Sympathiquement renvoyé de la finance mondiale à faible responsabilité alors que la démission se profilait, très débrouillard mais pas très manuel, capable de gravir une montagne mais pas sportif, titulaire du permis de conduire sans savoir, vivez mes aventures baroques autour du monde!
Un ricochet sur Bangkok,
Un crochet par l'arrêt du bus,
Accroché à mon rêve,
Embrochez les brochettes.
Tous les passagers montent dans un premier bus, confort avec siège inclinable comme une couchette, oreiller et couverture.
- "Couverture? Mais ils sont pas bien ceux-là? Il fait bien trop chaud pour la couverture! Pffff!!!"
Dans la seconde qui suit, la clim' se met en marche. Aïe...
En 5 minutes, la température intérieure passe de 25ฐ à 15ฐ. J'ai très vite compris que j'avais dit une connerie pour l'histoire de la couverture...
Le bus finit de se remplir de sacs à dos et valises à roulette, et on est parti.
Pendant 10 minutes...
En effet, après 10 minutes, la climatisation du bus s'est cassée d'elle-même et on a repris la direction inverse en ce qui concerne la température. Seulement maintenant que le bus est plein de gens, on repart de 15ฐ pour atteindre facilement les 35ฐ à l'intérieur. Tout le monde y compris le chauffeur, a bien compris que le voyage ne pourrait se faire dans ces conditions, il faut changer de car.
Transbahutage des sacs, en peu de temps, on est reparti sur la route du sud comme un
aoutien engourdi par la clim'.
A 5h du matin, les passagers sont tirés du sommeil par une toute petite bonne femme dont la voix a la portée d'une alarme de voiture. Elle nous apprend qu'on est arrivé à Surat Thani et qu'il faut encore changer de bus pour ceux qui vont à Krabi. Certains s'arrêtent ici et devront attendre deux heures le bateau pour les îles.
Pour les Krabistes, en 10 minutes, on a été repêché par un nouveau car qui file vers notre but au gré des Thaïs qui montent et qui descendent car c'est dans les transports en commun qu'on finit la nuit.
Plus moyen de dormir, tous les sièges sont pris d'assault, le bus est plein comme un oeuf. Quatre heures de sommeil à 15 degres, ça pèse sur les paupières.
Mais vers 6h, l'horizon s'éclaircit, la lumière ravive les couleurs, on y est. Ou presque, la brume est épaisse même si elle permet quand même de se rendre compte de ce qui se passe à l'extérieur. Plus on approche de Krabi, plus la végétation se niche aux pieds et aux sommets de falaises impressionnantes qui dominent tous les alentours.
Ca promet!
A 8h, nous sommes à Krabi town, j'ai sympathisé avec Tally, une allemande muti-piercée avec qui il est prévu que je partage un bungalow les quelques nuits suivantes.
Ne reste plus qu'à la convaincre de venir à Ton Saï beach (ou Hat Ton Saï) en suivant les conseils de Charlie et Anna. C'est un jeu d'enfant, en moins de deux, on est sur la route de l'embarcadère pour Ton Saï. Et toujours, plus on se rapproche, plus c'est beau tout autour de nous.
Il est finalement 9h lorsqu'on rejoint la mer, enfin...
Après un moto-taxi, trois bus et un pick-up, on peut profiter du bateau. Et le bateau, c'est pas un luxe, c'est juste que pour aller à Ton Saï comme à sa voisine Rai Leh, on ne peut y aller que par voie maritime. Les plages se trouvent sur une péninsule et sont isolées du reste du pays par des falaises infranchissables qui les entourent.
On prend donc un bateau-taxi qui est, comme déjà décrit précédemment, un long-tail boat.
Dix minutes de bateau, pas plus, pour passer d'une ville de bord de mer à une plage inaccessible. Et tout au long de ces courtes dix minutes, la machoire du bas se désolidarise de celle du haut, la bouche est grande ouverte, plus moyen de la fermer.
C'est la claque sur cent mètres de haut!!!
Le bateau longe une côte faite de murs abruptes et irréguliers d'où partent des stalactites rocheux et dans lesquels les cavités sont aussi grandes qu'un immeuble. Parfois, un piton s'est echappé de la paroi et trône au milieu de l'eau du haut de sa centaine de mètres.
Avant, j'étais fatigué, ça va beaucoup mieux depuis...
