La dernière fois, j'en avais plein les pompes, la faute aux kilomètres parcourus.
J'en avais plein la tête, la faute au mélange alcool + filles faciles pas faciles.
J'en avais aussi moins dans les poches, la faute à cet "entremetteur" de barman.
Il fallait donc réagir, que je m'occupe un peu de moi, que j'arrête de me disperser parce que ça partait dans tous les sens.
En plus, j'ai pas d'énergie illimitée, d'où la nécessité de ménager sa monture en un sens...
Le réveil a été plus tardif que d'habitude. Plus tardif que d'habitude en voyage car j'ai laissé les réveils parisiens standarts de 14h à Paris pour le bien du voyage comme pour celui du récit. Le réveil tardif mais douloureux car finalement assez tôt a eu lieu vers 10h15, j'ai pas choisi, c'est qu'après 10h30, y'a plus de petit déjeuner.
Donc une paupière, aïe.
Deux Paupières, aïe².
L'efficacité doit primer sinon je retourne me pieuter. Heureusement, la veille comme l'avant veille, j'avais tourné autour du Grand Bazaar sans avoir réussi à mettre le nez dessus, ça fait donc un objectif valable pour commencer la journée. Je prépare mon itinéraire et comme ma connaissance de la ville s'accroit avec le temps qui passe, je décide d'y aller en tramway. En plus, c'est que des avantages, c'est pas cher, il y a la clim', et je n'ai qu'a descendre à l'arret opportun, ce que je parviens à faire sans problème.
Pour confirmer de toute façon que je ne m'égare pas, je continue de demander mon chemin et si le moindre doute subsiste, je re-demande à quelqu'un d'autre quelques mètres plus loin.
Sur le chemin, comme souvent, le Muezzin se fait entendre, c'est l'heure de la prière, et comme il y a une mosquée à quelques pas, je vais y faire un saut pour profiter de l'ambiance. Tous les hommes sont là, en rang sur des tapis, leurs pieds déchaussés, tour-à-tour debouts, baissés, à genous, jusqu'à être presque à plat ventre. La chorégraphie est règlée au millimètre, quand un se baisse, y'en a pas un qui n'est pas en rythme. A tel point que si on se met en bout de fil, on a l'impression que le type qui est là est tout seul puisque masquant les autres qui effectuent les même mouvements.
Les femmes elles sont en retrait puisque ne participant pas à cette prière collective. Me demandez pas pourquoi, c'est comme ça.
Après quelques minutes de ce ballet, la prière s'interrompt jusqu'à la suivante quelques heures plus tard. Tous les hommes se rechaussent et reprennent leur activité quotidienne. Les "au revoir, à plus" sont sous la forme de joyeuses embrassades.
Et comme on est à deux pas du bazaar, il suffit de suivre le flot des fidèles qui retournent travailler pour le trouver, le bazaar.
Enfin!! Je suis devant!! Je me rend compte alors que je ne l'avais pas trouvé la veille, non pas à cause de mon sens de la désorientation, mais à cause de la masse de gens qui y transite. La foule est tellement impressionnante que même une des entrées principales hautes de plusieurs mètres s'y dissimule aisément.
Moi, qui voulait y aller tranquille aujourd'hui, c'est raté, ça grouille littéralement. Moi qui avait comme référence en matière de densité de passants la rue de Rivoli ou la station Chatelet, je devine qu'il faut que je revois mon échelle de valeur.
Si tu parviens à faire quelques pas, c'est parce que les centaines de personnes autour ont aussi fait un pas. Résultat, c'est un joyeux bordel, sans compter les gens qui transportent des dizaines de kilos de marchandises sur des diables qu'il convient de ne pas faire attendre vu qu'ils déplacent un fardeau plus lourd et plus encombrant que votre serviteur pas lourd et pas encombrant.
Une fois "porté" à l'intérieur, c'est bienvenue chez Ali Baba. Les petites échoppes font au maximum 5 pas de long et toutes entassent des marchandises jusqu'à ce que ça déborde sur le passage supposé piéton, je me demande même comment font certains boutiquiers pour fermer le soir tellement c'est tassé, ils doivent avoir un chausse-pieds géant, c'est pas possible autrement. Cela dit, ça a beau semblé anarchique mais pour que tout tiennent dans le bazaar, et pour que personne ne se perde, tout est organisé selon un schéma très précis. Le bazaar est divisé en section selon le type de marchandises vendues : l'or, les tapis, les jeans, le cuir, les antiquités, les souvenirs, tout sauf la nourriture, il y a d'autres marchés pour ça.
