Sympathiquement renvoyé de la finance mondiale à faible responsabilité alors que la démission se profilait, très débrouillard mais pas très manuel, capable de gravir une montagne mais pas sportif, titulaire du permis de conduire sans savoir, vivez mes aventures baroques autour du monde!
A nouveau, livraison speciale avec trois articles dedans. Tu connais la musique, recule de deux pages et reviens en arriere. Enfin, si tu veux quoi...
Paris, ville de lumière, dans la chaleur de notre coeur,
te revoir est un océan de bonheur,
marcher dans tes rues, une symphonie de couleur.
Une symphonie de couleur? Il a fumé c'est pas possible!! Grisaille, pluie et Cie, voilà plutôt ce qui était au programme!
D'accord, on peut le voir comme ça aussi...
Débarquer à Roissy après deux mois d'absence, voilà une sensation pas banale.
On peut en rajouter une couche s'il se trouve qu'en arrivant dans sa ville natale, on se retrouve sans domicile fixe.
Pas de clés, pas de téléphone, c'est la devise de mon voyage et ça parait en complet décallage quand on revient sur ces terres.
Je vous parle même pas du fait que c'est la dernière fois que je pose les pieds en terre sainte pour les deux prochaines années! C'est plus du décallage horaire, c'est du décallage annuel!!!
Mais pas le temps de s'apeusentir, le programme promet d'être dense en revoyures et en obligations administratives. N'oublions pas que le mobile de ce retour plus que passagé est une préinscription aux Assedics me permettant à moi, pauvre licencier, de toucher une petite rente quand mes économies auront fondu et qu'il sera temps de se remettre le pied à l'étrier question travail.
Le premier soir, retour à la maison paternelle. Les heures s'enchainent comme les anecdotes. Le téléphone sonne une ribambelle de bonjours, c'est bon d'être à la maison.
A l'heure de l'apéritif, Papa se sert un excellent whisky et me gratifie d'un excellent rhum as well.
Au moment de porter mon verre à ma bouche, c'est le réveil des papilles, endormies depuis 2 mois de pénitence en terre musulmane.
- Hummmm, vraiment pas dégueux ce p'tit rhum, ça sent le soleil à plein nez!
Papa saisit son verre et boit.
- Mais, c'est pas du rhum, c'est mon whisky que tu bois!!!
Bonjour la honte au pays des Retailleau. J'ai plus l'habitude, il faut que je me rachète un palais. C'est l'hilarité générale d'un côté et trop la honte de l'autre.
Nouveau plaisir à l'heure de passer à table, ça fait deux mois que question viande, c'est poulet à tous les étages. Donc rattrapage de temps perdu, un steack de la taille d'un boeuf atterrit comme par enchantement dans mon auge. Merci Papa, merci Pepette, merci tradition carnivore à la française!
Le matin suivant, c'est déjà l'heure des aux-revoirs.
Et quand je dis matin, c'est pas parce qu'on est en France que je suis dans le rythme du Braïce de Faidherbe ou de Jussieu, je suis tiré du lit à l'heure où le coq hésite encore à s'époumoner. Dans le train qui m'amène vers Paris Saint Lazare, comme avant au Moyen-Orient, je suis le seul touriste! Vous avez dit bizarre?
Avec mon paquetage sur le dos, j'ai l'impression de faire encore plus tache qu'en attendant le bus à Marsa Alam. On peut lire sur le visage des gens l'épanouissement que sussite un trajet en train de banlieue alors qu'il fait encore nuit noire et qu'au dehors, il bruine un crachin hivernal matiné d'une température à ne pas mettre un bédouin dehors.
C'est la joie.
C'est presque autant la joie lorsque je réveille toute la famille Choisy-Perrigot en toquant à la porte. Le soleil est toujours au lit et eux aussi.
L'ami Reno, frais comme un gardon mort, sort des vappes pour me laisser entrer. Dans le rôle du Saint-Bernard hospitalier, on peut rêver meilleur accueuil. (Oh le lourd...)
L'haleine est fétide (ou pas), la voix enrouée et le corps à moitié nu. Ca fait rêver dans les chaumières et on a raison!
