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Sympathiquement renvoyé de la finance mondiale à faible responsabilité alors que la démission se profilait, très débrouillard mais pas très manuel, capable de gravir une montagne mais pas sportif, titulaire du permis de conduire sans savoir, vivez mes aventures baroques autour du monde!

Palmyre sous la brume

Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas croisé de sites antiques, 24h au moins...

La veille, c'était côté croisés.

Aujourd'hui c'est un retour aux influences greco-romaines à grand renfort de colonnades.

J'avais pas rien vu de tel depuis la Turquie, c'est donc un retour aux sources.

 

Le réveil a sonné pour ne pas se retrouver aux alentours de midi avec la moitié de la journée déjà écoulée.

L'habitude fait de toute façon que les réveils après-midi ne sont plus qu'un lointain souvenir. Je pourrais même faire une petite scéance de gymnastique style réveil musculaire mais vraiment faut pas exagérer. Je veux bien me réveiller en forme mais c'est pas une raison pour se claquer une paupière ou le plexus solaire.

Dès l'ouverture des yeux, je suis déjà à 100%; une douche, un coton tige, une brosse à dents remplassent idéalement les haltères.

Mais pas ce matin-là, quand le réveil doit sonner le tocsin ce dimanche, il est 5h50. Le bus du jour part à 6h45.

J'ai rendez-vous avec le couple de polonais rencontrés la veille sur l'excursion du Crac. On va au même endroit. Comme tous les touristes qui passent par la Syrie, un séjour est Palmyre est à peu près obligatoire.

J'en avait assez des colonnes mais là, il semblerait que ce soit une sorte de panacée, le site antique de référence. L'heure à laquelle sonne le réveil n'a donc pas d'importance, la récompense promet d'être à la hauteur.

Quant au fait que l'on soit dimanche, je suis déjà paumé de 24h de toute façon donc le jour du seigneur n'a plus la saveur toute particulière des levers d'après-midi des temps pas si anciens. En ce temps là, j'aurais sans doute été encore debout à 5h et des brouettes.

5h50 donc. Le réveil sonne, je l'éteins.

Le rendez-vous est fixé à 6h10 à la réception pour un taxi communautaire permettant à tout le monde de partager les frais pour se rendre à la gare routière, trop lointaine pour être atteinte à pieds surtout si l'on considère l'heure qu'il est.

J'ai encore 20 minutes pour sauter dans mon froc, tout le temps du monde.

D'ailleurs si Dieu a crée le monde en 6 jours, le fait d'avoir 20 minutes pour s'habiller peut me permettre de me repaître dans une mince couche de sommeil. Le sommeil ne fut pas long à intégrer de nouveau tout mon être sans même avoit besoin de frapper à la porte. Comme une pierre, je replonge.

L'heure du réveil n'a pas été modifié, que croyez-vous qu'il arriva?

L'aura le bus, ou l'aura pas?

 

La réponse prendra des formes de sortie de secours. Mon horloge interne affutée on ne sait comment prend le dessus.

Il est 6h12 quand la panique me prend et me tire d'une sieste plus proche d'une poursuite de nuit classique. Je suis en retard mais pas question de poirauter jusqu'à midi, heure du bus suivant. Je suis prêt à partir en 2 minutes montre en main depuis la seconde où la stupeur est apparut en moi.

A 6h14, je suis à la réception déserte.

Je ne peux même pas sortir de l'hotel, toutes les issues sont vérouillées. Seule solution : faire un raffut de tous les diables suffisament fort pour que l'hotelier sorte aussi de son lit pour me délivrer.

Une quinte de toux exagérément forte fera l'affaire. La course contre la montre se poursuit.

Dehors, toute la ville d'ordinaire bruyante et grouillante de taxis est déserte. Seule option : commencer à pieds.

Heureusement quand même, après quelques pas, un véhicule jaune sort de la nuit, aucun doute, il est pour moi. Le temps de se mettre d'accord sur le prix de la course, chose indispensable dans un pays où le compteur kilométrique est tabou, on est parti sur un rythme endiablé.

Enfin quand même, la bulle de lumière dégagée par la gare routière se donne à voir alors qu'il me reste 10 minutes avant le départ encore incertain.

Je n'ai pas de billet, espérons qu'il reste de la place et que je n'ai pas fait tout ça pour rien, parce que là ce serait trop dur. Surtout pour un dimanche!!!!!

 

Je retrouve mes amis polonais en serrant le poing, victoire!!! 3 euros pour faire 250km, c'est le tarif légal et j'aurais été prêt à mettre bien plus ce matin-là pour parvenir à mes fins. Le car est désert, toute la place du monde pour déstresser et faire baisser un rythme cardiaque bien trop anarchique pour un réveil.

Pas moyen de redormir, cette course m'a mis à cran.