Depuis, le bateau a contourné la péninsule est a offert à mon regard le droit de chavirer de joie à la vue de Hat Ton Saï et de Hat Rai Leh.
Avant de s'arrêter sur notre plage, en regardant la barrière qui défile, on distingue de partout des grimpeurs qui s'évertuent à se mettre dans des endroits impossibles au milieu du royaume des murs. Ils sont à toutes les hauteurs, à gauche, à droite, c'est la Mecque de l'escalade.
A voir l'endroit et la façon dont ils progressent sur la face, ça fait vraiment envie, autant que ça fait froid dans le dos au niveau de l'effort à produire. J'en connais qui vont être bien fatigués ce soir, et qui l'auront cherché!!!
On a ensuite posé le pied sur la plage, c'est le temps des frissons dans tout mon corps. Ne reste plus qu'à faire le tour du propriétaire, trouver un loueur, et se remettre de nos émotions. Avec Tally, on craque sur un buwgalow perché à trois mètres du sol.
Conseil du gérant : "Ne laissez pas vos fenêtres ouvertes quand vous n'êtes pas présents car des singes pourraient entrer et faire passer un mauvais quart d'heure à vos affaires."
Réponse en coeur : "Encore mieuuuxxxxx!!!!"
Cette première journée comme la seconde sera en mode contemplation, repos et tchatche avec Tally. Tantôt au soleil puis aussitôt à l'ombre, le soleil d'ici il vous cuit un oeuf en moins de deux. Mais où qu'on se trouve, ça ressemble à un paradis perdu. Aucune circulation à la plage ET partout autour. Jamais plus que 50 personnes sur la plage. Des fruits en versions fruits, jus, milkshakes, glaces... Tout un tas de petites îles aux formes ultra-diverses et ultra-découpées. Une végétation à s'y perdre. Une eau chaude toute l'année. Des douches froides ET agréables toute l'année. Des petits bars-restos tout simples, tout en bois et en coussins. Et des falaises... J'vous ai déjà parlé des falaises? WAOOOOOWWW!!!!
C'est donc, si on fait l'addition, un excellent endroit pour se poser le cul pendant un jour et demi.
En plus, c'est un endroit où la très grande majorité se lève tôt, fait du sport toute la journée, boit un coup et va se coucher tôt.
C'est justement ça, après un jour et demi, qui manquait, faire des trucs dans la journée pour être fatigué le soir!!!
Au matin du samedi 24, j'ai pas réalisé ça tout de suite, il a fallu que je me lève tôt et que je passe deux heures sur la plage pour qu'à 13h, je réalise enfin qu'il faut que je bouge mon corps.
Dans la foulée, je pars, tel Yakari, louer un canoë-kayak.
Tally, elle va essayer de retrouver une amie à elle à Krabi et pas en canoë.
Toute l'après-midi, je pagaye aux pieds des falaises, entre les îles, quelques méduses autour mais aussi des poissons, j'me fait pleins d'potes(ses) kayakistes, je ne fais plus qu'un avec le soleil.
Au retour, seul problème dans cette mer de délectation, c'est que c'est maintenant marée basse et que lorsque la mer se retire à Ton Saï, elle se retire pour de bon. Il faut alors marcher sur des cailloux asserrés, c'est le massage des pieds à la mode des Huns. Et d'autant plus quand on doit porter un kayak...
Ton Saï est donc une plage de rêve à ceci près, qu'il est quasiment impossible de nager ou d'avoir de l'eau au dessus des hanches à moins de marcher longtemps sur des roches auguisées comme des lames. Il faudra donc que je fasses mieux par la suite, à voir...
Déjà remis de l'après-midi de rame, il faut bien s'attaquer à la suite logique des évènements. Ton Saï est un très haut lieu de l'escalade. Les écoles s'y succèdent et on y rencontre à longueur de journées des gens qui viennent passer un mois ou plus ici, dans le seul but de s'attaquer aux parois verticales des environs immédiats.
De plus, Tally a retrouvé sa copine et toutes deux passent leur temps à parler dans la langue de Goeht.
Il n'y a donc pas moyen que je passe mes journées à attendre qu'elles repassent en mode anglais.
Sur le chemin de l'hotel, une école d'escalade me barre la route, plus moyen de faire machine arrière. Je choisis le programme sur trois jours qui devraient en principe faire de moi un grimpeur chevronné et indépendant d'une école par la suite.
