A la suite de mon dernier message, j'aurais dû rechausser mes bottes de 7 lieues et repartir en croisade.
Mais force est de constater que même si la route est pavée de bonnes intentions, il faut encore pouvoir (ou vouloir) se lever aux aurores pour affronter une journée dans les transports. En effet, à Bangkok, je suis le roi du "snooze time". Je m'explique. Quand le réveil sonne à une heure avancée de la matinée, le snooze time consiste à se rendormir pour quelques minutes tout en sachant que le réveil va re-sonner dans les minutes suivantes. Moment délicieux que celui où on se replonge dans les rêves.
Le matin du 14 janvier, c'est exactement ce qui s'est passé mais jusqu'à midi!!
Dans ces conditions, il est inutile de dire que même si je me sens frais comme un gardon, je n'ai pas envie d'arriver à Pak Chong (ville porte d'entrée vers le Khao Yai national park) à la nuit tombée. C'est d'autant plus dur pour se repérer dans ces conditions que mon LP Asie du sud-est ne possède pas de carte de la localité.
Il a donc fallut que je compose avec une nouvelle journée dans Bangkok que je commence à connaître sur le bout des doigts ou presque.
Heureusement, dans mon malheur tout relatif, la veille j'ai recroisé Andy, un allemand avec qui j'avais sympathisé à Ko Chang. Il dors dans le même hotel que moi et c'est donc sans problème qu'on se retrouve vers 13h.
L'après-midi est molassonne.
Andy repart le lendemain vers son pays natal et comme moi, il est blasé de Bangkok.
Mon programme est donc de trouver un bon bouquin pour m'accompagner en forêt, rien de plus.
A 16h30, alors que le soleil décline, Andy a une idée brillante : prendre un taxi jusqu'à la Sky Tower, un gratte ciel de près de 90 étages dont le sommet est un bar avec panorama sublime sur la ville surplombé par une coursive tournante d'où on peut voir Bangkok à l'air libre.
Après 1/4 d'heure de taxi, on avance plus d'un pouce. Les voitures, tuk-tuk et autres sont pares-chocs contre pares-chocs et plus personne ne bouge pendant plus de 5 minutes montre en main, c'est très long!!!
A ce rythme, le coucher de soleil va se passer à l'arrière d'une berline. On peut rêver mieux...
Une solution s'impose : Le moto-taxi.
On quitte donc le 4 roues pour dénicher deux 2 roues, plus à même de battre des records d'efficacité. Et nous voilà parti, chacun sur sa bécanne, à la merci d'un chauffeur-pilote spécialiste du sens interdit, du slalom au cordeau, de la voltige.
Résultat, on aurait mis 2h à bailler aux corneilles dans un taxi qu'on aurait battu à la course à cloche-pied et au final on arrive à la tour en 15 minutes de rigolade et de serrage de fesses pour mieux passer entre les voitures, aérodynamique oblige.
Quand on regarde la tour d'en bas, c'est à tomber à la renverse tellement c'est grand. Pour sûr que la vue va être grandiose!!
Trois ascenseurs plus loin, on est au sommet.
On est pile à l'heure pour le coucher de soleil mais une chose cloche, c'est plus brumeux que Paris dans ses plus mauvais jours... On sait que le soleil est là derrière mais on ne peut que l'imaginer, damned!! Zéro couleur, c'est la déception.
Seulement, on ne peut oublier qu'on est 200m au dessus du sol. La ville déploye ses tentacules à nos pieds. Les échangeurs routiers s'emmèlent comme des poils pubiens. Les bouchons se dévoilent sur des kilomètres.
Qui plus est, alors que la lumière décline, la ville se pare de millions de lumière et là est le vrai spectacle!!
C'est à vous casser la machoire tant c'est étendu, j'ai beau plisser les yeux comme un Rousseau qui aurait abusé du tilleul, j'en vois jamais le bout.
En plus, quand on est sur la plateforme extérieure, les quelques mètres de tour qui nous dominent sont recouverts de diodes colorées qui scintillent à tout va. On se croirait dans un clip de J. Timberlake!