 

Après une heure de route, le bus s'arrête pour son seul arrêt avant Palmyre. A Homs.

Ici, une foule compacte nous attend. Fini le temps du confort d'une banquette double pour moi tout seul, c'est sûr. Ne reste plus qu'à découvrir qui fera la route à mes côtés. Les gens montent, un jeune homme s'approche, un jeune syrien à l'air d'autant plus fier qu'il porte une veste militaire transformant ici la fierté initiale en arrogance certaine. Alors que je salue courtoisement mon nouveau voisin, pas un regard, pas un mot de sa part. C'est gai...

Je n'ai alors plus rien d'autre à faire que de tenir en place pour les 2 heures qui restent. Et comme souvent dans ces cas-là, les baillements précèdent un marchand de sable dont je savais de toute façon qu'il n'attendrait que la première occasion pour se manifester.

En 2 temps 3 mouvements, je suis calé, je replonge dans le sommeil abandonné violemment voilà maintenant 90 minutes.

 

Un peu plus tard, lors d'un coup de klaxon plus marqué que les autres de notre chauffeur, je refais surface.

Quelque chose m'appuie continuellement sur l'épaule mais j'ignore encore quoi. Je tourne la tête et là, qui dors comme un agneau la tête posée sur moi comme si j'étais sa femme : notre bon vieux arrogant de service s'était tranformé en doux agneau presque au point de me baver sur le T-shirt.

Comme quoi, il y a des jours où on ferais mieux de dire bonjour plutôt que de jeter des regards dédaigneux.

La situation est très confortable pour lui qui en écrase une grosse, moins pour moi qui reste sur ma première impression du bonhomme. Un léger coup d'épaule de ma part lui fera reprendre une position plus verticale, la situation se reproduisant ainsi 2-3 fois jusqu'à notre arrivée à Palmyre, le type ne se réveillant jamais tout à fait.

 

Un dernier détail concernant le voyage routier mais d'ordre plus paysager celui-là.

Au réveil, alors que nous nous enfonçons dans l'est de la Syrie, tout autour est plat, blanchâtre et aride. Rien ou presque ne pousse ici, c'est le désert. Un désert mélange de caillasses et de sable à perte de vue, l'horizon seulement obstrué par endroits de maigres collines romptant la monotonie d'un espace sans montées ni descentes.

Le ciel est en plus complètement bouché par un cocktail de nuages et de poussière rendant extrèmement difficile le discernement de la limite entre ciel et terre.

C'est une impression lunaire qui se dégage des environs où seuls de maigres troupeaux de moutons sillonent dirigés par des bergers aux keffiers noirs et blancs à la Yasser.

 

 

A l'arrivée à Palmyre, il est 10h, le temps est presque froid mais tout le monde a maintenant son compte de sommeil.

Le LP indique que la gare routière locale est à 3km du centre du village. Prenant notre courage à 6 mains, Anoushka, David son compagnon et moi décidons de faire le trajet à pieds malgré les kilos à porter comme des mules.

Durant ces 3km, de nombreux taxis tenteront bien de nous faire changer d'avis en nous proposant une course motorisé mais rien n'y fera, coute que coute on marchera, c'est bon pour les gambettes et, à titre personnel, je pense au Népal qui se profile et à ces treks autrement plus difficiles.

En 1/2 heure, l'affaire est dans le sac et les sacs entassés dans un dortoir d'un hotel choisi dans le LP.

L'hotel se nomme le "Sun Hotel", et malgré ce nom ensoleillé, notre dortoir de 4 lits se trouve au sous-sol sans aucune fenêtre, charmant. Le prix rattrapera malgré tout cette bizarrerie puisque le lit s'y négocie autour de 3 euros. De plus, notre hébergement se situe à seulement 5 minutes à pieds de l'entrée des ruines ce qui n'est rien sachant que ces 5 minutes se feront sans tous les bagages sur le dos.

 

David et Anoushka ne restant qu'une journée sur place choisiront de se rendre sur le champ voir le site. Quant à moi, pas pressé que je suis, je paresse un peu en espérant que le soleil finira par percé un ciel bouché de chez bouché.

Une douche chaude et un déjeuner frugal achèveront cette torpeur passagère, il est temps de voir pourquoi l'office du tourisme syrien ne jure que par cet endroit.

A 13h, je m'équipe et lève le camp. En 5 minutes montre en main, des dizaines voires des centaines de colonnes se dégagent de la brume sur la droite, et sur la gauche, un temple imposant en fait de même.

La nappe est telle qu'il est impossible d'en voir le bout, la ville désormais morte est à perte de vue littéralement.

On entre dans les lieux en passant sous un arc de triomphe préalable à ce que j'imagine les Champs-elysées de l'époque. Une avenue longue de plus d'un kilomètre, entourée d'arche majestueuses ety de colonnades impressionnantes.