Rendez-vous est pris pour le dimanche matin à 8h30. 8h30 le dimanche? Si, si, c'est possible.
Le réveil de 7h30 sonne donc le glas de mes grasses matinées et à ma grande surprise, à cette heure là, le petit déjeuner est pris d'assault! Lapocompris...
La veille, au centre d'escalade, on m'a prévenu que ce matin serait en grande partie théorique.
En fait, c'est pas vrai.
A 9h, on est sur un bateau avec 7 autres personnes dont le prof et son accolyte. On m'a donné mes chaussons et mon harnais, ça veut bien dire quelque chose. Le bateau nous laisse sur Rai Leh beach, c'est là qu'on grimpe car c'est là qu'on trouve les itinéraires les plus accessibles pour les débutants.
Pour ma part, j'ai déjà fait ça l'année dernière déjà en Thaïlande mais là, c'est d'un tout autre niveau.
Tout de suite, je suis mis aux pieds du mur et c'est pas une image. Le professeur, Nan, veut évaluer le niveau de chacun. Je passe en deuxième après un type qui pèse 30 kilos de plus que moi et qui n'a pas réussi à atteindre le haut de la voie.
On m'arnache de tel façon que si je tombe, quelqu'un fait contre-poids et je ne m'explose pas le corps tout entier quelques mètres en dessous.
Et on est parti, mon kiki!!
Au départ, c'est facile, j'ai toutes mes facultés motrices et les prises sont assez grandes pour y placer tous les doigts qui composent ma main. Mètre après mètre, je monte. Quand c'est trop dur, je me laisse tomber dans le vide, rattrapé aussitôt par mon p'tit binome. Il faut alors recommencer, recommencer et recommencer encore... Et plus ça va, moins ça va. Tous mes muscles sont utilisés à l'extrème, j'en découvre même certains car ils crient "à l'aide" .
il faut que je me mettes dans la tête que ce n'est pas un sprint mais un marathon.
Qui prend son temps en verra le bout.
Qui va trop vite ne sent plus ses bras après 5 minutes. C'est là que le chemin de croix commence...
J'ai beau recommencer encore et encore, je m'épuise plus vite encore qu'une pile saline.
il faut se rendre à l'évidence, la voie choisie est trop difficile et si je m'obstine, je n'arriverais à rien d'autre qu'à me vider de toutes mes vitamines en moins d'1/4 d'heure.
Et c'est pas le but!! D'autant que j'ai 3 jours prévus au programme!!!
Une capitulation plus tard, je suis de retour sur le plateau des vaches malgré mes tentatives pour m'en extraire.
Au final, pour cette journée, je me suis lancé dans sept tentatives d'ascension.
Sur ces sept, je suis revenu victorieux deux malheureuses fois...
Deux malheureuses fois seulement où j'ai pû admirer la plage depuis les hauteurs, récompense d'une grimpette achevée de mains de maître. Enfin si on veut...
Il faut préciser ici que sur tous mes échecs sans exception, la paroi en vient à être plus que verticale, c'est à dire que mes mains sont derrière mes pieds. L'effort dans ce cas n'est plus à ma portée, c'est pas faute d'essayer pourtant....
Au retour à l'hotel, en une journée, je suis plus fatigué qu'en douze jours de trek au Nepal. Pour vous dire, j'ai même du mal à tenir ma cigarette entre mon index et mon majeur. Je ne sens plus rien si ce n'est qu'au moindre effort supplémentaire, j'ai les avants-bras qui flagèlent jusqu'à des tremblements incontrôlés et la cigarette tombe par terre sans que je puisses rien y faire.
Inutile de rajouter que ce soir-là, je suis pas vraiment parti pour faire les 400 coups.
Une bouffe, un suppo' et au lit, c'est la loi quand on se traine d'avoir depassé les limites.
Le lendemain (lundi 26 janvier), j'ai l'impression d'un lundi de boulot quand il faut se lever aux aurores après avoir fait un jeûne de sommeil nocturne pendant 48 heures.
Le réveil sonne à 7h30 et comme la veille, je ne suis pas le premier pour les cornflakes. Tout le monde à cette heure est de bonne humeur, content de soi, avec assez d'appétit pour dévorer cette nouvelle journée qui s'annonce.
Pour le Braïce, c'est l'impression d'être passé sous un bus qui domine.