J'ai donc tourné là-dedans jusqu'à plus soif ou plutôt l'inverse, la faim aussi, sachant que si tu n'as jamais ni faim ni soif ni sommeil, et que tu regardes chaque objet mis en vente, une vie n'y suffirait probablement pas.
Le mal aux jambes m'a aussi rattrappé, et il est sans vergogne celui-là.
Petite pause syndicale pour profiter d'une assiette anglaise turque.
Les forces reviennent, mais tout ce barouf a fini par m'avoir, il est temps de sortir s'oxygéner, d'autant plus que le bazaar est un endroit fumeur comme presque partout en Turquie.
Après l'effervescence, un peu de volupté ferait du bien (rien à voir avec le bar de la veille, j'ai dis volupté pas luxure).
Une des choses incontournables à faire quand on est ici, c'est le bain turc. On appelle aussi cela le hammam.
Mais pas n'importe quel hammam, autant que ça ait de la gueule, j'ai pas prévu de tourner en rond à Istanbul pendant 2 ans. Le Lonelyplanet (LP) indique deux endroits hors du commun assez similaires au niveau de la charge historique.
Le choix est cornélien mais un prospectus aperçu à l'hotel un peu plus tôt me fait me décider. Une journaliste du NY times a listé les 1000 endroits à voir avant de mourrir idiot, par exemple dans sa liste elle évoque un survol en mongolfière du Masaï Mara, ça fait rêver même si c'est pas près d'arriver.
Ce qui est près d'arriver en revanche est que dans sa liste se trouve un bain turc d'Istanbul.
(J'avais prévu d'écrire ce texte d'une traite et comme de par hasard, l'irlandais avec qui je traine à Selcuk est venu me chercher pour boire une bière rapide, résultat il est minuit et un litre et un narguile plus tard, je suis de retour, en voyage les journées ne font pas 30h et c'est dommage, demain c'est tête dans l'derrière vu qu'il faut que je finisse pour tes yeux avides et ma mémoire poreuse)
L'endroit est vieux de plus de 400 ans, c'est ce qu'on appelle une institution sauf que c'est pas donné pour le turc ou le parisien moyen vu que l'endroit de part son architecture est magnifique. Tout à l'intérieur est en marbre, ça semble même taillé dans un même bloc se qui est d'autant plus impressionnant que ça fait au moins 100 fois la taille de feu mon appart' à Faidherbe. Cameron Diaz y a ses habitudes quand elle passe sur Istanbul, pourquoi pas moi?
Je prends la formule massage + exfoliation + shampoing + lavage + rinçage, un luxe pour tout voyageur à sac à dos.
Le luxe c'est surtout que c'est pas moi qui vais me shampoïner, exfolier...
C'est un monsieur moustachu, bien trapu, avec des épaules dignes des déménageurs bretons.
Après une quinzaine de minutes que je passe à suer allongé sur une "table" en marbre (la table elle-même est plus grande que feu mon appart'), le moustachu arrive.
Et c'est parti pour un massage vigoureux, rien à voir avec Gérard Jugnot dans Les Bronzés mais quand même, je suis une brindille à côté de lui.
Sur le ventre, sur le dos, j'ai rien sous ma serviette détrampée, ça fait gloups quand il passe pas loin...
Le massage terminé, notre gaillard attrape un gant qui n'a rien du gant de toilette habituel. C'est tout sauf doux, ça arrache la peau, le poil, la moelle épinière...
Frotte donc toi avec de la paille de fer pour voir!
Toutes mes peaux mortes se font la malle.
Reste ensuite à notre moustachu à me donner un shampoing et à se saisir d'un gant plus doux pour un lavage mousseux.
En quelques secondes, je ne suis plus moi-même, je suis un bloc de mousse qui ne calcule plus rien jusqu'au rinçage qui s'effectue à grands renforts de seaux d'eau.
On y verrait presque plus clair après si mes lunettes avait l'option "enlevage de buée". Mais non, je suis propre comme un sou neuf mais je ne vois pas distinctement plus loin que mes pieds qui sont maladroitement fixés sur des tongs en bois pour éviter la glissade.
