J'étais censé vous parler de mes derniers jours à Kathmandou,
Ca semble à des années lumières maintenant...
Il y a bien eu le réveillon de Noël où j'ai partagé le dîner avec un Jesus espagnol, un Adam irlandais et une Eve néherlandaise, ça c'était quelque chose!!
Il y eu aussi les visites de stupas, de temple habité par les singes, de batiments à l'architecture tout droit sortis d'une version himalayenne des mille et une nuits.
Peut-être vous rendez-vous compte sur les photos, parce que je n'ai plus le coeur à revenir dessus.
C'était pourtant sacrément bien malgré le froid, mais maintenant désolé le coeur n'y est plus, mais alors plus du tout...
Dans un soucis de vérité, laissez moi vous compter pourquoi.
Je suis arrivé à Bangkok gonflé à bloc le 30 décembre. J'allais enfin retrouvé Anna et Charlie que j'avais laissés quelques mois auparanvant.
J'ai rencontré Anna et Charlie un an plus tôt lors de mes précédentes vacances en Thaïlande et j'adore ces deux personnages au point que je me suis rendu deux fois à
Gotheborg en Suède pour leur rendre visite.
Charlie est né en Corée il y a 26 ans et fut adopté par une famille suédoise à l'age de 3 mois. On ne peut imaginer personne plus expansive et volubile. Charlie est un peu la reine des folles et je l'adore.
Anna est née en Suède il y a 24 ans, c'est un sacré bout de femme qui ne s'en pas laisse pas compter, elle est belle comme un coeur et sauvage comme un pur-sang. Accessoirement , ça peut sembler neuneu mais c'est la vérité, j'aime Anna depuis la 1ère fois que j'ai posé le regard sur elle.
Accessoirement aussi, on a déjà batifolé a plusieurs reprise ce qui n'a évidemment jamais rien calmé de mon côté.
J'étais donc aux anges de pouvoir les rejoindre à Ko Chang pour passer 3 semaines ensemble. Charlie & Anna filant ensuite en Australie pour au moins un an afin de se refaire question finances.
Je suis arrivé à Bangkok en début de matinée et il n'était pas question de perdre une minute. A peine arrivé, j'ai sauté dans un taxi pour qu'il me conduise à la gare routière afin que je dégotte un bus. Et comme l'année dernière exactement, le chauffeur de taxi propose de me conduire jusqu'à l'embarcadère pour Ko Chang à 300km de là. Que croyez-vous que je lui répondis? Fais-moi un prix!!!
C'est comme ça que ça c'est passé, trois heures plus tard, j'étais chaudement assis dans le bateau car, il me faut préciser, Ko Chang est une île et il y a fait chaud surtout quand on déboule de Kathmandou ou de France actuellement d'après ce que j'entends.
Bref... Je retrouve le chemin de l'hotel où il est convenu que je partage la couche avec mes deux larrons qui sont déjà sur place depuis 5 semaines!
A 14h, je retrouve également le chemin de la plage où j'aperçois enfin mes hôtes.
Moment de rêve, tout le monde se saute dans les bras et les frissons parcourent les corps, ça promet...
Les jours qui suivent sont un bis repetita de ce qui s'est passé l'année dernière. Anna et Charlie sont deux fétards invétérés et à nous trois, c'est toujours à savoir celui ou celle qui sera le dernier debout.
Le rythme est donc celui-ci :
Les levers sont difficile quelle que soit l'heure.
Les après-midi à la plage sont souvent silencieuses mais jamais d'une manière embarrassante.
Viennent ensuite l'heure de la sieste, puis du coucher de soleil (chienne de vie!!!).
Pour finir, on mange, on boit, on danse, on rit jusque très tard dans la nuit.
En plus, le 2ème jour, c'est le nouvel an. Surrenchère de décibels et de feux d'artifices, on se rend bien compte qu'on est pas en Syrie par exemple!
Pour ma part et puisque c'est principalement de ça qu'il s'agit ici, je n'entreprends rien avec Anna même si ça n'est pas l'envie qui manque car il convient maintenant de faire les choses dans les règles puisqu'on va passer les trois prochaines semaines ensemble.
Ce que je ressent pour cette fille, je l'imagine comme une espèce de tiroir que je ne pourrais plus fermer tant les sentiments s'y accumulent.
Il va donc s'agir d'agir en douceur afin de ne pas troubler l'excellente atmosphère thaïlandaise.
Je fais d'abord part à Charlie de ce que je ressents. Non pas pour qu'il aille trouver qui vous savez mais pour avoir son assentiment. Je ne voudrais en priorité pas rompre l'alchimie qui règne entre nous.
Et Charlie, plus royal que le roi, me donne son feu vert. Ne reste plus qu'à trouver le moment idéal...
Ce même soir (le 3 janvier), la soirée se passe excellemment. Excellemment jusqu'à ce qui suit...