Farandole de viénoiseries, éveil des sens avec treuil intégré pour les paupières, arrivée du soleil derrière une chappe de nuages. Le lever de soleil est mi-gris clair, mi-gris foncé, pas la peine que je sortes mon appareil photo si ce n'est pour mettre en boite Reno qui porte l'afro' de bon matin. Mais non.
A 10h30, j'arrive aux assedics avec appréhension. Si le plan se passe mal, ça peut être la cata'.
Peut-être ne voudront-ils pas m'écouter leur narrer l'histoire du voyageur débonnaire qui vient prétendre toucher ses chèques de fin de périple.
Peut-être faudra-t-il que je les saoule pendant trois jours consécutifs pour arriver à leur faire entendre ma cause.
Peut-être, chance infime, cela va se passer comme sur des roulettes graissées pour aller encore plus vite.
Le fait est que de toute façon, mon histoire est véridique, je n'ai pas besoin de perdre en explications foireuses.
En plus, je ne veux pas d'argent tout de suite, il ne manquerait plus que ça!!!
Je pénètre donc dans l'antre du gardien du trésor.
Je commence à raconter ma triste situation. Ca dure cinq minutes. Pendant ce temps là, la très gentille et très patiente dame de l'accueuil tape mes coordonnées sur son ordinateur officiel.
Elle m'interrompt.
- Mais Mr Retailleau, vous avez rendez-vous le 5 décembre à 11h30. N'étiez-vous pas au courant?
Et bien non. Je tombe des nues!! L'orchestre symphonique compressé dans ma tête entonne l'Halleluia d'Haendel, c'est du concentré de plaisir à l'état pur!!! Je flotte trois mètres au dessus du sol dans l'officine éclairée aux néons. J'offre d'embrasser ma bienfaitrice qui refuse pour des raisons déontologiques. Si seulement j'avais eu un carton vert!! Ou des fleurs!! Ou des fleurs vertes!! Ou un carton vert avec des fleurs vertes dessus!!!
J'ai bien fait de m'inscrire sur internet depuis Assouan; si je l'avais fait depuis Louxor le jour suivant, je pouvais pleurer sur mon billet d'avion pour Kathmandou puisqu'au final, le rendez-vous est le même jour que mon vol vers les terres himalayennes qui me prendra le soir venu.
Je quitte sur ce les lieux et marchant (dansant) dans les rues, je souris à tous les passants comme on tire des rafales.
Rarement je n'ai été aussi radieux. Peut-être la dernière fois remonte à quelques semaines en arrière lorsque j'ai descendu les marches de la Bank de Tokyo pour la dernière fois. (NDLR : Essayez vous aussi!! C'est très simple, ça se passe rue Sainte Anne, il suffit de monter quelques marches, de se retourner et de les redescendre en se disant que c'est la dernière fois. Effet boeuf garanti sur facture!!!)
J'ai donc finalement 3 jours pleins devant moi. Le stress a quitté mon monde, il sera temps qu'il refasse quand même un bref passage à l'heure du rendez-vous.
Je rejoins mon Reno d'hébergeur, tout le monde est réveillé, les oiseaux chantent presque. Pour un peu, ils ne feraient pas cui-cui mais bri-brice.
C'est le moment de reprendre les bonnes vieilles habitudes.
Après avoir déjeuner avec Le Ren' et Le Zaz', qui vient d'ailleurs d'apprendre 2 jours plus tôt qu'il était renvoyé lui aussi (Damned, t'as un passeport?), je retourne dans mon quartier, mon antre, ma paroisse.
C'est le moment où jamais de refaire un passage chez les commerçants du quartier, qui hallucinent les uns après les autres. Le G20, le 8 à 8, le teinturier, le bureau de tabac, tous y passent. Je suis en pèlerinage et je ne vais pas me priver de hurler l'Hymne à la Joie.
En parlant d'Hymne à la Joie, je poursuis les effusions de bonheur le soir même en allant dans la maison des Rousseau dont j'ai déjà mentionné le double heureux évènement dans ces pages. Les bras chargés de bébés, c'est pas pratique pour qu'on se sert dans les bras mais le coeur y est tellement que c'est possible!! Le teint hallé d'élever deux bambines d'un mois, ils respirent le talc et la nivéa, c'est si bon!!!
Retour chez les Choisy à pas d'heure, personne n'est couché à tel point que Mr Choisy travaille à domicile jusqu'à 3h du matin. Vous avez dit dévotion?
