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Sympathiquement renvoyé de la finance mondiale à faible responsabilité alors que la démission se profilait, très débrouillard mais pas très manuel, capable de gravir une montagne mais pas sportif, titulaire du permis de conduire sans savoir, vivez mes aventures baroques autour du monde!

Oasis oasis c'est bon c'est bon!!! (Siwa)

Je deviens un spécialiste des transports routiers et ferrovières.

C'est un long apprentissage...

D'ailleurs, j'en apprends encore un peu plus chaque jour...



Comme je vous le disais précédemment, aller à Siwa, c'est pas une sinécure d'où qu'on parte.

Siwa est quasiment à la frontière libyenne, perdue au nord-est de cette fantastique étendue qu'on appelle communément le Sahara et au nord-ouest de l'Egypte. D'ailleurs chose étonnante, sahara en arabe signifie désert, donc si on parle la langue du prophète, on peut désigner l'Antarctique comme étant un sahara. Ils sont fous ces arabes...

Fin de la parenthèse.


Nous, avec Dominica, on est à Louxor. Il est 17h30 quand on monte dans le train qui devrait arriver si tout roule à Alexandrie en tout début de matinée.

En Egypte, le train est un petit peu la Rolls des transports en commun. On sait quand ils partent, on sait quand ils arrivent, quand tu es dedans, tu n'es pas obligé de manger tes genous par manque de place, tu n'es pas arrêter tous les 20km par un barrage de police, etc.

Dans notre rame, nous sommes les seuls au moment du départ. Toute la place du monde!

Toutes les rangées de sièges pivotent sur elles-mêmes pour pouvoir se faire face si on voyage à plus que deux ou si on a envie de poser ses pieds déchaussés sur la banquette d'en face. C'est une chouette innovation et la nuit n'en sera que plus confortablement douce.

J'aimerais dire qu'elle n'en sera que plus longue mais à 6h, nous voilà arrivé à Alexandrie, 600km plus au nord de notre point de départ au bord de la Méditerranée.

A descendre sur le quai depuis notre wagon, seulement trois personnes. Trois misérables personnes pour un wagon entier!! Espérons que la SNCF n'entende pas ça, sinon ils seraient bien fichus de réclamer par réflexe à la SNCF égyptienne de fermer la ligne pour cause de non-rentabilité!!

Seule chose à déclarer sur Alexandrie un 24 novembre à 6h du matin, il fait super froid pour nous qui sommes honteusements habitués à ne pas voir la grenouille baromètre enfiler un tricot de peau thermolactile pour lutter contre les frimas de l'hiver qui approche à grands pas... Je grelote, mes dents jouent des claquettes sur un rythme stromboscopique. Sympa comme réveil... Vivement que le soleil se lève, et ne fasse de cet épisode qu'un lointain souvenir.


Rendez-vous ensuite à la gare routière. Non contents des douze heures de bus qui viennent de s'écouler, on est encore qu'à la moitié du chemin.

Le bus ne part finalement qu'à 8h, juste assez longtemps pour attraper une pneumonie. Heureusement pour moi, un p'tit gars s'est donné pour mission d'abreuver toute la gare routière de thé brulant. Je lui laisse un bakshish équivalent à une caraffe, il n'en revient pas, moi si, il me sauve la vie ou presque...


On grimpe dans le bus, bien conscient que ça va pas être une partie de plaisir. Celui-ci part à l'heure, c'est déjà ça de pris, espérons maintenant que le soleil vient de se lever qu'on arrive à destination avant son coucher!!!!

On a quand même du bol dans notre exode, on est assis au premier rang et on va pouvoir regarder la route défiler sous nos yeux quand on ne trouvera pas le sommeil.

Les 4 premières heures de route, on longe la méditerranée qui nous fait des clins d'oeil tintés de bleu et de vert. L'eau a l'air magnifique mais t'imagines pas qu'on va prendre le temps d'aller faire trempette!

Ensuite, on la laisse derrière nous pour s'enfoncer plus au sud. Le bus roule en permanence soit au milieu de la route soit sur la voie des voitures qui devraient un moment ou à un autre arriver en face. Seulement il n'y a personne. Sur les 250km entre la mer et Siwa, en plus de croiser le bus qui fait le chemin inverse, en 5 heures de temps on doit ne croiser que 3 autres voitures ou camions. La route ne va qu'à Siwa mais quand même, c'est vraiment que c'est reculé comme coin!!!

Sur cette portion de 250km, le paysage est d'une monotonie affligeante à la longue, c'est rocailleux comme la voix de Gérard Darmon et plus plat qu'un discours prononcé par Ségolène R. (polémique!!!!!!)  En plus, pas la moindre végétation, pas un oiseau, pas un chameau, pas un choiseau, rien.

Je m'impatiente, il est 16h, voilà 23 heures qu'on est parti, ça commence à faire!


A 16h04, miracle des miracles, une cahute!

Une minute plus tard, une deuxième cahute avec un arbre autour, c'est plus un miracle, c'est l'immaculée conception!!!!

Et dans les kilomètres qui suivent, au détour d'une colline, la verdure fait son retour et pas en catimini! Les palmiers luttent avec les oliviers pour savoir lesquels ont ma préférence.