A 4 heures du matin, en chemin entre un endroit ouvert et musical jusqu'à pas d'heure et un autre, on repasse par le bungalow. On a tous encore la sauce et il s'agit juste de refaire le plein de liquide. Je suis dans les starting blocks.
Anna en profite pour règler l'alarme sur son téléphone portable vers 8h ce matin même car Elle et Charlie vont jusqu'au Cambodge dans la journée afin de bénéficier d'un visa thaï tout neuf, le leur arrivant à expiration.
C'est à ce moment tragique qu'elle apprend au travers d'un SMS d'une banalité affligeante ("tiens au fait, peut-être que ça t'importe de savoir...") que sa grand mère vient de décéder. Subitement elle s'effondre. Charlie est là pour la réconforter comme un frère le ferait pour sa soeur, je sors du paysage mais peu importe alors.
Les circonstances font que tout va de travers. Anna pense faire un aller-retour en Suède mais cette idée ne fera pas long feu.
La seule chose qui importe sur le moment pour ma belle, c'est de boire jusqu'à l'oubli, noyer sa peine comme on dit.
La soirée ou la nuit se poursuit alors dans une ambiance que vous devinez, mi-figue mi-raisin au bas mot dans les têtes, mi-redbull coca mi-rhum local dans les seaux qui nous servent de verres.
Tout le monde rentre et s'effondre avant que le soleil se lève.
Je ne sais pas à quoi m'en tenir; disons légèrement que ce n'est que partie remise.
Le lendemain, les paupières d'Anna sont encore humides de la veille et il va sans dire que l'aller-retour au Cambodge sera pour plus tard, c'est pas bien grave.
Charlie et moi faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour tantôt lui faire oublier ses malheurs et tantôt pour la réconforter.
Et le soir venu, on en parle plus, c'est mieux comme ça tant la situation familiale d'Anna est compliquée.
C'est le retour au rythme classique, la soirée est une merveille de soirée. Les gens autour de la table sont souriants, décontractés. La musique est bonne, bonne, bonne. Les gosiers se remplissent, remplissent, remplissent.
Sur les coups de 3 heures, Charlie s'éclipse avec un compagnon d'un soir.
A 5h, il n'est toujours pas de retour parmi nous, il y a de grandes chances qu'il y passe la nuit jusqu'au lendemain. Je sens monter la pression mais je contrôle.
A 6h, je fais signe à Anna que je rentre à la maison, il est l'heure pour moi. Cela dit malgré l'heure très avancée, je suis bel et bien réveillé et remonté comme une pendule.
Elle rentre peu après moi, je n'ai pas eu longtemps à attendre.
Au détour de la conversation pré-sommeil, je fais mon coming out.
De la meilleure façon possible, je dévoile la palette de sentiments que je ressents pour cette fille.
Le fait est que ça ne m'arrive que très exceptionnellement d'être exalté à ce point par une donzelle et c'est exactement ce que je recherche dans la vie. Je fais donc bien attention à choisir chaque mot, à ne pas mettre de pression malgré les apparences. Tout ce que je veux, c'est pouvoir donner.
La demoiselle est sur le cul, les mots ont du mal à sortir.
Mais quand ils sortent, ils foudroient direct au coeur.
Le fait est qu'elle ne cherche en aucun cas quelque chose de stable, qu'elle est flattée mais que ç'eu été mieux si j'avais gardé ça pour moi car elle préfère me voir comme un frère plutôt que comme un compagnon ne serait-ce que pour trois semaines.
C'est la que les moteurs s'arrêtent et que l'avion s'écrase. Comme le con que je suis, j'ai pas prévu de parachute. L'atterrissage est douloureux. J'ai un sabre qui me transperse le coeur ou le peu qu'il en reste...
Là dessus, mademoiselle file dormir.
Malgré les verres, l'heure et tutti quanti, il me faudra sacrément du temps pour trouver le sommeil et de ce fait une certaine tranquilité d'esprit.
Je suis au 4ème sous-sol et pense ne rien avoir fait pour mériter ça.
Une nouvelle journée s'est écoulé depuis, nous sommes dans la nuit du 5 au 6 janvier.
Aujourd'hui, elle a fait comme si rien ne s'était passé et ça ne m'a pas aidé.
Si ce voyage est un film, ce passage est une tragédie grecque.
Maudit du coeur, il hésite entre l'appel de la route et la poursuite de ce cirque qu'on appelle la vie à la plage, sachant que malgré la douceur, ça fait un mal de chien.
Un conseil?
Volontiers, merci!
PS : Pour que tu ne reste pas sur cette note pas douce, très amère, je laisse en dépot toute ma sélection de photos du Népal, c'est peut-être un peu la foire car il y en a plus de 200, mais dis-toi que j'en ai écrémé déjà beaucoup, que j'adore toutes celles que je te présente et qu'en plus, en ce moment même j'ai d'autres préoccupations.
J'aurais adoré vous raconter des histoires à l'accent printanier avec de la débauche autour, espérons que la malédiction me laisse quelque répit et que ce soit pour une autre fois.