Malgré onze heures de sommeil, il est bien trop tôt. Bien trop tôt pour l'effort, je sens que mon corps siffle de partout l'alerte générale. J'ai l'impression de grincer comme Mittérand dans Les Guignols dès que je fais un pas, que je lève le coude, que je cligne de l'oeil. Et pourtant, il faut se remettre au travail et pas qu'un peu!!
Bonne nouvelle quand même dans cet océan de courbatures, la matinée est enfin théorique!!
La leçon consiste à maîtriser l'art d'ouvrir la voie, c'est à dire fixer les mousquetons et installer la corde de tel façon que les suivants n'ai pas besoin de le faire une deuxième fois.
C'est un peu confus, ah bon?
Pour faire simple, disons que quand quelqu'un a ouvert la voie avant que je grimpe, si je lache le mur et tombe, je suis aussitôt rattrapé et maintenu en l'air par mon binôme à l'aide de la corde qui est toujours tendue puisqu'accrochée au point le plus haut de l'ascension. Je peux alors me reposer cinq minutes et repartir de là où je suis tombé.
A l'inverse, quand j'ouvre la voie, j'installe des mousquetons au fur et à mesure mais à chaque fois que j'en accroche un, il faut que je le dépasse pour en accrocher un autre et à ce moment-là, si je tombe, je tombe de plus haut que l'endroit où je suis maintenu. Il y a donc chute et risque de se manger la falaise de toutes mes dents (sic). Et comme si ça ne suffisait pas, il faut que je repartes de l'endroit où je me suis accroché en dernier et pas de l'endroit d'où j'ai chuté.
Je suis donc hyper-concentré, je prends chaque conseil pour argent comptant. Je sais qu'à un moment où un autre, je vais me faire une frayeur et que plus j'en sais, plus j'en sais...
On vient à bout de la phase d'apprentissage en fin de matinée, il est temps de mettre en pratique.
Je suis mis aux pieds du mur sur une voie réputée moins difficile que les autres. Soit...
Une traction après l'autre, je progresse centimètre par centimètre sachant que les points d'attache pour les mousquetons sont espacés d'au moins deux mètres à chaque fois. Bon courage bonhomme!!! Il faut que j'y ailles et pourtant je suis déjà plus rouillé que le porte-avion Clémenceau!!!!
Dès le départ, tous mes muscles ont déjà capitulé. La bataille de la veille a laissé des traces et je sens que si je perds bataille sur bataille, je suis pas près de gagner la guerre.
Et comme souvent, si cerveau le veut, ça le peut. (merci Roger Lemerre!)
Mais si cerveau veut pas, c'est mal barré.
Je me lance quand même.
Et comme annoncé, pas moyen de faire plus de 5 mètres. Pas moyen d'accrocher plus de 2 mousquetons. Sachant que la voie à ouvrir mesure approximativement dans les 20 mètres de difficultés croissantes, on est loin du compte! Plus ça va et plus je me rends compte que si j'avais dû faire de l'escalade à ce niveau, j'aurais dû m'y prendre 10 ans plus tôt et m'astreindre de surcroit à une vie monacale.
En ce deuxième jour sur les trois que compte mon cursus, je ne tente que trois ascensions. C'est ça où je rends l'âme...
De toute façon, il y a toujours moyen de s'amuser à regarder les autres grimper et en étant à l'autre bout de la corde à attendre que les autres se cassent la figure. Je prends donc ce jour très au sérieux mon rôle de contre-poids mais avec le sourire, j'en bave moins ainsi que ceux qui s'essayent et réussissent là où j'ai pas pû.
Je suis même tellement à ce que je fais que Nan, le prof, me demande d'être le contre-poids du type de 90kg que j'ai évoqué plus haut.
Moi à un bout de la corde.
Le buffle à l'autre bout.
Pas d'engrenages.
S'il tombe, il faut que je sois prêt à amortir le choc pour ne pas me retrouver en 2 temps 3 mouvements à 10 mètres en l'air tandis que le buffle s'écraserait au sol comme un avion sans ailes. Et ça marche!
Bon évidemment, quand Obelix tombe, la nature veut que je décolle mais je me cale les pieds comme sur une planche à voile entre deux rochers et le tour est joué! Obelix est vivant et moi, j'suis content!!
Je suis d'autant plus content qu'en mon fort intérieur, je sais que demain sera un jour "off", pas d'escalade; du repos, du repos, jusqu'à plus soif...