On est arrivé! C'est pas dommage!! Enfin!!!!

Le bus nous lache en lisière de village, charge à nous de retrouver le centre-ville. Des gamins sont postés là avec des ânes tirant des carioles sur lesquels il est écrit "taxi 4x4" et comme Dominica est une feignasse, c'est donc le carrosse qui l'emporte!


On décide de partager une chambre double chez Youssef hotel qui ne peut pas être plus central en terme d'emplacement, il donne sur la place du marché, laquelle est précisemment au centre de l'oasis. Qui plus est, encore une fois, l'étage supérieur de l'hotel est une terrasse où il fait bon se prélasser avec sous ses yeux, le spectacle de tout le village qui s'agite, de la citadelle détruite qui ne s'agite plus, avec partout au delà, une mer de palmiers avant un océan de sable.


Nouvelle parenthèse cocasse et instructive pour te parler de la citadelle médiévale. Elle a été construite en un amalgame de terre sèchée et a résisté aux envahisseurs pendant de nombreux siècles. Et bien, il a fallu qu'il pleuve 3 jours consécutifs autour de 1820 pour que la forteresse s'écroule sur elle-même. Si quelqu'un avait dit aux barbares qui voulaient prendre la ville qu'il suffirait qu'ils s'équipent d'un canadair ou d'un arrosoir géant pour qu'ils parviennent à leurs fins, je suis sûr qu'ils l'auraient montré du doigt et auraient ri de lui!


Dans l'oasis, l'Egypte semble bien loin.

Tous les habitants semblent se désintéresser de nous, personne ne poursuit personne pour vendre une écharpe ou un tapis. Seule une personne sur dix nous dit "bonjour", ça fait du bien de faire un break.

Il est impossible ou presque de trouver à acheter un paquet de cigarettes. Sur la quinzaine de supérettes que compte le village, seule une a pris son parti de les vendre. Les autres jugent qu'ils sont de trop bons musulmans pour se compromettre à les vendre et se fiche bien de l'argent que ça pourrait leur rapporter. Bien joué les gars, sauf que j'ai mis deux jours pour faire le plein!! Je savais pas!!  

Dans l'oasis, il y a plus de carioles tirés par des ânes que de voitures polluantes. Plus ça va, plus je préfère l'odeur du purin à l'odeur des pots d'échappement, je me demande à quoi va ressembler ma tête en débarquant au Caire...


A Siwa, Il n'y a que peu à faire, quelques sources chaudes gisent à quelques kilomètres, après c'est le désert. Pas un Mc Do, pas un cinéma, pas une galerie marchande, pas un bowling...

Je vais donc insérer au milieu des 5 jours où je profite des lieux, 24 heures d'immersion au milieu des dunes et m'occuper le reste du temps à pédaler dans le coin pour faire l'inventaire des sources.


L'équipée dans la grande mer de sable se passe en catimini avec seulement Dominica et Ahmed, notre guide, chauffeur, cuisinier, pourvoyeur de délices en tous genres.

La première journée nous fait slalomer entre les dunes en s'arrêtant pour plonger avec délice d'abord dans un petit lac à l'eau fraiche.

Un petit lac au milieu des dunes? Je veux mon n'veu; 20 mètres de long pas plus avec des joncs qui poussent sur le pourtour. Féerique comme emplacement pour une baignade dans une eau limpide à 18°. C'est le seul bémol, 18° d'habitude, je n'y plante que les chevilles mais ici c'est plaisir d'autant que le soir même, Ahmed nous promet qu'on s'arrêtera dans une source à 38°. C'est mieux au niveau du choc thermique!!!


La suite des évènements nous conduit en haut d'une dune (pouet-pouet) plus haute que les autres. Le simple fait de se garer à mi-hauteur et de rejoindre le sommet est éreintant, le sable est fin et léger, et chaque fois qu'on fait un pas, on a l'impression de reculer d'autant. Ahmed en profite pour sortir la planche de snowboard qu'il gardait bien au chaud dans le coffre, c'est la minute sportive.

Dominica me laisse passer le premier. Ahmed a beau me dire qu'assis sur la planche, c'est bien plus aisé, je n'écoute que mon inconscience et m'attache les pieds. La descente se fera debout ou ne se fera pas.

Après 10 mètres, la descente s'accélère. Dans le sable, pas de possibilité de tourner ou de freiner. La seule option, c'est d'aller tout droit et de rester debout le plus longtemps possible.

Pour ma pomme, le plus longtemps, c'est environ 15 mètres, je tombe sur les fesses et devrais envisager la pose d'un nouveau cocsis (cokcisse? Coque 6?). La douleur est violente pour du sable fin, je ravale ma fierté et finis assis sur la planche comme indiqué plus tôt par Ahmed. Effectivement, il avait raison, c'est beaucoup plus stable et je ne tomberais plus de la journée...

Seulement, j'en ai pas fini avec la douleur. C'est bien beau de dévaler les dunes à 1000 à l'heure (minimum!!), le plus dur est encore de remonter. Moins d'une minute pour arriver en bas, près de quinze dans l'autre sens!! Ni tire-fesses ni télésièges, la prochaine fois, il faudra que je pense à dresser un chameau!


