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Sympathiquement renvoyé de la finance mondiale à faible responsabilité alors que la démission se profilait, très débrouillard mais pas très manuel, capable de gravir une montagne mais pas sportif, titulaire du permis de conduire sans savoir, vivez mes aventures baroques autour du monde!

Brice Retailleau, World Company, Bonjouuuuuur!

La grisaille a recouvert villes et campagnes,
On rentre en hâte les enfants qui jouent dans la rue,
Seule, au loin, l'enseigne du saloon se fait entendre, grinçante, ballottée dans un vent glacial,
Moi, j'ai froid dans mon T-shirt d'aoûtien,
C'est le monde du travail.

Tu sais, souviens-toi, l'espèce de passe-temps en vogue que tu as peut-être quitté à regrets cette été pour partir en satanées vacances quelques semaines.
Le truc dont on te dit que ça te fait manger, en omettant de te dire que ce qui te fait vraiment manger c'est du soleil, de la pluie, une graine et un peu de terre.
Ah bon j'idéalise; mais mettez-vous à ma place : Le monde tu travail et moi, on vient de rompre!
Et comme toute rupture, j'en ai gros sur la tomate.
D'autant qu'une relation comme celle-là, ça ne se remplace pas en un coup de tampon.
Même en deux cents coups de tampons, tu peux y aller, dans mon business, on a de l'entraînement pour ces choses là.
Enfin, je dis « mon business »...
Ouuiiiiiinnnnnnnn!! (pleurs.)
Qu'est-ce que je vais faire de mon corps maintenant? Dans quel état j'erre?
Quoi pour rythmer mon quotidien si finement réglé qu'on pouvait l'anticiper à 99% plusieurs jours à l'avance? Qui pour me dire quand il est midi pile pour aller déjeuner?
A quoi bon attendre 17h20, heure de la sortie des bureaux, maintenant que la rupture est consommée?

Je suis déboussolé...

Chaque matin, par instinct, je continue machinalement à me réveiller à 8h, prendre une douche, me raser les dents, mettre mes souliers vernis et ma chemise repassée la veille et quand, sur le pas de la porte, je me rend compte de mon erreur, les sanglots m'emmènent si loin dans l'Emotion qu'il m'est physiquement impossible de me recoucher.
Ca commence à être fatiguant à la longue tous les matins pendant deux semaines...
C'est comme ça, je vis dans le déni.
Le midi, comme je suis pressé d'aller dormir pour une sieste salutaire puisque m'étant tué à la tache toute la matinée et qu'aucun Sodexho du quartier n'accepte de me nourrir, je tombe du sommeil du juste, dans une sieste calibrée au millimètre, le réveil toujours à portée pour être super d‘attaque à 13h.
Je ne me rends en général compte de ma méprise que lorsque je suis réveillé par la boulangère d'à côté, entre les croissants et les quiches lorraines. Et merde... Tu ne travailles plus, c'est vrai...
L'après-midi, rien n'a changé.
Je prends des feuilles de papier que j'agrafe avec frénésie, frustré de ne pas avoir avec moi une armée de tampons encreurs, je gomme, je souligne, je passe des coups de téléphone à mes collègues imaginaires pour avoir les cours du jour. J'ai consommé quatre boites de trombones en quinze jours.
 Et lorsque sonne 17h20, je dis au revoir à tout ce petit monde...
Juqu'au lendemain...
Jusqu'à ce que la nostalgie reviennent au galop, sans pitié pour mon état dépressifo-pas-dans-mon-assiette, ne laissant de moi, au petit matin, qu'un corps vidé de larmes.

C'est que notre relation a durée sept longues années.

Sept ans de joies, de peines, un couple à durée indéterminée en somme.

Les premiers contacts eurent cours au mois d'août 2001, mois où le Braïce est parfaitement épanoui, et où en confiance, il est aussi à la merci du danger...
Chaperonné par l'ANPE entremetteuse, le premier rendez-vous ne fut que politesse et courtoisie...
Mr Bredoncin, Directeur des ressources humaines, a besoin de quelqu'un comme moi.
Expérimenté, positif, actif.

En petits caractères invisibles en bas du contrat, ça donne :
Inexpérimenté, docile, si tu peux voir la vie avec des œillères c'est un plus.