On reste 2 bonnes heures là-haut à apprécier les environs puis on reprend l'ascenseur dans l'autre sens. Dans celui-ci, une affichette présente le practice de golf inséré dans la tour. Encore un moyen de passer du bon temps!!! D'autant que je n'en ai jamais fait hormis le minigolf dans mes tendres années.
Andy est mitigé, ça ne lui dit trop rien d'enchaîner les swings perché au dessus d'une des plus grandes villes du monde.
J'use alors de tous les artifices pour le faire changer d'avis jusqu'au moment où on se met d'accord pour lancer la pièce et laisser le destin décidé par l'entremise de la chance.
Je lance la pièce, on va jouer au golf!!!! 2 euros pour taper 120 balles, que demande le peuple!!
En plus, pour le même prix, on se tape un méchant fou-rire parce que ça a beau sembler simple, les premières balles ne sont qu'esquives rotatives!
Mais au fur et à mesure, on progresse sans que les rires ne cessent.
Merci la pièce d'être tombée du bon côté!!
Au final, ça nous prend bien 90 minutes pour arriver au bout du charriot de baballes.
Et puis ça réveille!!
Ca réveille tant et si bien qu'Andy est tout ragaillardi. Le bougre d'allemand a une idée derrière la tête ou entre les jambes pour être plus précis...
Il se lance dans un monologue.
C'est son dernier soir en Thailande et il a envie de tout gouter, y compris le pire de ce que Bangkok a à offrir.
Il a une adresse et me convint de le suivre dans les aventures de son dernier soir.
La destination est un club de call-girls à quelques encablures. Je suis désolé mais je ne me souviens déjà plus du nom...
Un resto indien à la nourriture épicée comme du napalm plus tard et on est parti, il est 22h30.
On arrive au club à 23h.
La partie gratuite est une grande salle où on diffuse les matchs de football et où on boit des coups.
Sur un côté de la salle, une vitrine imposante couvre tout un mur.
Derrière sont assises des filles qui doivent être à peu près une dizaine avec des badges numérotés sur la poitrine.
Alors qu'on se raffraichit d'une bière, un type nous explique le principe.
Sur la gauche, les super-models qui n'ont de ça que l'appellation. Elles sont plus chères que les autres.
Au milieu, les jolies filles qu'on trouvera pour la plupart jolies que si on abuse de l'alcool. Elles sont à un prix moyen.
Sur la droite, celles qui ne répondent malheureusement pour elles à aucunes des 2 autres catégories. Il n'y en a qu'une et les autres filles se moquent ouvertement de celle-ci qui est assise toute seule comme une pauvre malheureuse.
Le spectacle est à vomir, c'est pas pour les sentimentaux.
Mais le fait est qu'on peut "louer" une ou plusieurs filles pour deux heures de "massage", "bain", "jeux".
Andy est tout émoustillé et ne sait quoi choisir sur le "menu".
A l'arrière, un pianiste joue de la musique d'ascenseur accompagné d'un chanteur qui débite des chansons d'amour thaïlandaises mélancoliques en pleurant littéralement sur son micro. Ambiance quand tu nous tiens...
On reste là, assis pendant une heure. Andy n'est toujours pas décidé et en plus pendant ce temps, le choix s'amenuise.
Il est tellement indécis que minuit arrive.
Et à minuit, sans qu'andy soit prévenu, en un instant, toutes les lumières derrière la vitre s'éteigne, le club ferme, Andy est dépité. Et moi, je ris!!
5 minutes plus tard, la lumière se rallume, les filles ont disparu, ne reste que la femme de ménage qui passe l'aspirateur!!
Andy est en deuil.
Même la musique s'est tue.
C'est vraiment la fermeture.
Ne nous reste donc plus qu'à partir comme on est venu, retour dans notre quartier.
Je quitte Andy à 1h du matin, bien décidé à me levé tôt.
Un rapide passage par le Burger King plus tard, je suis au lit à 2h encore tout amusé par la tournure des évènements.
Le lendemain, le réveil est prévu à 9h, et sachant que j'adore le "snooze time", je me vois partir en fin de matinée si je ne suis pas trop feignant.
Pour résumer la soirée, je suis venu, j'ai bu et j'ai vu vingt culs.
Et force est de constater, que de la sorte, c'est pas ma came.
Et l'amour dans tout ça, il est sans doute au coin de la rue mais laquelle?