Ma "moustache" me fait alors comprendre que l'option presque-sultan est terminée et que je peux rester me prendre pour Cameron Diaz le temps que je veux. Cela dit après une heure de sudation intense et maintenant que je suis propre, je vais pas pourrir son travail en me re-crassant. Donc après m'être aspergé à loisir, il est temps d'y aller. Un thé pour se remettre d'aplomb, un bakchish pour la moustache et me voilà reparti.
Et j'ai beau être tout propre, je suis pas reposé du tout.
Tu comprendras alors aisément que j'ai pas fait long feu ce soir là. (pas comme ce soir...)
Direction l'hotel en repassant nécessairement devant Sainte-Sophie et la Mosquée Bleue, pas parce que c'est joli mais parce que c'est le chemin.
Et en plus, c'est joli, que demande le peuple?!!!!
En rentrant, nouvelle assiette de kebaberie et la volonté de me coucher tôt. Mais caramba, encore raté, j'ai aussi décidé d'écrire pour alimenter ce qui va devenir dans quelques lignes l'avant dernier article (comment je me suis disputé). Seulement comme chaque fois que j'écris, je ne sais pas faire court et qu'il y a toujours quelqu'un pour croire que je suis là depuis des mois et que je suis un guide de bonne compagnie potentiel, ça prend encore des proportions pas possible.
Alors que j'écrivais peinard au bar de l'hotel, une gamine turque d'une treizaine d'années s'assoit en face et crois pendant deux bonnes heures que je parles couramment la langue d'Ataturk. Elle tente en vain de me faire la conversation pendant près de 2 heures tandis que ses parents boivent des bières à 4 tables de là.
Et comme il a fallu que je finisse mon article pour tes beaux yeux, j'ai dû aller dormir vers 2h du mat'.
C'est mort pour la journée du lendemain, vu qu'il faut que je me lève avant 10h30, je sais d'avance que ça va être dur et qu'il va falloir que j'adapte le programme en conséquense.
D'après le LP, et ce qu'il décrit comme incoutournable ici, ne reste plus à faire que la croisière de quelques heures sur le Bosphore.
C'est effectivement ce qui c'est passé, le réveil a sonné sans difficultés à 10h15, et j'ai eu toutes les peines du monde à émerger.
Mais j'ai fait la croisière pendant laquelle j'étais assis à côté d'un couple d'irakiens en vacances dans le coin. Il faut dire que pour moi Istanbul est pas très reposant, mais pour eux, au moins ils ont la paix.
On papotte devant les monuments qui défilent au gré du courant, c'est sympathique d'autant que je suis français pas américain. Les américains que notre ami irakien voit rester dans son pays pendant au moins les 50 prochaines années. Ca promet...
Au cours de la ballade, on navigue d'abord sur le versant européen pour revenir par le versant asiatique, c'est pas tant que ça fait une différence question paysage, mais la symbolique est là, surtout pour le Braïce qui laissera Istanbul le lendemain pour s'aventurer enfin plus au-delà.
Mais c'est une toute autre histoire.
Je suis désolé s'il y a des fautes, ça va pas aller en s'arrangeant, j'ai pas parler français depuis une semaine.
Désolé aussi si le récit est confus, j'écris comme ça vient, sans relire car ça prend déjà des proportions temporelles à la limite du believable.
Si lire t'es devenu insupportable, t'as qu'à te rabattre sur les photos, l'album "Istanbul" est on line et is finished.
Et depuis peu, je t'invite à danser une valse frénétique, dans la boite "pages" à la rubrique "vidéos".
Enfin, merci pour les commentaires, ça fait chaud au coeur, d'autant que quand j'écris, il fait nuit, et quand il fait nuit ici, il fait frisquet.
PS : si tu écris un commentaire avec un pseudo difficilement identifiable (Roberto44), j'ai du mal à remettre, je m'en excuse platement, c'est d'autant plus bête que tu m'appelles "mon Braïce" et que ton commentaire me fais plié en deux, donc précise ton nom ou mets en pièce jointe ton arbre généalogique ou ta carte grise ou ta carte vitale, ou ta déclaration d'impot, enfin quelque chose quoi!!
PPS : S'il te plait de ralier des gens à la cause d'à fleur de terre, c'est pas moi que ça va gêner!!