Se la couler douce en Capadocce, c'est pas compliqué,
Le rythme de vie coule au rythme d'une bougie qui fond,
Seulement ici les bougies font 30 mètres de hauteur,
Ca laisse le temps de voir venir...
La pluie a laissé la place au soleil, c'est plus commode pour occuper ses journées et pour se repérer dans ce dédale qui m'entoure.
Les 2 premiers jours m'ont laissé un gout mouillé dans la bouche mais depuis la bière fraiche refait son effet remplaçant avantageusement le thé chaud idéal cependant quand la nuit tombe et que le thermomètre indique des températures proches de 0°. C'est d'autant plus appréciable que même quand pour la grenouille baromètre le climat est trop rude, il n'y a pas grand chose à faire. L'activité principale du coin quand on est un touriste pas trop pressé, c'est la marche. Et ici, c'est idéal, ça ne coute pas un rond et les paysages sont à tomber par terre!
Hier, journée printanière, je me suis mis en tête de re-commencer doucement, le petit dèj' avalé, j'ai beau être prêt à prendre les chemins d'assaut, je prends mon temps et rêvasse.
A deux kilomètres de göreme se trouve ce qu'on appelle le musée en plein air. 2 solutions pour s'y rendre, la route aux allures de nationale où les bus dèjà aperçus par ailleurs déversent leur flot de touriste convoyés, ou les chemins de traverse.
Pour cette dernière solution, c'est pas sorcier, même pas besoin de posséder un sens de l'orientation de boussole, il suffit juste de suivre un chemin au hasard, si celui-ci coupe à travers champs, collines et flancs de montagne, c'est gagné, le bruit dégagé par les autocars n'est plus qu'un lointain souvenir et l'on se retrouve avec soi-même perdu dans un dédale aux formes harmonieuses. Seule une impasse peut me faire rebrousser chemin, et les impasses ne manquent pas vous plantant aux pieds d'une paroi infranchissable. Dans ce cas, pas d'autres choix que de rebrousser chemin sans que ça ne vienne troubler une quiétude toute naturelle en ces lieux.
Pour faire les 2 kilomètres me séparants du musée, deux heures n'auront ainsi pas été de trop. La "faute" par exemple à un cours d'eau assèché dont je remontai le cours, jusqu'au moment ou les murs l'enserrant devinrent si proche, que seule l'eau peut y frayer son chemin. Les murs mesurants en plus plusieurs dizaines de mètres, c'est très impressionnant, et on en vient à espérer qu'il ne se mette pas à pleuvoir, redoutant une soudaine crue synonyme de noyade même pour un nageur aguerri.
Mais pas de risque présemment, la météo est au vert comme le ciel est au bleu. Juste quelques pas à refaire en arrière jusqu'au précédent embranchement de chemin dont celui non-emprunté me conduiera forcément à bon port, et si ce n'est pas le cas, il faudra alors rebrousser chemin une nouvelle fois jusqu'à trouver la sortie.
Durant les 2 heures passées à arpenter les chemins, je ne suis de toute façon qu'à quelques centaines de mètres de la nationale, donc ne vous biler pas, aucun risque n'est encouru.
Une fois arrivé au musée en plein air, on retourne à la civilisation, les chemins sont balisés de barrières et le seul risque ici est de se retrouver dans une église troglodyte vieille de 1000 ans entouré d'un groupe de 20 japonnais ou anglais, ou français ce qui n'arrange rien...
Les guides ici sont d'ailleurs formidables de patience et maîtrisent les visites dans toutes les langues inimaginables, là je dis chapeau!!
La seule différence entre le musée (payant) et l'extérieur du musée (gratos, tranquille, à la fraîche), ce sont les églises et autres basiliques taillées à même la roche sur des dizaines de mètres de profondeur et dont les plafonds et les murs sont richement peints.
Tout ici, malgré l'éloignement géographique et la rigueur du climat respire le christianisme (ma consultante en sciences occultes, miss Poppins pourra peut-être vous en dire plus). Toutes les peintures, qui datent du Xème au XIIème siècle reproduisent des scènes bibliques qui me font juste dire que les types de l'époque avaient vraiment de quoi s'occuper entre le creusage, le façonnage puis la peinture des grottes; de certaines en tout cas.
Peut-être eux ne se perdaient pas au premier chemin trouvé, ça doit aider...
Le slalom entre les groupes organisés dura ainsi environ 2 heures au terme desquelles je me fis à nouveau le plaisir de vaquer tantôt à gauche, tantôt à droite, tantôt en arrière, faisant fuir les lézards qui logiquement lézardent au soleil tels des éponges à chaleur.
Durant ces 6-7 heures de marches, les seuls humains que je croisèrent ne se virent qu'au musée, pour le reste, c'est silence et contemplation sur toute la ligne, ne m'arrêtant que deux fois en route pour reposer mes gigots fatigués d'une ballade sportive où tout n'est que montées et descentes, le retour à l'hotel se finissant tel une course contre la montre contre le soleil couchant et la lumière déclinante.
La bière fraîche fit son effet en terrasse en contemplant les mongolfières qui survolent toute la zone, luxe que je ne m'offrirais pas, même si c'est pas l'envie qui manque.
Le spectacle des ballons vus du sol vaut déjà son pesant de cacahuètes.
Et puis c'est pas si grave, le lendemain, une randonnée motorisée en quad de 2 heures est prévue, on ne va quand même pas se laisser mourir sans rien faire.
La journée de toute façon n'est pas tout à fait finie, une fois le dîner ingéré (une entrée + 2 plats car pas oeuf dur au petit dèj pour ceux qui suivent), une marche au clair de lune est gracieusement offerte à qui veut.
Et bien sûr, j'en suis.
La lune est presque pleine, décroissante depuis la veille, on voit comme en plein jour.
Ca ne durera cependant pas longtemps, juste assez pour dominer la vallée et allumer un feu de camp réchauffant les corps, les âmes étant déjà comblées.
Inutile de vous préciser que les ambiances "feu de camp" me scient à ravir et que de nouvelles bières ne firent pas long feu.
Le coucher arriva vers 1h, et fut le bienvenu malgré le fait que c'est plutôt l'heure où j'explose.
Il faut reprendre des forces pour le lendemain; le quad, ma première fois, promet d'être rock'n roll.
PS : peut-être aussi rock'n roll que tes commentaires, j'en salive à l'avance! Et comme je salive, j'ai soif, glou glou, Ephes Beer is in the house!!!!