d'échecs et on se lance avec Marie dans une conversation de plusieurs heures. La conversation va du plus sérieux au plus anecdotique. En résumé, Marie m'évoque sa relation à la spiritualité et à la méditation autant qu'elle raconte comment elle s'est faite lipossucer les bras plus tôt dans le voyage. Vous imaginez ma tronche... Quand la discussion se termine, j'en ai pleins les oreilles, c'est parfait pour un endormissement rapide et efficace bercé par le tangage du bateau qui fend la mer dans la nuit moite.
C'est au petit matin qu'on arrive à Cebu. Mes compagnons, comme moi, sont tout étonnés, c'est le retour à la ville. Le port n'a rien de charmant. La couleur prédominante est le gris, couleur qui contraste avec tous les containers qui s'alignent, se surperposent à l'infini. Cebu City est la deuxième ville des Philippines après Manille dont elle copie tous les critères esthétiques, du moins d'après ce qu'on peut en voir. Mais, il n'y a rien de dramatique à cela, on est pas là pour rester, mais alors pas du tout. En fait, on veut partir le plus vite possible retrouver des horizons plus bleutés, voire mieux, turquoises.
C'est pourquoi, à peine posés les pieds sur les docks, on se retrouve de nouveau devant un guichet vendeur de billet de bateau. Et cette fois enfin, on espère que ce sera le dernier pour nous permettre de poser nos valises et, in fine, s'alanguir dans les eaux transparentes qui font le bonheur des plaisanciers. Et c'est le cas.
Quand notre dernière navette aquatique s'approche des eaux de Bohol, tout est là pour flatter le regard et l'odorat. Ca sent le farniente à pleins naseaux!! et c'est pas le fait de prendre un dernier tricycle, direction Alona beach, qui va changer ça!
La plage y est une fine bande de sable fin comme de la farine. Marcher pieds nus sur de la moquette, en comparaison, c'est comme marcher sur du fil barbelé!! C'est doux comme une peau de bébé lavée des heures durant à la soupline!!
Et la mer... La mer est plus bleue que le bleu de tes yeux, ce qui n'est, avec un peu de chance, pas peu dire!!
Comme dit la chanson, il y a donc le ciel, le soleil et la mer.
Enfin...
Ne reste plus, pour en profiter, que de se délester des vingt kilos que je trimballe sur le dos.
Pour moi, c'est dans cinq minutes; pour toi, c'est pour demain peut-être...
Désolé, mais là, il faut que comme toi surement, j'ailles me réhydrater, car l'insolation guette!!
Des bisous doux comme le sable farineux.