Même pour moi qui pensait être blasé des monuments de ce type, c'est une bonne claque à mes idées reçues, j'imagine en plus ce que ça doit être quand le ciel est dégagé et qu'on peu d'un coup d'oeil voir l'ensemble des lieux. L'ensemble des lieux étant effectivement sur une large plaine, rien sauf aujourd'hui ne doit entraver la vue d'où qu'on ce trouve sur le site.

En pénétrant plus à l'intérieur de l'endroit, une colline nous fait face. A son sommet, on distingue une nouvelle citadelle, arabe celle-là mais sans que cela ne fasse de différence architecturale majeure. Seulement là, si on fait l'additition "dépouilles d'une ville de 2000 ans + chateau-fort en arrière plan", ça vaut largement son pesant de cacahuètes. En plus, l'entrée ici est gratuite.

Autre chose ajoutant à la beauté des lieux, des chameliers à la recherche des touristes amateurs de promenades à dos d'animal arpentent ici et là l'endroit, exotisme quand tu nous tiens...

 

je parcourerais en long en large et en travers les lieux tout l'après-midi, découvrant au passage en retrait une autre attraction locale, de hautes tours de pierre errigées derrière la ville romaine. Ce sont des tombes.

Pour schématiser, si on se trouve au centre des ruines, devant on voit si possible vu le temps un temple grandiose, en tournant à 120° on a une douzaine de grandes tours de pierres se détachant à l'horizon, et en tournant encore à 120°, une citadelle imprenable dominant le tout. sachant que au centre donc se place les vestiges de cette ancienne métropole. C'est très impressionnant et encore aujourd'hui tout n'est pas visible en même temps du fait des trop grandes distances par rapport à un air chargé de poussière et un ciel chargé de nuages.

A 16h, je pense avoir fait le tour quand j'aperçois entre la citadelle et Palmyre proprement dîte une petite colline déserte. Je décide de m'y rendre avec l'espoir que tout finira inexorablement par se dégager un petit peu. Véritable havre de paix, je n'y suis dérangé par rien. Pas un touriste, pas un chameau, juste la ville à mes pieds.

Seulement le ciel restera de craie et l'espoir de voir à 1km s'amenuisera avec la nuit qui tombe.

Je retourne à l'hotel en espérant que demain soit un jour meilleur, climatologiquement parlant bien sûr, car pour le reste WHAOUUU mais tu connais la chanson.

 

Au retour à la Palmyre nouvelle, une chose étrange : des dizaines de voitures des années 30 à 50 se succèdent côte à côte.

Pour les amateurs, il y a là des Bugatti, des Delage, des Bentley, des Jaguars type-E (ça c'est pour papa), etc.

Un vrai salon de l'auto de collection au milieu du désert.

Le soir en déambulant, je discute avec 2 types portants des canottiers bien de chez nous. Ils sont les organisateurs d'un rally venu de France par bateau pour parcourir les routes syriennes pendant 2 semaines.

Et bien j'aurais beau faire des pieds et des mains pour leurs faire revoir leur règlement de ne prendre aucun autostoppeur, il n'accepteront pas de me prendre jusqu'à Damas même à la place d'une roue de secours, quels muffles!!!!

 

Le dîner du soir ce fait à la mode berbère, sous une tente; en compagnie de 5 autres backpackers incluants mes 2 polonais. L'ambiance et bonne et sans alcool, Syrie oblige. Le sommeil vient vers minuit après une nouvelle journée bien remplie.

Seul ombre au tableau, le manque de soleil; espérons un lendemain qui chante, j'espère juste que c'est pas trop demander d'autant que quelques gouttes de pluies tombent au sol sur le chemin du retour définitif à l'hotel.

"Sun hotel"? Il est temps de prouver pourquoi, et vite!!!!!

 

Dans l'utopie d'un retour rapide du soleil, rendez-vous est quand même pris à 6h du matin à la réception de l'hotel pour un éventuel lever de soleil si évidemment le temps le permet.

Et là vous vous dîtes 6h du matin deux matins de suite!?!

On est des fous nous, et on en redemande!!!!

A demain. Jai l'impression que cette journée de dimanche a été plus longue à écrire qu'à vivre; c'est dire!!!!

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S
Déduction logique de cette course au bus matinale : quand on n'a pas la tête dans le cul style réveil qui suit une folle nuit avec ses potes, quand on est au régime syrien tolérance zéro gramme dans le sang, même les courses contre la montre les plus indécises sont gagnées dès l'aube.<br /> <br /> Moralité : de l'eau sy(non)rien!
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M
Alors, je vais tout de suite à la page suivante pour savoir si le soleilfut là....<br /> Tu aurais dû demander à ton compagnon du voyage en car de te raconter son rêve
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