Sur les coups de 17h, cette journée s'achève, je rejoins Tally et sa copine Heike qui commencent à s'ennuyer à Ton Sai à force de ne rien faire de leurs journées. C'est donc ainsi qu'on a pû trouver un compromis entre mon envie de ne rien faire et leur envie d'en faire d'avantage. Le mardi 27 sera l'occasion d'aller voir du pays pour une excursion relaxifiante d'une journée à Ko Phi Phi.
Ko Phi Phi, ça vous dit quelque chose?
Si ça ne vous dit rien, c'est là qu'est censé être LA plage du film homonyme. Ca sent donc l'eau translucide, le corail et les palmiers à plein nez, rien de tel pour me faire oublier le temps d'une journée que j'ai le physique d'un centenaire.
On prend donc les billets de bateau qui nous permettront de gouter au paradis et on branche le réveil à 8h (damned!!!) car le bateau n'attend pas.
Je suis réellement excité à l'idée d'imprimer mes empreintes de pieds en éventails sur ce sable plus fin encore que le filet de voix de Carla S. Et quand le réveil sonne, j'ai beau revenir de campagne, je suis déjà debout, qui l'eut cru?!?
A 9h, on est donc sur le pieds de guerre mais façon "fleur au fusil". Le cul posé sur le bateau, c'est une journée comme il fallait qui commence.
La traversée dure une grosse heure. Pendant ce temps, on passe moultes petites îles qui sortent de l'eau dressées comme des phares. Comme à Ton Sai, les falaises sont partout dès qu'un peu de terre émerge.
A 10h30, nous acostons sur Phi Phi Don. Je précise car il y a en fait deux Ko Phi Phi, Leh et Don.
Don est ouverte au monde merveilleux des constructeurs d'hotels aux prix prohibitifs, aux hordes de touristes qui s'agglutinent jusqu'à ne plus avoir de place pour étendre une serviette sur la plage, aux vendeurs de bracelets et autres paréos, à tout ce qui fait du tourisme une pieuvre dégoutante.
Leh est ouverte au monde fantatisque des gens de passage et uniquement à ceux-là. Aucune construction n'y est autorisée et de toute manière, vus les remparts qui entourent ce joyau, je souhaite bien du courage à qui veut y batir un empire.
En arrivant à Phi Phi Don, c'est un peu la foire-fouille, y'en a partout!
Tout ce que le tourisme engendre de boutiques, de services, on le trouve ici. Ca draine des milliers de personnes chaque jour à tel point que je me demande encore où ils les mettent tous ces gens.
Avec Tally et Heike, on s'installe pour un déjeuner rapide, tremplin vers le programme de l'après-midi.
Et bien les deux miss qui n'en peuvent plus de ne rien faire à Ton Sai ne trouvent rien d'autre à me dire qu'elles ont envie de rester le cul sur le sable à Phi Phi Don!! On croit rêver, le paradis est à portée de tir et elles préfèrent rester de l'autre côté de la porte, à ne rien faire...
Là-dessus, mes deux allemandes, elles n'ont rien vu venir. Moi qui suis d'un naturel pacifiste, je me suis transformé en bête sauvage leur vomissant tout ce que j'avais sur la conscience à leur encontre.
Je peux vous dire qu'après ça, ça a filé droit du côté de l'outre-Rhin. Plus un mot, juste des "on est désolé" dans le regard, tout le monde file à Phi Phi Leh. Non mais...
On a donc loué un long-tail boat juste pour nous et juste pour les 3 heures qui nous séparent du retour vers Ton Sai.
Comme prévu et comme imaginé depuis bien longtemps déjà, Phi Phi Leh est à tomber à la renverse. L'île est donc entourée de falaises asserrées sauf à deux endroits où la mer peut pénètrer vers le centre de l'île comme un goulet d'étranglement.
Et à ces deux endroits, c'est moi qui m'étrangle.
L'eau passe d'un vert plus ou moins opaque à un mélange de bleu-vert complètement translucide. En plus, je ne sais pas si c'est la chance du débutant qui veut ça ou quoi, mais Maya Bay (La Plage) est presque déserte et sa pareil de l'autre côté également. On ne partage le paradis qu'avec quelques dizaines de gens. Il ne manquerait plus qu'il y ait des embouteillages au paradis!!
Le temps de piquer plusieurs fois une tête dans l'eau cristalline, de faire le tour de l'île, et les portes se referment derrière nous...