Dominica descend à son tour, assise comme il se doit, et file comme une flèche. Pareil pour elle, en revenant au point de départ, elle suffoque de l'effort fourni et la transpiration est en mode Karcher.


On refera l'expérience une petite fois seulement, ça a beau être un bon entrainement pour le Népal, je ne suis pas une mule ni ne suis équipé de pieds palmés, bien utiles j'imagine pour ne pas s'enfoncer dans le sable lors de l'ascension.


Après l'effort, le réconfort; au coucher du soleil, un bain dans la source chaude, on touche au nirvana.

Elle est "construite" en cercle, et à la manière d'un jacuzzi, les bulles remontant du centre de la terre nous massent de la voute plantaire à la tête en passant par mes fesses meurtries d'avoir fait le kakou.

Partout autour, c'est le sable qui nous jauge du haut des dunes, avec une mention spéciale pour le retour des moustiques pour qui aussi, c'est une oasis dans le désert...


A la nuit tombée, un camp de fortune est dressé, le dîner est englouti, et les étoiles par milliers...

Je demande à Ahmed de me réveiller pour le lever du soleil, tout le monde s'endort autour du feu de camp, emmitoufflé dans un sac de couchage. La température tombe tout comme Dominica et Ahmed qui vont se coucher, je m'équipe de mon MP3 pour un hommage dansant à cette journée et à cette nuit étoilée. Seules les étoiles filantes viendront m'interrompre dans ondulements de bassin. A minuit, extinction des feux et endormissement sans problèmes.



Il est 5h45 quand Ahmed me sort du sommeil (27 novembre). Il n'est plus question de danser : j'ai le cerveau dans le formol et la goutte au nez. Il ne fait qu'une dizaine de degrés, la faute à un petit vent qui aurait pû s'abstenir. Mais il en faudrait bien plus pour me détourner du bonheur, j'aggripe mon duvet et grimpe la dune la plus haute à proximité. Dominica et Ahmed choisissent de se recoucher, chacun son camp.

Il fait super froid, il fait presque nuit, je suis seul à affronter le vent mais le spectacle est enchanteur. 30 minutes avant que le soleil se dresse de ton son rond dans le ciel. Une demi-heure pour que le mercure reprenne le chemin de la turgescence.

Bien qu'on soit dans le désert, la rosée est bien là comme l'indique mon nez qui coule...

Au retour d'expédition solitaire, je réveille mes accolytes le sourire aux lèvres de l'expérience vécue. Un thé chaud tonifiant plus tard, on est sur le chemin du retour.

A 10 heures, on est à Siwa.


Dominica est partie ce soir-là rejoindre sa potesse au Caire car un avion l'emporte vers l'Allemagne pour la suite de son odyssée.

La mienne fait un break, l'oasis en général y est pour beaucoup et une source en particulier.


A l'ouest du village s'étire un grand lac. Au milieu de celui-ci émerge une île que l'on peut rejoindre par un chemin qui traverse le lac et fait que l'on peut faire la demi-traversée jusqu'à l'île en vélo en ce qui me concerne.

Sur cette île se tient donc une source où il fait bon vivre et se baigner mais également un petit bar qui se tient sur l'extrémité ouest de l'île. Si tu es familier avec le cycle du soleil, tu en déduiras que c'est l'endroit idéal pour vivre le plus beau coucher de soleil d'Egypte.

Sous mes pieds, du sable.

Au dessus de ma tête, les palmiers d'où pendent des dattes fraîches.

Au premier plan, le lac à l'eau calme réfléchissant le ciel.

Au deuxième plan, de petites montagnes aux flancs à pics.

Au troisième et dernier plan, du sable, du sable et encore du sable sur des milliers de kilomètres.


Avant de rejoindre Le Caire et sa frénésie, rien de tel que ce hâvre de paix n'aillant rien à voir avec Le Havre tout court dont j'attends vos commentaires si vous y avez vu le coucher de soleil!


Poser mes valises à Siwa le temps d'une semaine n'aura été en rien une erreur même si pour y aller et en revenir, la semaine se retrouve circoncise de 2 jours de transport. Je quitte ce paradis du palmier le samedi 29 au soir avec dans un coin de la tête le fait que 3 jours après, c'est le retour temporaire et pas tempéré à Paris.

Je me réjouis de ce qui vient, mais là tout de suite c'est 9h de car et 2 jours au Caire.





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S
On commençait à trouver le temps long, même si ta présence en chair et en os la semaine dernière nous a réchauffé le coeur. <br /> Petite précision, Ségolène R.. ne prononce pas de discours, elle regurgite les phrases creuses qu'on lui a écrites (polémique!!!). Quant au coucher du soleil au Havre au dessus du "pot de yaourt", ça en jette aussi : au premier plan, des réverbères, au deuxième plan la plage de sable pas fin et pas propre, au troisième plan, le chenal et ses fantômes de paquebots transatlantiques, au quatrième plan......<br /> Fichez nous la paix avec le Havre!<br /> Bisous mon grand. Papette.
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