Quoi qu'il en soit, je ne me suis pas méfié que l'entretien n'ait pas lieu à une terrasse ou dans un square, que nous étions dans une petite pièce lugubre si elle n'était pas éclairée par un régiment complet de longs néons blancs émettant une lumière probablement déconseillée aux rétines d'enfants de moins de huit ans.
Me comportant tel le gendre idéal, Mr Bredoncin, tout en demande qu'il était n'a pu se détourner de cette chair fraîche qui s'offrait là.
Une poignée de main molle scellait ainsi notre union.
L'idylle pouvait commencer.
Les bases étaient saines, l'ambiance, studieuse et bon enfant.

Encadré, recadré par Gérurd, je découvre : les temps forts et les temps faibles.
Les deux premiers jours, il me laisse le droit de compter de l'argent. Quoi d'autre pendant deux jours?
Rien j'vous dis! Deux jours!!!!
Les œillères, vite, les œillères!!!
Ou alors, une pause, une rapide, il suffit de suivre le flot des buveurs de café.
Le premier jour, j'y rencontre un nouveau collège, Mr Qautier, qui dans un tutoiement pas systématique avec les autres collègues entreprend de me dire, « mais qu'est-ce que tu fais là, t'as dû te gourer parce qu'ici c'est pas possible; moi je me barre le plus tôt possible ».
Force est de constater qu'il est parvenu à ses fins puisque licencié peu après.

Cela dit, l'ambiance dans l'open-espace est assez décontracté.
De nombreux jeunes libres dans leur tête ont été embauchés à la même époque, donc les déjeuners s'organisent dans les parcs alentours. Les sandwichs se grignotent, le soleil est fréquent et nous, on rit.
On rit notamment avec Rico, on rit tellement qu'on part, rejoints de l'ami Ridfon au Brésil puis, deux ans après, en Argentine notre sac à dos, bah sur le dos...
Rico qui s'est récemment fait attaqué par une cigogne, je sais pas si c'est avec des roses ou avec des chous; Rico qui comme Mr Qautier est parti bien vite (NDLR : bien trop tôt!!) rejoindre d'autres cieux, licencié des familles, conscient lui aussi de la vacuité du travail bancaire.
En ces temps anciens, même la « partie » travail est plaisante.
Mme Hénuin, quinquagénaire japonaise fan de rock des années 70, gère la boutique.
Juste en dessous, un autre Gérurd grommelle à son bureau en permanence.
Force est de constaté encore que lui aussi est parti, à la retraite, au Brésil... Tu comprends mieux le grommèlement quand il est à son bureau.
Farie-Mrance colmate les brèches.
Son hymne personnel résonne encore à mes oreilles; de plus en plus fréquemment au fil des ans et à juste titre :
« J'ai jamais vu ça », concernant l'organisation en général ET en particulier de la vie au sein de cette mère nourricière qu'incarne la Banque.
Tout le monde a donc ses griefs mais la situation est sous contrôle.
Je vais au travail avec un aussi grand plaisir que faire se peut, j'apprends des choses tous les jours enfin presque. J'apprend tellement et suis si efficace et souriant la plupart du temps que je suis officiellement moi aussi un colmateur de brèches. Mme Hénuin prononce mon prénom une cinquantaine de fois par jour avec à chaque fois ou presque une tache différente à accomplir.
Elle ne fatigue jamais; moi, parfois.
Mais, après tout, c'est pas trop grave, on sort à 17h20, c'est encore assez tôt pour que la journée commence.

Les mois passent, les années s'enfilent comme des perles.
L'été, le printemps, l'automne, l'hiver; plusieurs fois comme ça.
Les déserteurs auront tôt fait de foutre le camp, pour la motivation, un peu de patience ça vient...


Si tu as hâte d'avoir affaire à des récit de voyage, dits-toi bien que moi aussi.
En attendant, j'fais avec c'que j'ai!

Pour ce qui est des préparatifs, tu veux en savoir plus, sers-toi de la patience mentionnée plus haut.


PS : Toute ressemblance avec des personnes existantes est bien sûr synonyme de coïncidence fortuite. De toute façon, si tu t'appelles Gérurd...







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S
Salut !! bon, avec tout ça c'est quand que tu pars ? ben oui j'ai déjà oublié.. bref, deux petites remarques : tu passes pas par l'Argentine, j'imagine que ce sera pour un prochain voyage.... parce que question féérie andine y'a aussi.. bref.. et puis peut-être ça serait plus pratique de mettre une rubrique pour tes articles récents.. ça évite de chercher par catégorie, ou dans les archives...<br /> voilou, je vois que c'est pas stressé l'ambiance.. bons préparatifs, et bon voyage !!
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