Même les meilleures choses ont une fin.
Les pires aussi, en partant je me remets en tête que le lendemain à la même heure, je serais sans aucun doute au bout du rouleau, lessivé par ma dernière journée de varape qui s'annonce éreintante.
Mais avant de mourir pour la troisième fois en quatre jour, il est encore temps d'en profiter. Sur le bateau qui nous ramène à Ton Sai, comme j'adore le faire, je m'assois sur la proue avec les jambes qui pendent de part et d'autre et avec de la musique à fond les ballons dans les oreilles.
C'est l'occasion de placer "symphonie de plaisir".
Au retour à la maison, l'ambiance est mi-figue mi-raisin, les filles sont encore toutes retournées par l'enfilade de bons mots de l'après-midi même si au bout du compte, elles ont adorrrré l'escapade.
Pour ce que j'en pense, je m'en tamponne, il faut que je me reconcentre sur la grimpette.
Et pour ce que mon corps en dit, il a faim à nouveau.
Mercredi 28 correspond donc au dernier jour de torture.
Comme d'habitude, le réveil sonne trop tôt mais comme c'est le dernier jour, je suis d'humeur guillerette.
En plus, aujourd'hui, je n'ai pas vraiment envie de me prendre la tête, donc j'annonce au prof qu'il me faut une journée comme la première. Pas de stress, juste de l'effort.
Et bien quand on est dans cet état d'esprit, tout est plus simple. Je ne dis pas que je suis subitement devenu un chimpanzé mais en tout cas je m'aggripe avec conviction à toutes les prises qui passent. 5 doigts, 4 doigts, même 3 doigts. Et si je me ramasse, je retente autant que mes biscotos me le permettent.
Le résultat est à peu près comme le 1er jour, huit ascensions pour trois succès mais l'essentiel n'est pas là, je suis au moins mentalement réconcilier avec l'art de défier la gravité. Physiquement, c'est autre chose, presqu'un grand écart. Je suis au bout du chemin, mais alors vraiment au bout...
Ca tire, ça tremble, ça crampe même.
Le soir, je tente de fêter l'achèvement de mon cursus, mais j'ai mal jusqu'aux amydales; donc comme toujours à Ton Sai, malgré la plage, la musique, les cocktails de toutes les couleurs, je rentre me coucher à la limite de la sobriété.
Le matin suivant, plaisir du feignant, pas de réveil. Tally a beau se lever à 8h, il est pas né celui qui me tirera du lit avant l'arret complet et définitif de la fatigue. J'étire donc la grasse matinée jusqu'aux limites du raisonnable comme dans mes plus belles années.
14h30? C'est correct, on peut finalement ouvrir les yeux. Mais pas trop quand même... Lunettes de soleil de rigueur sur le nez, je traine ma couenne jusqu'à la plage et mange pour quatre personnes. L'appétit est là, c'est bon signe...
Mais pas l'envie aujourd'hui d'en faire plus, juste la plage, un brin de tilleul et le plaisir du travail accompli. Que demande le peuple? Rien d'autre!
J'aurais encore besoin du vendredi ET du samedi à ce rythme pour être vraiment remis de mes émotions.
Chaque jour le coucher est de plus en plus tardif et le réveil après 11h.
Gare au piège, maintenant il va s'agir de ne pas moisir ici, j'ai encore et encore de la route à faire!
Tally et Heike, avec qui ça va beaucoup mieux, m'énervent quand même car elles ne savent jamais ce qu'elles veulent et je n'ai pas envie de macher leur nourriture avant qu'elles ne l'avalent. Il va donc être temps de voir nos chemins se séparer.
Goodbye Germany!!!!
J'achète pour le dimanche matin un billet pour Phang-Nga à deux heures de route de Ton Sai. On verra bien ce que l'avenir nous réserve là-bas. Mais je ne me fais pas trop d'inquiétude, je suis seul maître à bord de mon embarcation et mon coeur est ma boussole.
D'ailleurs il pense à vous bien plus souvent que j'ai l'occasion de l'écrire...
Si c'est un tant soit peu réciproque, j'avoue que je serais pas contre un petit commentaire.
Merci mes p'tits glaçons gaulois.
Et comme d'habitude, qu'il neige, qu'il grêle, qu'il vente, qu'il pleuve des grenouilles ou autres, je vous couvre de bises tropicales et moites.