Le lendemain (jeudi 4 décembre), c'est la journée la plus chargée, on va tenter de faire court (j'ai dit "tenter").
Je commence avec de nouvelles effusions de bonjour et pas des moindres puisqu'en la personne de ma douce Môman et ma tendre Tata de passage à Paris comme une douce coïncidence. Tout le monde remarque que le moral est bon, comment pourrait-il en être autrement?
Je passe une nouvelle fois le reste de l'après-midi à m'abreuver de Paris de manière très abstraite avant de retrouver toute la joyeuse bande de mes très chers amis (sauf ceux qui ne laissent pas de commentaires, Grrrrr) pour m'abreuver de manière très concrète le soir venu.
Et comme tout le monde est là ou presque (pas de procès d'intention), mon coeur bat la chamade de tant de retrouvailles à la fois.
Je ne vais citer personne en particulier, mais que nous soyons "cul et chemise" ou juste "chemise", votre présence ce soir-là fut un orgasme permanent qui va m'accompagner durant de très très nombreuses lunes.
Je le redis encore, si tu entreprends de croiser ma route pour un jour, une semaine ou plus, je ne peux que m'en délecter à l'avance et c'est pas peu dire.
Pour revenir à la soirée du jeudi et pour mettre au courant ceux qui sont partis avant l'apocalyse, apocalyse il y eut.
Je suis désolé pour ceux qui sont resté jusqu'au bout et qui n'ont pas eu droit à des aux-revoirs d'ampleur internationale, mais j'ai cessé d'exister vers 1h du matin.
Bien présent qu'il était le Braïce, mais bien avachi pour ne pas dire plus qu'il était aussi!!
Pas ou peu d'alcool pendant deux mois = pas de mélange pendant deux mois = absence prolongée la tête sur une table jusqu'à la fermeture du Dindon, du moins je crois. C'est pas que je me souviens pas, je me souviens de tout mais ma tête était vraiment trop lourde pour que je regarde aux alentours...
Le retour à la maison Choisy ne fut que titubations.
Reno me ramène au plumard à grand renfort d'aspirine, merci. Rideau.
Le vendredi matin, je suis sur le pont pour mon rencart aux Assedics.
Je suis rasé de la veille ce qui sauve les apparences. Reno n'est pas rasé mais n'a pas rendez-vous. En 1 heure, je suis inscrit, j'ai la permission induite de voyager sans souci particulier et je ne vais pas me priver.
Je retourne chez mes hotes l'esprit léger d'avoir fait le casse du siècle, mais l'esprit lourd de la cuite de la veille. Le rhum vanille du père Michel a un effet qui dure, dur...
La fin de journée se passe à deux à l'heure pour tout le monde.
A 16h, il est finalement temps de reprendre l'itinérance.
Pas la peine de décrire à quel point ça fait bizarre.
Pas la peine de hurler à quel point je remercie Reno et Nathalie d'avoir été aux petits oignons.
Pas la peine de déclamer comme ça m'a fait chaud au coeur de serrer dans mes bras tous ceux qui auront pus déplacer leur scéant en cette merveilleuse soirée de la veille.
A l'aéroport, Papa est le dernier fidèle parmi les fidèles à me dire au revoir.
Les coeurs sont lourds et l'avion à l'heure.
On se quitte sur ce. J'arrive en salle d'embarquement et me rend compte que j'ai encore avec moi tous les documents des assedics que j'ai glanés le matin même. Panique dans l'aéroport, pas question que je garde un oeil dessus pour les deux ans qui viennent!! Je vais avoir autre chose à penser!
Dans la queue vers la douane, je hurle à qui veux l'entendre :
- Quelqu'un aurait-il un téléphone? Je voyage pendant longtemps et en suis dépourvu. A l'aide bordel!!!!!
Je reprends à l'envers et en courant le couloir roulant qui mène à l'embarquement. C'est la panique. Papa revient peu après. Il était moins une, l'avion est parti 20 minutes après...
Comme toujours, c'est pile-poil!
Je quitte là-dessus le cocon parigot, les roues de l'avion quitte le sol, j'avale ma salive dans un "gloups" fait d'inattendu.
Merci pour tout à tous.
Je ne sens plus ma bouche tellement je vous embrasse.